Pourquoi la F1 a besoin d’Audi, mais pas du Monaco F1 Racing Team Project

Un état des lieux des nouveaux entrants potentiels

Par Alexandre C.

10 février 2021 - 18:23
Pourquoi la F1 a besoin d'Audi,

Stefano Domenicali l’avait clamé dans une interview récente, et les récents bruits de couloir lui donnent raison : oui, la F1 demeure attractive, et plus encore avec l’arrivée des budgets plafonnés, qui représentent la promesse d’être plus compétitif à moindres frais – sans compter la nouvelle règlementation moteur qui pourrait attirer de nouveaux motoristes.

En l’espace de quelques jours, la rumeur Audi a ainsi gagné en consistance, étayée par Auto Motor und Sport. Que ce soit comme équipe d’usine ou partenaire moteur de Red Bull (en remplacement de Honda), la marque allemande pourrait peut-être faire le grand saut en 2025, pour le nouveau règlement moteur.

Dans le même temps, un mystérieux projet, Monaco F1 Racing Team Project, a officiellement manifesté son intérêt pour devenir la 11e équipe du sport.

Mais ces deux projets sont loin de se valoir sur le papier et en l’état des connaissances actuelles, on peut se dire que si la F1 a besoin d’Audi, elle n’a pas besoin, et aucunement, du projet monégasque.

La F1 a besoin d’Audi…

Oui, la F1 a d’abord besoin d’Audi. Parce que c’est bien sûr l’occasion d’attirer un grand constructeur en F1, un grand motoriste, qui a brillé en endurance, qui a brillé en Formule E, et qui ajouterait forcément du prestige et de la valeur à la discipline.

La F1 a d’autant plus besoin d’Audi pour compenser le départ de Honda, et pour éviter de se retrouver à 3 motoristes seulement. Cela permettrait aussi de sécuriser l’avenir de l’équipe Red Bull en F1 (et donc d’AlphaTauri), ainsi que d’avaliser le sérieux et la pertinence de la nouvelle règlementation moteur pour 2025-2026.

Si Audi arrive comme motoriste, cela procurera un autre avantage à la F1 existante : les équipes actuelles éviteront ainsi de voir se diluer leurs revenus et primes TV, et gagneront ainsi en solidité financière.

Cependant, la FOM devrait poser quelques garanties à l’arrivée d’Audi, notamment pour éviter un départ précipité. Car que ce soit en WEC ou en Formule E, le constructeur a eu la fâcheuse tendance de plier bagage du jour au lendemain. Garantir qu’Audi soit présente dans le sport pendant un certain nombre d’années, apparaîtrait donc comme une précaution raisonnable.

… mais pas du nouveau projet de Gandolfo ou de Panthera

Il n’en demeure pas moins que l’arrivée d’Audi serait une très bonne nouvelle pour la F1.

Mais que dire du projet d’une équipe basée à Monaco ? La F1 a-t-elle besoin, dans le même temps, de l’arrivée d’une nouvelle petite structure de plus, aux fondements incertains ? C’est beaucoup moins sûr.

C’est le financier Salvadore Gandolfo qui vient, il y a quelques jours, de dévoiler l’existence du projet Monaco… Et tout inquiète dans ce projet.

Il y a tout d’abord le passé de Gandolfo. Il avait été associé au projet Campos F1. Un manque de garanties financières (et pas la crise du coronavirus, qui n’a fait qu’empirer, mais non créer, les difficultés) a conduit à l’abandon de ce projet. Gandolfo est parti, et le projet Campos est devenu le Projet Panthera Asia, aujourd’hui mené par Benjamin Durand. Quoi qu’il en soit, Gandolfo n’a déjà pas rassuré par son sérieux financier : de quoi inspirer peu de confiance à Stefano Domenicali. Accueillir le projet Monaco les bras ouverts, ce serait ainsi prendre le risque d’accueillir un projet instable financièrement, comme HRT ou Virgin par le passé.

Le timing de l’annonce de Gandolfo est également étrange. Son intervention arrive deux jours après que Stefano Domenicali a assuré que la prime anti-dilution de la F1 n’aurait rien d’automatique. Cette prime consiste en un ticket d’entrée de 200 million de dollars : une nouvelle équipe devrait payer cette énorme somme, afin de compenser la perte de revenus pour les autres équipes. Car les droits TV seraient automatiquement réduits de 9 % en moyenne pour chaque équipe (la FOM octroyant des revenus désormais aux 11 équipes et non aux 10 premières comme par le passé).

Comme par magie, Gandolfo s’est donc exprimé deux jours après Stefano Domenicali. Une manière de lui mettre la pression sur cette prime : « Nous pensons que les récentes déclarations du nouveau PDG de la F1, Stefano Domenicali, qui suggère que les [200 millions de dollars] de frais d’inscription pour les nouvelles équipes pourraient être supprimés, représentent un pas en avant dans la bonne direction. Nous apprécions l’attitude ouverte de Stefano et de la FIA et sommes prêts à prendre les mesures nécessaires pour que notre demande soit finalisée. »

Pourquoi donc Gandolfo n’a-t-il pas parlé à Stefano Domenicali directement, sans passer par la presse ? Est-ce pour lui mettre la pression publiquement ? Ou bien, ce qui serait plus inquiétant, parce qu’il n’existe aucun canal de communication officiel entre la FOM et le projet Monaco, tant l’initiative serait trop peu sérieuse ?

Accuellir le projet Monaco serait enfin prendre un troisième risque : affaiblir les équipes existantes. Comment Haas et Williams survivraient-elles à une diminution de 9 % de droits TV, même avec la prime anti-dilution, à moyen terme ? La F1 a déjà son lot de petites structures fragiles : pourquoi donc en accueillir une autre…

Ce qui vaut pour le projet Monaco vaut d’ailleurs pour le projet Panthera, qui ne serait pas totalement enterré. Mais Panthera rechercherait désormais à investir dans une équipe existante (Haas ?) ce qui aurait au moins pour avantage de ne pas diluer les primes.

D’ailleurs Benjamin Durand a lui aussi fait une sortie similaire à celle de Gandolfo il y a quelques jours : « Nous nous réjouissons des commentaires de Stefano, mais nous devons comprendre dans quelles circonstances la prime d’entrée pourrait être supprimée. Nous étudions actuellement d’autres options, notamment des investissements dans des équipes existantes. Cela pourrait changer cela. »

En somme la question est de savoir sous quelles conditions une équipe n’aurait pas à payer les 200 millions de prime anti-dilution. Quels sont les critères ? Etre un grand constructeur ? Un motoriste ? Est-ce à la tête du client sur le sérieux du projet ? Nul doute que Gandolfo et Durand se posent aussi la question. Mais ce qui est clair, en l’absence d’autres informations, c’est qu’à choisir, mieux vaut ouvrir les portes à un constructeur historique et mondialement reconnu, qu’à un projet nébuleux…

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