Réorganisation du calendrier : la F1 affronte un casse-tête logistique
Il faut combiner des injonctions contradictoires
Si la F1 pollue, ce n’est pas du tout raison du roulage des voitures elles-mêmes sur la piste, loin de là. C’est bien la logistique qui représente presque la moitié du total des émissions de CO2 par le sport (voir notre article).
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2030, l’objectif de la F1, on comprend donc que la réorganisation du calendrier est un élément décisif. Il s’agirait notamment de régionaliser les courses, afin d’éviter de trop longs voyages ou des trajets logistiques absurdes.
La FOM s’y emploie et a déjà annoncé un calendrier en partie régionalisé pour l’an prochain. Mais l’objectif de réduire les émissions est aussi contradictoire avec un calendrier comportant un nombre de courses record, soit 24 Grands Prix.
De plus, deux tiers des courses se passent désormais loin des bases européennes de la F1. Notamment aux États-Unis avec les Grands Prix à Miami ou Las Vegas.
Et la FOM doit aussi faire avec les contrats en place ou la météo. C’est ainsi que l’an prochain, le Grand Prix au Canada, à Montréal, s’intercalera au beau milieu de la saison européenne. Parce qu’il n’est pas question de courir au Canada en automne ou à la fin de l’hiver…
De ces limites, Günther Steiner, chez Haas, en est bien conscient. C’est pourquoi il ne blâme pas Stefano Domenicali pour un calendrier 2024 encore imparfaitement régionalisé.
« La F1 doit être plus consciente de la nécessité de ne pas faire des allers-retours tout le temps. Mais il y a quelques courses où nous ne pouvons pas l’éviter… parce qu’il y a évidemment des contrats de longue durée en place en ce moment. »
« Il faudra du temps pour parvenir à une véritable régionalisation. La FOM y travaille pour rendre le calendrier encore meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui. »
La F1 face à des injonctions contradictoires
La responsable de l’environnement, du social et de la gouvernance de la F1, Ellen Jones, est la figure centrale à la manœuvre pour réorganiser le calendrier.
Elle doit faire face à un véritable casse-tête, mais a des priorités claires en tête.
« La première question est la distance parcourue, la deuxième est le mode [de transport] et la troisième est la quantité de matériel transporté. »
« Nous devons répondre à ces trois questions. »
« On se demande aussi si le fret peut être transporté par fret maritime ? Peut-il passer dans un hub régional ? »
« Du point de vue du calendrier, nous comprenons parfaitement que la rationalisation est un objectif clé et c’est un objectif pour lequel Stefano, notre PDG, a plaidé. »
Et que peut répondre Ellen Jones aux promoteurs qui veulent absolument garder leurs dates, notamment pour des raisons commerciales ?
« C’est aussi un partenariat avec nos promoteurs. Lorsque vous avez un calendrier et une date, cela peut être un sujet très émotionnel : c’est un jour férié, ça a toujours été comme ça...". Mais nous devons les emmener avec nous sur ce chemin du changement afin d’organiser des événements plus durables, de réduire notre empreinte carbone et d’équilibrer toutes ces variables. »
Les courses consécutives, une solution pour économiser des trajets ?
Une autre solution à trouver, mais épuisante pour le personnel F1, serait d’accumuler des courses sans pause entre elles. Ainsi le personnel comme le fret n’auraient pas à faire un aller-retour sur les bases européennes...
Günther Steiner avance entre les lignes cette hypothèse.
« Le plus important, c’est que le matériel pourrait aller directement sur la prochaine base, c’est un vol plus court. Certains membres de l’équipe, l’équipe de montage… je ne pense pas qu’ils prennent l’avion pour rentrer parce qu’ils doivent être là le samedi, le dimanche, la semaine suivante. »
Une solution qui ravirait sans aucun doute le personnel F1…
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