Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix du Portugal

Kvyat et Albon, des avenirs déjà condamnés ?

Par Alexandre C.

27 octobre 2020 - 18:33
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Hamilton plus que jamais au sommet

92 victoires : c’est donc au Portugal, sur ce circuit inédit de Portimao, que Lewis Hamilton aura battu le record de victoires de Michael Schumacher, deux semaines après l’avoir égalé au Nürburgring. Cette victoire du pilote Mercedes n’avait pourtant rien d’évident : car sur cette piste, le Britannique semblait moins à l’aise que son coéquipier Valtteri Bottas, lui qui signait les meilleurs temps de chaque séance d’essais libres. Mais comme souvent cette année, Hamilton a surgi au Hammertime, c’est-à-dire en Q3. De la réussite ? Non car c’est bien Hamilton qui a poussé pour faire deux tours en Q3, et non un seul comme Valtteri Bottas que pensait que l’avantage d’avoir moins d’essence lui suffirait. Là encore, la science de la course a parlé.

De même en début de Grand Prix, la victoire de Lewis Hamilton ne tenait pas de l’évidence. En raison d’un départ délicat en médiums, sans aucune adhérence. En raison aussi d’une crampe au mollet droit, qui l’a contraint durant quelques tours à faire du lift-and-coast bien involontaire. Et pourtant : Lewis Hamilton tenait bien mieux ses gommes que Valtteri Bottas. La différence de rythme était telle qu’au 20e tour, après avoir passé Bottas sans difficultés, Hamilton a rapidement creusé un énorme écart. Lui qui se plaint si souvent de ses gommes à chaque Grand Prix répétait à Bono que les « pneus semblaient bons. » 20 secondes d’écart à l’arrivée : l’écart est cruel pour Valtteri Bottas, mais il reflète aussi la classe d’écart entre les deux hommes.

Top n°2 : La 4e de Leclerc : les progrès de Ferrari validés, la maîtrise du Monégasque confirmée

Charles Leclerc 4e en qualifications, 4e en course : ce résultat qui aurait pu être paraître normal l’an dernier, tient encore de l’inattendu cette saison. La question que l’on se pose est celle-ci : cette 4e place est-elle due au talent et à la maestria de Charles Leclerc, ou aux progrès de Ferrari (qui apportait un nouveau diffuseur ce week-end, après une série d’évolutions lors des dernières courses) ? Sans doute un peu des deux… Toujours modeste, Leclerc attribuait plutôt lui le mérite de cette 4e place à son équipe : « C’était la meilleure Ferrari de la saison. Nous espérions avoir certaines réponses et aujourd’hui nous les avons eues, donc je suis très content et fier du travail fourni par l’équipe. C’est très encourageant de voir que la voiture progresse, nous travaillons dans la bonne direction. »

Quoi qu’il en soit, malgré un départ délicat comme prévu en médiums, Charles Leclerc a ensuite connu une course solitaire : loin devant le reste du peloton, loin derrière les trois leaders - même si la SF1000 a pu tourner par moments dans les mêmes temps (voire meilleurs) que Valtteri Bottas ou Max Verstappen. Il y a de quoi être optimiste l’an prochain, puisque Ferrari (du moins avec Charles Leclerc) est redevenue la 3e équipe la plus forte à Portimao. A confirmer…

Top n°3 : Räikkönen et Gasly tirent la quintessence de leurs monoplaces

Deux autres pilotes à avoir tiré le maximum de leur monoplace à Portimao ont été Kimi Räikkönen et Pierre Gasly. Le premier, sur son Alfa Romeo, a impressionné tout le monde avec son départ sensationnel, au point que Max Verstappen ait halluciné quand il l’a vu dans ses rétros. Le plus formidable encore est que Kimi était pourtant mal parti (il a perdu une place au départ sur Antonio Giovinazzi). Et pourtant en tendres, alors que le peloton était surtout en médiums, le Finlandais a fait parler sa science du rallye sur une piste avec très peu d’adhérence, rappelant à tous qu’à plus de 40 ans, il n’était pas fini. Le reste de sa course fut plombé par le rythme décevant de son Alfa Romeo, mais que pouvait-il faire de plus qu’une 11e place et avec des gommes mortes en fin de course ?

Quant à Pierre Gasly, difficile encore une fois de ne pas le placer dans les tops. Parti 9e en tendres, le Français a connu un petit passage à vide à la relance en médiums ; puis son rythme a comme explosé. Il a fondu sur Daniel Ricciardo, Carlos Sainz et Sergio Pérez, au prix d’un dépassement risqué (voir plus bas). Sa 5e place sublime encore le potentiel de sa monoplace. Désormais, Pierre Gasly compte 1 point de moins seulement qu’Alexander Albon et en 12 courses, a marqué autant de points avec AlphaTauri que lors de ses 12 Grands Prix disputés avec Red Bull. Pendant ce temps, Christian Horner continue de rabaisser le talent du Normand…

Les flops

Flop n°1 : L’absence de sanction de la FIA sur la défense de Pérez… et le toupet de Racing Point

Sergio Pérez aurait pu figurer dans les tops pour son exceptionnelle remontée : après un accrochage (un incident de course commun) avec la Red Bull de Max Verstappen en début d’épreuve, le Mexicain était reparti dernier. Il a ensuite affiché un rythme de course formidable, pour tenir la 5e place quelques tours avant l’arrivée… avant de défendre bien trop chèrement sa peau face à Pierre Gasly. En effet, le pilote Racing Point a bougé au dernier moment de manière volontaire, changeant deux fois de trajectoire, jusqu’à risquer la pire avec l’AlphaTauri – car le différentiel de vitesse, avec le DRS sur cette longue ligne droite, était impressionnant. Or la FIA a de manière très surprenante, infligé une simple réprimande à Sergio Pérez : tout en jugeant la manœuvre à la limite, la FIA a estimé que Sergio Pérez n’avait pas changé de trajectoire en réaction à un mouvement de Pierre Gasly, mais avait bougé en premier ou de manière simultanée pour faire une manœuvre défensive. Il faut cependant que la FIA s’interroge sur les conséquences de cette décision : cela veut dire que Sergio Pérez comme les autres pilotes se sentiront autorisés à défendre de telle manière lors des prochains Grands Prix. C’est sans doute le pire que l’on puisse faire pour la sécurité.

Plus étonnante encore est la réaction, pleine de toupet, de Racing Point sur cette réprimande : Otmar Szafnauer, le directeur d’écurie, a estimé que la sanction était trop sévère ! « Sergio et Gasly ne se sont pas touchés. N’est-ce pas ce que les fans veulent ? Des défenses rudes, de la bonne compétition ? Si nous commençons à réprimander les pilotes et à les punir pour courir durement mais pas dangereusement, où va aller ce sport ? » Et Otmar Szafnauer en a remis une couche en estimant que Sergio Pérez n’avait jamais été réprimandé de toute sa carrière. Ce qui est proprement faux, puisque le Mexicain a déjà écopé de six réprimandes au total dans sa carrière, dont deux dans les incidents avec Esteban Ocon en 2017. Quand il vaut mieux se taire…

Flop n°2 : Lance Stroll hors-sujet et pas remis du coronavirus ?

Un autre pilote Racing Point figure parmi ces flops, tant il était hors-sujet durant le reste du week-end. Déjà dès les EL2, Lance Stroll s’accrochait avec Max Verstappen, même si le pilote Red Bull semble plus à blâmer dans la manœuvre. Qualifié seulement 12e avec une monoplace pourtant capable du meilleur, Lance Stroll n’a jamais paru trouver le rythme à Portimao. En course, ce fut pire encore. Il a connu un départ plutôt bon, le faisant remonter à la 8e place. Mais trop gourmand, il a tenté une manœuvre trop osée sur Lando Norris - « il n’apprend jamais rien » a râlé le pilote McLaren après la course. Pour cette manœuvre, Stroll fut pénalisé de cinq secondes. Il écopa d’une pénalité similaire quelques tours plus tard, pour dépassement des limites de la piste (5 fois en une quinzaine de tours seulement !).

Lance Stroll était simplement en dedans ce week-end : peut-être est-ce dû à son infection au coronavirus, qui l’avait empêché de se maintenir pleinement en forme ces derniers jours…

Flop n°3 : Daniil Kvyat, le Grand Prix de trop ?

Alors que son avenir est danger, Daniil Kvyat n’aurait pu rêver de pire timing pour la performance qu’il aura affichée à Portimao. En qualifications déjà, le Russe était de nouveau sèchement battu par Pierre Gasly en qualifications – Gasly était 9e tandis que lui calait en Q2. La situation ne s’améliora guère en course. Victime aussi du vent, comme en qualifications, Daniil Kvyat faisait partie des martyrs des pneus médiums et recula en 19e place. La suite fut un calvaire, qui l’amena à lutter face aux Haas et à Nicholas Latifi. Dernière humiliation : la Williams de Nicholas Latifi a pu finir devant lui. C’était simplement une course à oublier pour Daniil Kvyat, mais le différentiel de performance avec Pierre Gasly n’a peut-être jamais paru aussi grand que dans l’Algarve. D’où cette question : avec ce Grand Prix, Daniil Kvyat n’a-t-il tout simplement pas validé son éviction définitive d’AlphaTauri ?

On demande à voir…

Alexander Albon a-t-il scellé son sort ?

Un autre pilote qui pourrait avoir scellé son destin au Portugal est Alexander Albon. Alors que Christian Horner l’a violemment placé devant un ultimatum, le Thaïlandais n’a pas paru réagir de la bonne manière. En qualifications, il a de nouveau fini une demi-seconde derrière son coéquipier Max Verstappen, et même derrière Charles Leclerc et Sergio Pérez. En course, il a de nouveau manqué de confiance : avec peu d’adhérence et une Red Bull instable, il a pris l’eau en début de course, alors qu’il l’avait l’excuse des pneus tendres. Il a ensuite manqué de rythme tout en usant spectaculairement ses gommes : sur un Grand Prix où ce point était, plus encore qu’ailleurs, décisif, il n’y avait donc rien à espérer du pilote Red Bull. Le plus cruel fut sans doute le moment où Max Verstappen lui prit un tour.

Cette image a rappelé celle du Grand Prix de Hongrie, où Pierre Gasly avait aussi concédé l’an dernier un tour face à Max Verstappen. D’où cette question : ce Grand Prix ne condamne-t-il pas d’ores et déjà Alexander Albon, alors que théoriquement il lui reste un Grand Prix à Imola pour faire ses preuves… ? Du reste, l’ultimatum de Christian Horner n’était-il que le cache-nez d’une décision déjà prise ? Alexander Albon a peut-être un dernier espoir à nourrir : l’influence de la Thaïlande dans l’économie et le système Red Bull.

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