Pour l’ex-responsable de Cosworth, la F1 n’est plus si pertinente pour les motoristes
La F1 menacée dans son existence ?
Le choc du départ de Honda place la F1 face à une situation périlleuse : il n’y aura plus que trois motoristes dans la discipline (Ferrari, Renault, Mercedes) ; et d’ici l’arrivée des nouveaux moteurs, vers 2026, aucun motoriste nouveau ne pointe à l’horizon.
Confrontée à la montée de la Formule E, au surgissement de l’hydrogène, la F1 se retrouve ainsi à un tournant pour son avenir.
Mark Gallagher, qui en tant que dirigeant de Cosworth connaît intimement la question des moteurs, a ainsi résumé le dilemme de la discipline à Reuters : pour lui, la F1 est bien confrontée à un risque existentiel.
« La Formule 1 risque aujourd’hui de perdre un peu de sa pertinence pour les constructeurs automobiles, et en particulier pour les constructeurs qui ne sont pas encore investis dans ce sport, car le monde des véhicules évolue beaucoup plus vite qu’on ne le pensait il y a cinq ans. »
« Je pense que le départ de Honda, bien qu’il soit choquant, est tout à fait conforme à ce que nous voyons se produire dans le monde entier. Pour la Formule 1, cela pose des questions assez fondamentales sur ce qu’ils vont faire au cours des trois ou quatre prochaines années. »
En comparaison de la F1, la Formule E semble en pleine dynamique : Porsche, Audi, BMW, Mercedes, PSA se sont engagés dans la discipline... Le fondateur et promoteur de la série, Alejandro Agag, s’est réjoui de cette tendance positive que la crise du coronavirus, loin d’infléchir, accélère bien au contraire.
Pour Gallagher, il est clair qu’Agag a raison : la Formule E a un avenir brillant.
« Des choses comme la pandémie de COVID ont en fait accéléré ce processus parce que l’ensemble du monde des affaires parle du fait que la planète post-COVID devrait être plus verte. »
« La Formule 1 se trouve dans une position légèrement peu enviable, celle d’être mariée à des technologies basées sur les combustibles fossiles, à un moment où le reste du monde évolue dans une direction différente. »
Cyril Abiteboul, chez Renault-Alpine, est bien conscient de ce danger existentiel. La F1 doit ainsi gagner non seulement la bataille de la technologie, mais de la " perception " et de la communication selon lui.
« La technologie n’est bonne que si vous parvenez aussi à faire passer votre message et c’est ce que nous ne parvenons pas à faire. »
« Je crains que lorsque vous perdez une bataille de perception, il soit très difficile de renverser la situation. Il se peut que nous devions accepter de s’éloigner assez de la situation actuelle, par rapport au moteur/groupe motopropulseur que nous avons aujourd’hui, pour pouvoir également réinitialiser la perception de ce que nous faisons. »
Rendre la F1 plus durable tout en baissant les coûts faramineux du sport (par rapport à la Formule E) : telle doit être la priorité de Stefano Domenicali à la tête de la F1, pour Cyril Abiteboul.
« Stefano Domenicali a ce sujet à traiter avec la plus grande priorité, c’est sûr. »
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