Ni démission, ni remplacement : Wolff se voit comme le meilleur patron de Mercedes F1
Il ne va licencier personne chez Mercedes F1 pour ‘non-performance’
Qui est responsable de la chute de performances de Mercedes depuis deux années ? Y a-t-il des coupables précis à blâmer ? Des personnes à renvoyer ?
Ces questions-là, Toto Wolff ne se les pose pas. Et encore moins en public.
Le patron de Mercedes a en effet instauré une ‘no-blame culture’ à Brackley, une culture où l’on ne pointe la responsabilité de personne, où le management se veut plus bienveillant que terrifiant.
Chez McLaren sous l’époque Ron Dennis par exemple, cela était loin d’être le cas. Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, a mis fin à ces pratiques. De même, Otmar Szafnauer, durant sa période comme directeur d’écurie chez Alpine, avait aussi mis en place un pareil changement managérial (voir notre article).
Cette culture de la non-culpabilisation est cependant mise à l’épreuve chez Mercedes, dans ces années de difficultés : comment donc ne pas céder à la tentation de désigner un coupable ? Toto Wolff répond.
« Nous blâmons le problème et non la personne. Nous sommes un environnement sûr, personne n’a été licencié pour cause de non-performance. Nous trouvons toujours des solutions. »
« Si un département de l’équipe n’est pas performant, c’est ma faute. C’est que je n’ai pas fourni le bon cadre ou que je n’ai pas embauché des bonnes personnes. Cela n’a pas de sens de blâmer quelqu’un qui ne performe pas assez bien, car tout le monde fait de son mieux. C’est l’état d’esprit que nous avons dans l’organisation. C’est pourquoi nous nous en sommes tenus à cette ‘no-blame culture’, et j’en suis très fier. »
Toto Wolff endosse donc une grande partie de la responsabilité des problèmes... n’est-ce pas trop pesant aussi ?
« C’est difficile parce que je n’arrête pas de me donner des coups de marteaux. On peut dire qu’il s’agit (le manque de performance de l’équipe, ndlr) d’un problème de physique et non d’un problème mystique ou d’un problème d’organisation. C’est plutôt que nous nous sommes trompés dans la physique de la voiture - c’est de la science, de l’ingénierie mécanique. Je me remets constamment en question et je m’interroge sur ma contribution, parce que je me sens comme l’équipe, comme beaucoup d’autres. Dans les moments difficiles, je me réveille le matin [et je me demande] ce que je dois faire. »
N’a-t-il jamais pensé à démissionner, à renoncer à ces responsabilités trop lourdes ?
« Non, je ne pense pas. »
« Parce que je pense toujours que je peux contribuer à l’équipe dans mon domaine d’expertise. Et c’est ce qui permet de tenir le tout ensemble, même si je suis parfois très émotif. Mais les gens de l’équipe me connaissent si bien que… oui, j’ai ces moments difficiles le dimanche soir. Je peux apporter ma contribution. »
« Malheureusement, je n’ai pas trouvé quelqu’un dont je dirais : ’Je pense que cette personne a plus d’énergie, plus de dynamisme, plus de compétences et tous ces facteurs qui, selon moi, sont importants pour être directeur d’écurie’. »
« Nous avons déjà vu des situations où un directeur d’écurie ne donnait plus le meilleur de lui-même - pensez à Ron Dennis ou Frank Williams, vous ne voulez pas vous y accrocher, à votre poste. En 2012, j’étais impatient d’être le directeur d’écurie de Williams, et nous l’avons fait ensemble. Mon titre était directeur exécutif parce que je l’ai imposé d’une certaine manière, parce que j’ai dit à Frank : "Je veux diriger l’équipe. Mais je ne serai jamais dans (la situation de Frank Williams). »
S’il veut rester à son poste, Toto Wolff reste cependant ouvert à l’idée de faire évoluer la structure organisationnelle de l’équipe.
« Je suis toujours à l’affût de la meilleur structure organisationnelle pour l’avenir. Et peut-être qu’elle sera différente. Peut-être qu’il n’y aura pas de directeur d’équipe ou de PDG. En tant que directeur de Mercedes Benz Motorsport, je suis responsable de 2500 personnes. Je suis responsable de 2500 personnes, de tous les moteurs, de tous les châssis et de tous les autres programmes de Mercedes. »
« Je suis propriétaire de l’équipe. J’envisage donc les choses dans une perspective de 20 ans, les 20 prochaines années. Et j’aimerais me battre pour les championnats. »
On sent que Toto Wolff pourrait tout de même prendre plus de recul ces prochaines années : en se rendant moins aux Grands Prix, en déléguant plus de tâches à Jérôme d’Ambrosio...
« Chaque fois que j’ai le sentiment qu’il est temps de changer de direction, je me fiche de savoir si c’est bon ou mauvais. Nous faisons cela avec beaucoup d’autres personnes. Pour moi, ce n’est pas comme un entraîneur, un manager ou un formateur qui dirait : "Je veux sortir du lot, laisser un héritage". J’espère que nous gagnerons encore beaucoup d’autres titres, mais je ne me sens pas lésé. »
« Il se peut que les dirigeants soient différents au quotidien, mais cela ne veut pas dire que je ne suis plus impliqué. Lorsque je regarde les équipes américaines, je vois Robert Kraft (PDG des New England Patriots) ou Jerry Jones (propriétaire des Dallas Cowboys). Ils sont très impliqués dans ce que fait l’équipe, mais ils ont un entraîneur, un manager, un PDG et toutes ces personnes qui gèrent l’équipe au jour le jour. »
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