‘Mentalement vidé’, Russell a frôlé le burn-out cette année
Juste avant la libération du Brésil
A Singapour, à Suzuka, à Austin, George Russell a traversé une passe difficile de trois courses. Le pilote Mercedes semblait alors être de nouveau dominé, en performance pure, par son redoutable coéquipier Lewis Hamilton, qui reprenait l’ascendant.
Comme il l’a confié à plusieurs médias britanniques, juste après sa victoire à Interlagos, George Russell a bel et bien souffert de ce trio de Grands Prix compliqué : non seulement sportivement, mais aussi et surtout mentalement.
Ces propos de George Russell sont ainsi une relative rare plongée dans les difficultés mentales traversées par les pilotes de F1, rappelant la charge émotionnelle qui pèse sur eux.
« J’étais à Austin, au Mexique, à Vegas, j’ai fait des allers-retours, j’ai beaucoup voyagé et pris l’avion, et j’étais épuisé mentalement. »
« Il y a toujours beaucoup de choses qui se passent et qu’on ne voit pas. »
« Mais nous avons tous nos bons moments et nos moments difficiles en tant qu’êtres humains. Et pour nous, en tant que sportif professionnel, cela coïncide souvent avec vos performances. »
« J’ai eu des difficultés psychologiques avec les deux dernières courses, après trois mauvaises courses, et il y a eu pas mal de harcèlement aussi, en ligne - ce qui joue toujours un rôle naturellement ; vous n’essayez pas de regarder tout ça, mais c’est impossible de ne pas le voir - toutes ces choses mises ensemble avec de mauvaises performances, c’est une pilule assez dure à avaler. »
« Alors ce sont toutes les pensées qui reviennent quand vous passez la ligne et que vous avez un week-end brillant comme à Interlagos... il n’y a pas grand chose de plus qu’on aurait pu mieux faire ce week-end-là ; nous avons tout exécuté parfaitement. »
La victoire d’Interlagos a mis fin ensuite à cette passe noire : le Brésil a-il alors comme levé les inquiétudes de George Russell ? Doutait-il même de ses capacités face à Lewis Hamilton en cette deuxième moitié de saison ?
« Je ne me suis pas inquiété, mais j’ai dû me poser des questions. »
« J’étais en quelque sorte habitué à marquer plus de points que mes coéquipiers, mais si c’est 55/45 en ma faveur [face à Hamilton], même si je perds 45% du temps, ça va quand même être incroyablement efficace. Donc psychologiquement, vous devez vous préparer à de petits échecs. Je ne vais pas le battre à chaque séance, à chaque course. Ça n’arrivera jamais. »
« Mais avoir une année comme celle que nous avons eue cette année, c’est presque équivalent à ce que la répartition 95/5 [en termes de nombre de points face à Nicholas Latifi] était pour moi auparavant. »
« Je n’ai jamais douté de moi. J’ai toujours cru en moi. Mais si vous partez avec l’état d’esprit "Je vais battre Lewis Hamilton 95% du temps", vous allez être déçu. »
« Mais je pense que c’est juste que beaucoup de choses se sont mises en place. Comme je l’ai dit, rebondir après quelques courses difficiles, à Interlagos, et à un moment si crucial de l’année pour nous en tant qu’équipe, mais aussi pour moi, c’était… »
« Il s’était passé tellement de choses au cours des cinq dernières semaines - les courses difficiles, Singapour, le Japon, beaucoup de temps d’absence, beaucoup de travail à l’usine, puis j’ai été à Austin, au Mexique, à Vegas, beaucoup de voyages et de vols, et je me suis épuisé mentalement après avoir travaillé aussi dur que possible sur la piste, hors de la piste et dans le simulateur. »
Les pilotes de F1 en font-ils trop ?
La suroccupation d’un pilote de F1 moderne, qui fait bien autre chose que du pilotage, a empiré l’état mental de George Russell, estime-t-il avec le recul. Les pilotes de la F1 d’aujourd’hui ne risquent-ils pas le burn-out ?
« Toutes ces choses hors des circuits vous consomment tant de temps. Pour chaque jour consacré au marketing, c’est un jour de moins dans la salle de sport, ou à l’entraînement ou au repos et à la récupération pour être dans une meilleure position pour la prochaine course. Et ça m’a vraiment affecté. Je dois trouver la meilleure façon de gérer tout cela, car il est certain qu’à certains moments cette année, je ne l’ai pas très bien géré. »
« Quand je regarde le nombre de jours où j’ai été absent, cette année, en plus des périodes sur les circuits, à l’usine, ou dans le simulateur... c’est dans les 60 jours au total. C’est l’équivalent de deux mois. Et c’est loin de la piste. Ce sont des vols, des nuits d’hôtel, de mon propre côté. »
« Ça fait partie de la vie d’un pilote Mercedes, mais c’est un choc pour le système. Et quand vous avez 22 ou 21 courses à votre actif et que cela s’ajoute à de mauvaises performances, vous vous sentez assez mal. Mais ensuite, revenir et faire une petite remise à zéro et avoir le meilleur week-end de l’année, de loin, c’est une autre raison pour laquelle c’était si satisfaisant. »
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