Pourquoi Alfa Romeo F1 a ’beaucoup travaillé’ sur l’arrière de la C43
Monchaux explique le défi technique qu’elle représente
Alfa Romeo F1 a présenté sa C43 ce matin, lors d’une conférence de presse à laquelle a participé Jan Monchaux, le directeur technique de l’équipe. Il a révélé quand avait débuté le projet de la toute nouvelle monoplace, à la partie arrière drastiquement revue.
"Le projet a commencé quelques semaines après avoir lancé la saison 2022, en commençant par la stratégie. On a d’abord établi le potentiel qu’on pouvait débloquer de la voiture, et sur l’arrière de la voiture" a expliqué l’ingénieur.
"On voulait être suffisamment courageux pour passer à l’étape suivante sur la partie arrière de la voiture avec des solutions que nous ne pouvions pas utiliser l’année dernière à cause de la conception de la voiture précédente."
"Et nous avons eu des problèmes de fiabilité. Nous avons travaillé sur les processus pour régler ce problème car nous étions d’habitude très bons sur cela, mais nous avons fait un pas en arrière donc c’était un des plus grands points."
Une bataille entre six ou sept équipes ?
Monchaux aimerait voir un peloton encore plus serré que l’année dernière, mais il admet qu’il est impossible de dire pour le moment où chacun se trouvera. Une lutte plus intense serait plus stressante, mais évidemment meilleure pour le public.
"Je m’attends à ce que le peloton soit plus serré grâce aux règles sur les dépenses et les limites de tests. J’espère et je pense que le peloton sera plus resserré, mais c’est de la spéculation. Certaines équipes, on espère que ce sera notre cas, auront fait un meilleur travail cet hiver et auront fait un plus grand pas en avant."
"J’espère, surtout pour les fans, qu’il y aura une grosse bataille entre six ou sept équipes. Je m’attends à ce que cette saison, on ait davantage de cheveux blancs !"
"Je trouve la voiture bien née, elle semble méchante, pas seulement les formes, mais aussi la nouvelle livrée qui lui donne un autre niveau de méchanceté. Je trouve la voiture plutôt sexy, mais nous devrons voir si elle sera assez rapide."
"On a de grands espoirs de nous battre pour de meilleures positions. Nous devons être patients car nous aurons du travail lors des essais pour préparer les premières courses. Cette semaine, nous irons à Barcelone, puis il y aura les tests de Bahreïn, et l’équipe et moi avons beaucoup de choses à valider."
La partie arrière et le plancher en priorité
L’ingénieur franco-allemand détaille les évolutions de la C43 par rapport à sa devancière, et pourquoi il fallait attendre une toute nouvelle monoplace pour faire changer drastiquement cette partie de la voiture.
"Nous avons décidé de changer l’arrière et les suspensions, ainsi que la boîte de vitesses, ce qui permet de faire des changements et de travailler la carrosserie, ce qui n’était pas possible l’an dernier."
"Nous avions atteint une sorte de plateau, et pour gagner en performance, il fallait tout refaire, et avec les nouvelles règles du plancher, nous avons fait beaucoup de travail sur l’arrière, tandis que l’avant sera développé au fil de la saison."
Cela a permis de régler quelques problèmes : "Nous avons vu les évolutions de la voiture et nous avons dû reconnaître qu’il existait de meilleures solutions pour rediriger l’air vers l’arrière. Mais avec les choix que nous avions faits, nous étions coincés."
"Nous avons fait en sorte d’avoir un refroidissement différent, et ça ouvre des portes sur la manière dont nous plaçons la carrosserie, et comment l’air chaud circule depuis les radiateurs. Ce n’est pas une révolution, mais ce n’est pas quelque chose que nous aurions pu faire sans de changements majeurs."
"On a aussi pu travailler sur les faiblesses que nous avions sur le plan aéro, ce qui était à haute vitesse, et ça a grandement progressé grâce à ce nouveau potentiel libéré par la carrosserie et la nouvelle façon de faire circuler l’air avec le plancher."
"Pour la fiabilité, la voiture n’a pas encore roulé donc elle est parfaite ! Nous avons beaucoup de travail pour revoir nos processus, y compris sur le refroidissement. Je touche du bois mais je suis confiant quant au fait que nous avons laissé ces problèmes derrière nous."
Pourquoi l’aileron avant évolue peu
L’aileron avant et le museau de la voiture ont peu évolué sur cette C43. Monchaux admet que le team n’a que très peu travaillé dessus, après l’avoir fait évoluer en fin de saison 2022. Il explique aussi que sur ces monoplaces, il est difficile d’avoir un réel gain de performance en modifiant cette partie.
"Nous avons développé jusque tard dans la saison l’an dernier, avec un nouvel aileron à Suzuka. C’est plus difficile en matière de développement dans le monde numérique et en soufflerie. Le retour sur investissement est plus petit."
"Tant que nous ne sommes pas premiers sur les feuilles de temps, nous avons des progrès à faire. Mais nous avons aussi un budget, des ressources limitées, et il faut se demander où l’on investit ces ressources."
"Je préfère faire cela proprement plutôt que travailler sur plusieurs concepts, dont certains seront abandonnés, qui n’apporteront que des gains marginaux. Ne vous inquiétez pas, on va travailler sur l’aileron avant, un changement significatif a été présenté, mais c’est une zone dans laquelle nous sommes plus en difficulté pour gagner de la performance, à cause des restrictions."
"Quand on voit ce qui a été fait l’an dernier sur la grille, on voit que les gens travaillent davantage sur le plancher et l’arrière que sur l’avant, car il est plus difficile de gagner en performance avec cette partie de la voiture."
Un gain en performance par rapport aux F1 2022 ?
La question lui a été posée d’un potentiel gain en performance, et le directeur technique est resté évasif. Néanmoins, il précise que la perte de performance induite par les modifications du règlement devrait être facile à compenser pour les équipes.
"Je ne vais pas vous dire cela. Le changement de règles coûte environ une demi-seconde, et je n’ai aucun doute quant au fait que la plupart des teams auront compensé cela. Il s’agira de voir de combien on progresse, au début de la saison, mais de manière plus importante, au fil de l’année."
"Nous avons bien commencé l’an dernier, mais il faut apporter de la performance. C’est une saison de 23 courses, et l’on a appris l’an dernier que la saison n’est jamais terminée avant le dernier tour. C’est dans le dernier tour qu’on avait validé la sixième place en terminant une demi-seconde devant [Sebastian] Vettel."
"Nous avons eu des hauts et des bas, mais nous ne devons pas lâcher. Peut-être que ce sera bien, peut-être que nous serons déçus, mais ce n’est pas grave, nous ne devrons pas abandonner, et continuer à travailler pour revenir dans la partie haute du peloton."
L’ombre du marsouinage plane encore un peu
Après la mauvaise surprise de l’apparition du marsouinage l’an dernier, la FIA avait fait évoluer le règlement pour éviter que cela ne se reproduise. Monchaux confirme que le phénomène devrait être absent cette année, ou apparaître à une vitesse bien plus élevée que l’an dernier, et donc ne pas apparaître souvent.
"Je n’espère pas ! Nous n’avons que trois jours d’essais et si nous étions dans une situation similaire à celle de l’an dernier, ce serait un cauchemar. Nous n’avons que trois jours de tests et si nous devions passer une journée ou une journée et demie dans le garage, le début de saison serait menacé."
"Les espoirs sont élevés avec ce qu’a dit la FIA et avec les mesures que nous avons. On espère que le sujet sera repoussé, car on ne peut pas s’en débarrasser réellement. On espère que ce sera repoussé au maximum, au point de ne pas l’avoir."
Il explique également que les modifications du Règlement Technique 2023 de la F1 ont été décidées tardivement, ce qui n’est pas idéale pour les équipes de Formule 1, et en particulier pour les petites structures.
"Nous avons été irrités par le timing, car ça a été décidé tardivement, ce qui avantage souvent les grosses équipes. La FIA a décidé de rehausser le plancher de quelques millimètres, mais c’était suffisant pour que l’on doive se creuser, mais je suis heureux des progrès que nous avons faits."
Interrogé sur le nombre d’heures de développement pour cette C43, il a plaisanté : "Si vous demandez à ma femme, beaucoup trop, si vous me demandez, pas assez ! On ne compte pas, c’est notre passion, et c’est un concept auquel peu d’entre nous adhérons."
"On a beaucoup travaillé et c’est ce qui compte. L’important est que l’équipe a donné son meilleur, et c’est important de ne pas avoir de regrets, c’est comme ça que fonctionne l’équipe et je suis très heureux."
De la corrélation et des tests chargés
Alfa Romeo F1 effectuera son shakedown en fin de semaine à Barcelone. On ne sait pas encore si ce sera avec cette livrée ou avec celle de l’Art Car présentée la semaine dernière, mais le directeur technique a détaillé le programme de ce premier roulage, puis des essais hivernaux de Bahreïn.
"Facile ne veut pas dire lent. Pour les gens à l’usine, ça ira très vite. Ces tests sont fondamentaux, la voiture est développée virtuellement et le shakedown est la première grosse étape pour s’assurer que tout le refroidissement, l’électronique fonctionne, et c’est un cauchemar pour les gens à l’usine."
"C’est la première étape à valider, pour voir si les mesures sont en accord avec nos simulations. Et ensuite, nous irons à Bahreïn, où ce sera mieux, et il faudra découvrir les nouveaux pneus de Pirelli, avec du travail sur les tours rapides mais aussi les longs relais, pour voir comment les pneus se comportent."
"Nous espérons ne pas avoir de problèmes de fiabilité, pour que dès que le feu passe au vert, nous soyons en piste. Nous devons maximiser le kilométrage, ce qui est essentiel pour avoir de la fiabilité."
Un défi moins amusant mais moins stressant
Monchaux a aussi été questionné sur le type de travail qu’il préfère effectuer, entre celui depuis une feuille blanche comme l’an dernier, ou le développement d’évolutions. Si son côté créatif est un grand fan des nouveaux projets, il admet que la pression n’est pas la même.
"En tant que petite équipe, nous aimons repartir de zéro. Nous avons montré l’an dernier qu’en partant d’une feuille blanche, avec des ressources limitées, nous avons réussi de belles choses."
"Mais bien que ce soit ce que nous préférons, pour votre tension et votre niveau de stress, ce n’est pas le meilleur. Il y a beaucoup d’inconnues, on veut savoir ce qu’ont fait nos concurrents et on s’inquiète d’avoir pris une mauvaise direction."
"Si je le pouvais, j’aimerais repartir de zéro régulièrement. Mais bien sûr, sur le plan financier, et encore une fois pour ma tension et ma santé, ce ne serait pas une bonne chose, c’est bien toutes les trois ou quatre années."
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