Pour tenir son budget, Mercedes F1 va-t-elle moins payer ses employés ?

Une solution... antisociale

Par Alexandre C.

2 juin 2022 - 18:10
Pour tenir son budget, Mercedes F1 (...)

En rythme annualisé, en avril, l’inflation s’est élevée à 9 %, un record depuis de longues années, au Royaume-Uni.

Cette donnée donne le tournis à Toto Wolff : Mercedes était déjà à la limite des budgets plafonnés (140 millions de dollars) en 2022 ; en termes réels, l’équation est encore plus rude à tenir.

A l’image de Red Bull, Ferrari ou McLaren, Toto Wolff demande ainsi à la FIA et la FOM de se saisir du sujet. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, c’est le sens de sa demande aujourd’hui.

« Le plafonnement des coûts a été introduit dans un but précis : permettre aux petites équipes de dépenser le même montant que les grandes, et les grandes ne devraient pas négocier chaque année pour relever le plafond des coûts, » nous confie l’Autrichien.

« Mais nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle dans la mesure où l’inflation réelle est actuellement supérieure à 7 %. Nos prix de l’énergie à Brackley ont triplé, nos coûts de transport ont triplé et nous parlons de millions à un chiffre. »

« C’est quelque chose qui doit être pris en considération parce que nous voulons éviter en toutes circonstances de réorganiser, de restructurer à nouveau les grandes équipes et d’une manière qui serait vraiment dommageable pour nous en tant qu’équipe et pour l’industrie. »

« Il s’agit d’une situation de force majeure. La guerre qui fait rage en Ukraine et les conséquences qu’elle a eues sur les prix de l’énergie sont des événements que personne n’aurait pu prévoir. »

« À cet égard, il doit y avoir une sorte de compromis entre les équipes qui sont contre cet ajustement inflationniste et les équipes qui sont pour. »

Limiter les salaires ? L’option qui arrive sur la table…

Toto Wolff lance même déjà une menace à peine voilée à la FIA... mais aussi à ses employés. En cas de force majeure, Mercedes pourrait moins payer, voire geler, les salaires de ses employés. Ou ne pas les augmenter en suivant le rythme de l’inflation.

Ce serait un coup social rude... mais nécessaire à Mercedes pour apporter des évolutions ?

« Ce n’est pas que nous voulons générer plus de profits, c’est littéralement permettre aux gens de voir leurs salaires compenser l’extraordinaire inflation qu’ils subissent. »

« Le pire pour ce sport, c’est d’avoir une position obstinée qui fait que certaines des petites équipes pensent que nous sommes les gros qui essaient d’obtenir un avantage. »

« Et je peux vous dire, de ma position de propriétaire d’équipe, que je ne veux pas lever le plafond juste pour avoir des coûts qui augmentent sans cesse et qui dépassent le concept initial. »

« Mais je veux augmenter le plafond pour que mes employés soient bien payés, surtout dans des circonstances aussi difficiles. »

En 2018, Nextgen-Auto, dans une interview avec Cyril Abiteboul, évoquait déjà cette hypothèse de baisse de salaires.

Voici ce que le directeur de Renault nous avait répondu : « C’est une très bonne question, mais ce n’est pas quelque chose que l’on imagine, parce que le problème, c’est qu’il va y avoir surtout une course aux talents. Et s’ils sont payés 20 % de moins que dans l’écurie d’à côté, ils iront dans l’écurie d’à côté. Donc on se tient tous d’une certaine façon par la barbichette, on est tous obligés, de la même façon, à être compétitifs, comme partout ailleurs. »

« En revanche, on se pose des questions pour savoir comment être plus attractif en tant qu’employeur. Il y a le salaire, mais si ça ne passe que par cela, il y aura le budget cap. Donc cela passe par tout le reste. On essaie de se mobiliser sur ce genre de sujets. »

Mais à l’époque bien sûr, l’inflation n’approchait pas les 10 %...

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