McLaren F1 peut-elle tenir son budget en recrutant des ingénieurs-stars ?

Nouvelle soufflerie, nouveau simulateur : la remise à niveau structurelle du McLaren Technology Center de Woking se poursuit.

En coulisses, d’autres changements tout aussi profonds sont aussi en cours. Dans d’anciens locaux à Woking, McLaren a ainsi installé un nouveau département spécialisé dans les productions de pièces à base de fibre de carbone et autres matériaux composites.

Andrea Stella, le patron de McLaren F1, s’est confié sur ces nouveautés bienvenues pour rajeunir une infrastructure par ailleurs vieillissante.

« J’ai le plaisir de vous annoncer que l’ancienne usine a été réaffectée pour devenir la nouvelle infrastructure consacrée aux matériaux composites de McLaren Racing. Nous en sommes actuellement au sprint final, le bâtiment sera achevé dans quelques mois. Il s’agit d’un projet remarquable. Vous êtes donc invités à visiter le département ‘matériaux composites’ de McLaren Racing. »

« Et nous avons aussi créé un espace au McLaren Technology Center, que nous utiliserons pour les voitures historiques. »

Ces changements en interne doivent porter leurs fruits sur le long terme ; mais à très, très court terme, comment se profile ce Grand Prix à Barcelone ? Les écarts semblent très serrés en milieu de grille.

« Je peux dire ce que je dis depuis un certain temps, à savoir que nous restons réalistes quant aux performances et à la compétitivité de notre voiture dans les spécifications actuelles. Barcelone comporte de nombreux virages longs qui, pour le moment, sont difficiles à digérer pour notre voiture. »

« Le fait que nous ayons introduit plus de pièces pour les virages à haute vitesse nous aide, mais nous serions heureux d’être candidats à la Q3 et de sortir de ce week-end avec quelques points. »

Le tracé de Barcelone a évolué cette année : la chicane du dernier secteur, introduite après 2007, a de nouveau disparu. Or quand il était ingénieur chez Ferrari, Stella a connu ce tracé de Barcelone sans chicane. Quelle comparaison peut-il dresser entre les deux types de tracé ?

« Le tour de la pole position de 2003, il y a vingt ans, a déjà été battu en essais libres en 2023, de deux secondes environ, donc cette génération de voitures est beaucoup plus rapide. À l’époque, les voitures de Formule 1 étaient comme des karts avec beaucoup de puissance, un peu d’appui aérodynamique et des voitures très, très légères. Elles pesaient 200 kg de moins que ces voitures. Avec cette génération actuelle de F1... l’avant-dernier virage se passe facilement à fond dans toutes les conditions. »

« Je pense que ces voitures de 2003 étaient beaucoup plus capricieuses, comme des karts. Ces voitures d’aujourd’hui sont très stables et très rapides. Mais vous devriez vraiment demander aux pilotes. Fernando pourrait peut-être répondre, c’est le seul à pouvoir. »

McLaren recrute des ingénieurs de poids… sans dépasser les budgets plafonnés ?

Stella, en tant que patron de McLaren F1, doit aussi veiller, in fine, au respect des budgets plafonnés.

Or, avec les recrutements d’aérodynamiciens de pointe comme Rob Marshall (de Red Bull) ou David Sanchez (de Ferrari), l’équipe britannique ne va-t-elle pas jouer avec le feu budgétaire ?

« En termes de budget, Zak [Zak Brown, le PDG de McLaren Racing,] fait du bon travail pour mettre McLaren en condition de dépenser cet argent. Et en termes de conformité, dans le cadre des règlements, nous avions la possibilité de dépenser ce type de budget, non seulement d’un point de vue opérationnel, mais aussi en termes de dépenses d’investissement. Je dirais donc que cela n’a pas créé de difficultés particulières. Le processus n’a donc pas été difficile. »