Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix du Mexique

Les durs au centre des regards

Par Alexandre C.

29 octobre 2019 - 12:48
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Une victoire pleine de maestria, de gestion et de système D pour Hamilton

Cette victoire de Lewis Hamilton, à Mexico, peut ne pas paraître spectaculaire, tant le pilote britannique est un habitué des succès ces dernières années (10 succès encore cette saison, comme depuis 2014, à l’exception de la saison 2017). Pour autant, cette victoire Mercedes est en grande partie une victoire Hamilton. Le Britannique avait des raisons de douter de la stratégie de son équipe, qui l’a arrêté dès le 24e tour pour chausser des durs. Hamilton était censé emmener ses C2 jusqu’à la fin de l’épreuve, pendant 47 tours. Il y est parvenu, mais cela ne doit rien au hasard.

Lewis Hamilton a expliqué, après la course, avoir économisé particulièrement son train en début de relais, pendant que Sebastian Vettel prolongeait le sien en médiums ; d’autres (Carlos Sainz, Daniel Ricciardo, Lance Stroll) ont par exemple échoué à faire durer assez longtemps les durs, sans qu’ils ne perdent en performance, ce qui met en lumière la performance de Lewis Hamilton. Le pilote Mercedes a d’autant plus de mérite si l’on considère que sa voiture avait été endommagée, au niveau du fond plat, en début d’épreuve, dans la bataille avec Max Verstappen ; le Britannique a estimé cette perte à deux dixièmes du tour ; et pour s’y adapter, a modifié son style de pilotage, notamment en entrée de virage. Avec tous ces éléments en tête, on comprend mieux pourquoi le champion du monde s’appellera cette année, une fois encore, Lewis Hamilton…

Top n°2 : La fête (des pneus) à domicile pour Sergio Pérez

A domicile, Sergio Pérez n’aurait pu mieux faire en qualifications et en course. N’aurait pu mieux faire en qualifications, avec une 11e place ? Ce n’est pas une erreur : en se qualifiant à cette position, le Mexicain gagna le droit d’être le premier pilote hors du top 10 à avoir le libre choix des pneus. La Racing Point a ainsi pu éviter de chausser les tendres en début d’épreuve. Un détail ? Pas du tout, si l’on considère que Carlos Sainz et les deux Toro Rosso, contraintes de partir en tendres, ont fini loin derrière Pérez. Logiquement, Sergio Pérez est remonté en début d’épreuve à la 6e place et grâce à un rythme efficace, pointait à la 8e place même après son arrêt. En fin d’épreuve, le Mexicain, qui avait des gommes plus usées que Daniel Ricciardo, a dû gérer le retour en force de la Renault ; mais imperturbable, il a mis à profit le capital pneus qu’il avait économisé pour résister à l’Australien. Gestion pneumatique, science de la course, stratégie décalée : le meilleur de Sergio Pérez. Devant son public, cette 7e place avait un goût particulier pour le Mexicain : « c’est comme une victoire », déclarait-il, une victoire dans le championnat B…

Top n°3 : Le premier relais de Daniel Ricciardo

Un autre pilote a fait parler sa science de la course à Mexico : Daniel Ricciardo. Le pilote Renault était le seul à partir en durs dans le peloton, et a fait fructifier ce pari stratégique osé. Son relais de 50 tours a été particulièrement productif, et sur un rythme d’ailleurs aussi constant que satisfaisant. Après son arrêt, avec des médiums forcément plus frais que la concurrence, Daniel Ricciardo a pu se faire plaisir en remontant dans le milieu de grille, pour ne buter que sur la Racing Point de Sergio Pérez. La frustration de la veille, en qualifications, a été rapidement effacée par cette course quasiment parfaite – le dépassement sur Sergio Pérez excepté. Ce n’est pas encore ce que Daniel Ricciardo souhaite obtenir dans une Renault, mais ces 4 points vaudront sûrement cher en fin d’année.

Les flops

Flop n°1 : Verstappen, le fou du volant ?

Il est de retour… « Il », c’est Dark Verstappen, la face sombre du Néerlandais qu’on croyait pourtant évaporée. Tout allait bien pour Max Verstappen jusqu’au dernier tour de la Q3. La Red Bull tenait la pole, crash de Valtteri Bottas ou non sur le papier. Pourtant, Verstappen, bravache, ou tout simplement idiot, choisit de ne pas ralentir sous drapeau jaune. L’affaire aurait pu en rester là, mais le Néerlandais trouva judicieuse l’idée de se vanter de ne pas avoir respecté la consigne sécuritaire en conférence de presse, affichant, au choix, son imprudence, sa jactance ou son arrogance.

La sanction de la FIA ne manqua pas de tomber : une pénalité de trois places sur la grille. Et cette sanction eut finalement de lourdes conséquences : parti en pole, Max Verstappen n’aurait pas croisé sur sa route les deux Mercedes, avec qui il s’accrocha au départ, endommageant sa réputation comme sa monoplace – crevaison à l’arrière-droit. En fin de peloton, la Red Bull réussit une efficace – mais très dispensable – remontée jusqu’à la 6e place. Au passage, Max Verstappen se distingua encore par son audace touchant à la faute de pilotage, avec un dépassement clairement hors-piste sur Kevin Magnussen qui aurait dû être sanctionné. En l’espace de deux jours, la communication de douze mois a été détruite. Il serait très utile à la carrière du Néerlandais que Helmut Marko ou Christian Horner le recadrent publiquement… mais alors que Max Verstappen n’a toujours pas prolongé son contrat, son impunité devrait durer en interne.

Flop n°2 : Électronique et arrêts aux stands, un mariage parfois renversant

L’altitude élevée de Mexico (2200 mètres) a-t-elle fait bouillonner le cerveau de plusieurs mécaniciens ? Le Grand Prix s’est en effet distingué par trois erreurs lourdes de conséquences commise alors d’arrêts aux stands. Lando Norris fut d’abord une nouvelle fois malchanceux : sa roue avant-gauche fut mal boulonnée – un problème d’écrou serait en cause. La McLaren repartit bien, après avoir été ramenée à la force du poignet par les mécaniciens dans les stands, mais Lando Norris avait déjà perdu tout espoir de bien figurer. La victime suivante fut Antonio Giovinazzi : le « lollipop man » relâcha l’Alfa Romeo plus tôt que prévu, alors que la roue arrière-droit était mal boulonnée ; la monoplace rouge et blanche fut avec peine remise sur le cric. Cocasse. Enfin, Charles Leclerc perdit trois secondes en raison, semble-t-il, d’un problème de capteur électronique (détectant automatiquement le bon serrage d’une roue) sur la Ferrari.

En définitive, ce Grand Prix a mis en lumière les forces et les faiblesses de l’électronique. Quand tout va bien, l’électronique est d’une aide formidable – comme lors de l’arrêt aux stands d’Alexander Albon durant le même Grand Prix, effectué en 1,93 seconde seulement. Mais l’électronique a aussi ses virus, qui se propagent rapidement…

Flop n°3 : Pour Haas, c’est de pire en pire

Quand Haas touche le fond, Haas creuse encore… Le Grand Prix du Mexique fut encore plus cataclysmique pour les précédents pour l’équipe américaine – qui n’a certes jamais brillé à Mexico. Si Kevin Magnussen fut en grande difficulté, Romain Grosjean se distingua plus encore dans la médiocrité, et le savait d’ailleurs parfaitement bien après la course, tant il semblait abattu. C’est bien simple, Romain Grosjean a été devancé, totalement à la régulière, par la Williams de George Russell en course ; et sans la crevaison lente de Robert Kubica, le Français aurait d’ailleurs terminé bon dernier de l’épreuve.

Il est clair que Haas a totalement abandonner l’espoir de comprendre et de sauver le potentiel aérodynamique de cette monoplace bien née, mais vite morte. La fin de saison sera un vrai chemin de croix. Et dire que le prochain Grand Prix est à domicile…

On demande à voir…

Les durs feront-ils de nouveau la pluie et le beau temps à Austin ?

Les pneus durs (C2) du Mexique, ont permis à bien des pilotes de briller (Daniel Ricciardo, Lewis Hamilton) ou de signer des remontées efficaces dans le peloton (on pense ici à Max Verstappen, auteur d’un relais impressionnant de 66 tours). Constants, performants, les durs étaient bien la bonne pioche stratégique de ce Grand Prix, quand un pilote savait les gérer. « Cela semble quand même bizarre de tenir 47 tours, de notre côté, à ce rythme » soufflait même Toto Wolff après la course.

La question se pose ainsi : pour le prochain Grand Prix, à Austin, ces durs (qui seront les mêmes C2 vus à Mexico) seront-ils, de nouveau, la star du week-end, à ceci près, désormais, que leur utilisation massive et efficace ne consistera pas une surprise ? C’est probable, mais ce n’est pas non plus certain. En effet, forcément, les conditions seront bien différentes à Austin. Les voitures rouleront par exemple avec des réglages moins atypiques, puisqu’en altitude, il importe de rouler avec le maximum d’appui dans les réglages (avec pourtant un niveau d’appui réel très faible, toujours en raison de l’altitude). La configuration du COTA est elle aussi, bien sûr, dissemblable. Et puis, les durs ne sont pas une assurance tout-risque, puisque certains pilotes (Carlos Sainz en particulier) se sont montrés au contraire incapables de faire fonctionner ces C2. Pirelli sait-elle au moins pourquoi ces C2 parfois performent, parfois s’effondrent ?

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