Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix du Canada

Renault brille... et brillera encore davantage au Castellet ?

Par Alexandre C.

12 juin 2019 - 08:01
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Hamilton-Vettel, le combat, le talent et le respect

Après un Grand Prix marqué par la pénalité polémique infligée à Sebastian Vettel, la F1 a produit ce qu’elle avait de pire et de meilleur ce week-end à Montréal. Le pire : des controverses en série, des fans qui s’écharpent en perdant parfois la raison, des sifflets sur le podium à l’encontre de Lewis Hamilton. Le meilleur : une lutte intense au sommet entre le champion du monde et son vice-champion, et plusieurs preuves remarquables du respect mutuel qui existe entre eux.

Trois moments ont particulièrement symbolisé ce respect entre Lewis Hamilton et Sebastian Vettel. Tout d’abord, le pilote Ferrari, après l’arrivée, très énervé a regagné directement son hospitalité… mais a fini – alors qu’on n’y croyait plus – par se rendre sur le podium. Pourquoi ? Le pilote Ferrari l’a dit en conférence de presse : ne pas assister au podium aurait été un manque de respect pour Lewis Hamilton. Deuxième moment : lorsque Lewis Hamilton a brièvement invité Sebastian Vettel à monter sur la première marche du podium, avec une accolade amicale au passage. Troisième moment : lorsque le public rouge, dans les travées de Montréal, a commencé à siffler Lewis Hamilton, Sebastian Vettel est intervenu pour dire que le pilote Mercedes ne devrait pas être hué. Quelles que soient les polémiques, Lewis Hamilton et Sebastian Vettel continuent de faire rimer sport et sportivité.

Top n°2 : Renault de retour aux affaires

En milieu de grille, Renault a indéniablement frappé un grand coup, en marquant, en un seul Grand Prix, autant de points que depuis le début de la saison (14). En qualifications, Daniel Ricciardo a signé une formidable 4e place, et est même passé proche de battre Charles Leclerc pour la 3e place. Nico Hulkenberg réalisait aussi ses meilleures qualifications de l’année (7e place). En course, les Renault ont pris un bon départ. Daniel Ricciardo a longtemps joué contre Valtteri Bottas, en le tenant en respect pendant plus de tours que prévu. Nico Hulkenberg avait lui aussi le rythme pour passer une course tranquille, à l’abri de Pierre Gasly et du reste de la meute. Ces 14 points font du bien à l’équipe française, et valident ainsi les progrès du moteur sur cette piste exigeante pour l’unité de puissance. Objectif maintenant : aller chercher McLaren.

Top n°3 : La science pneumatique de Lance Stroll

Lance Stroll, pour la 11e fois consécutive, a été éliminé dès la Q1. Mais il avait, une fois n’est pas coutume, des circonstances atténuantes : après l’explosion de son unité de puissance évoluée le samedi matin, il avait dû revenir à une spécification ancienne, ce qui l’a forcément handicapé sur cette piste véloce.

C’est en course, comme souvent, que le Canadian a prouvé son savoir-faire, devant son public de surcroît. Il a commencé par gagner trois places. En durs, il a effectué un premier longs relais, de 44 tours. Cette stratégie, adoptée également par Max Verstappen, était la stratégie gagnante, bien qu’elle demandât beaucoup de doigté et de gestion des pneus. Lance Stroll a réussi à garder derrière lui la Red Bull de Pierre Gasly durant de nombreux tours, ruinant la course du Français au passage. En fin d’épreuve, avec des gommes fraîches, Lance Stroll a fondu sur Carlos Sainz, qui lui n’avait que passé trois tours en tendres en début d’épreuve. Stroll Jr accroche une nouvelle 9e place, sa troisième de la saison, mais la plus méritante. Et maintenant ? Passer en Q2 !

Les flops

Flop n°1 : Bottas décroche dans la lutte au championnat

A-t-on retrouvé le Valtteri Bottas de 2018 ? Hésitant en qualifications, hors du coup en course, et jouant seulement les seconds rôles derrière Lewis Hamilton ? A Montréal, ce fut hélas bien le cas. Le Finlandais, en Q3, a commis une erreur en partant en tête-à-queue, et son second tour fut forcément moins assuré : il partit donc 6e, loin du compte. En course, il se fit dépasser directement par Nico Hulkenberg. Il n’eut pas le rythme durant son premier relais ; le second, en durs, fut bien meilleur, mais le mal était fait et le retard trop grand. Valtteri Bottas a finalement plus lutté avec les Renault qu’avec les Ferrari ce week-end, et c’est bien tout ce qu’on lui reproche. Le principal enseignement du Canada, finalement, est peut-être l’écart en tête du classement pilotes, qui s’est creusé à 29 points.

Flop n°2 : Magnussen, le clash après le crash

Haas n’avait pas besoin de cela. En Q2, trop agressif sur son dernier relais, Kevin Magnussen a heurté le Mur des champions. Les conséquences furent plus lourdes encore : le Danois dut changer de châssis et prendre le départ depuis les stands. En course, sa voiture fut inconduisible pour deux raisons principalement. D’abord, elle avait dû être reconstruite promptement, et il est possible que les mécaniciens aient dû faire quelques compromis pour être prêts dans les temps. Ensuite – et Romain Grosjean en souffrit aussi – la Haas avait renoué avec ses incroyables soucis d’exploitation des Pirelli. Sans des pneus dans la bonne fenêtre de fonctionnement, cette Haas vaut à peine une Williams. Kevin Magnussen a d’ailleurs terminé la course derrière un George Russell à nouveau très prometteur.

A ce mauvais résultat, Kevin Magnussen a joint une attitude discutable. Il a passé la course à se plaindre à la radio ("La pire expérience de ma vie dans une voiture de course") ce qui lui a valu une sévère remontée de bretelles par Günther Steiner. « Enough is enough » lui a lancé froidement son directeur d’écurie. Cette F1 dont se plaignait Magnussen, c’était bien ses mécanos qui l’avaient reconstruite en sacrifiant une nuit... Après son crash, Kevin Magnussen aurait dû faire profil bas et a d’ailleurs dit, après la course, qu’il visait moins la voiture que ses Pirelli.

Flop n°3 : Les Alfa Romeo ont disparu de la circulation

Les Alfa Romeo ont été quasiment invisibles ce week-end – à part pendant l’accident d’Antonio Giovinazzi le vendredi ! Frédéric Vasseur s’attendait à voir pourtant les siens regagner en compétitivité, sur un circuit rapide où l’unité de puissance Ferrari aurait pu faire la différence. Las ! Les Alfa Romeo n’avaient pas le rythme pour viser la Q3, et Kimi Räikkönen a même livré son pire week-end de la saison. Antonio Giovinazzi a certes battu son coéquipier pour la première fois de la saison le samedi, mais il est apparu encore trop brouillon et fragile. Des évolutions sont attendues prochainement chez Alfa Romeo, et elles feront grandement du bien, tant l’écurie semble sur la pente descendante depuis le début de la saison.

On demande à voir…

Mercedes, une évolution moteur qui ne suffit pas ?

Sur ce circuit exigeant pour l’unité de puissance, la hiérarchie des V6 a pu quelque peu s’éclaircir, mais demande confirmation. Mercedes apportait d’abord une unité de puissance évoluée. Le V6 a répondu aux attentes de l’équipe, qui finalement ne bluffait pas : l’évolution en question n’est pas si importante à la régulière, si bien que l’unité de puissance Ferrari paraît avoir toujours le dessus en lignes droites. La fiabilité de cette nouvelle spécification pose même question, après l’incendie sur la voiture de Lance Stroll en EL3 et la fuite hydraulique sur la W10 de Hamilton le dimanche matin.

Le grand vainqueur moteur se nomme peut-être Renault. Avec leurs V6 qui refonctionnent à pleine puissance enfin, et un mode fête proposé en qualifications, les monoplaces jaunes ont brillé : une 4e place de Daniel Ricciardo sur la grille, et une solide double arrivée dans les points. En lignes droites, Daniel Ricciardo n’a même eu aucun mal à résister avec un Valtteri Bottas pourtant muni du DRS. Le V6 Renault au niveau du V6 Mercedes ? La question mérite d’être posée. Ce qui est certain, c’est que les inquiétudes de voir Renault passer derrière Honda se sont quelque peu taries après ce week-end. Le moteur japonais était d’ailleurs véloce en lignes droites, mais n’est clairement pas encore au niveau des meilleurs.

Renault est-elle partie pour dominer le milieu de grille ?

Après le moteur Renault, ce sera d’ailleurs au tour du châssis Renault d’évoluer grandement lors du prochain Grand Prix, à domicile, au Paul Ricard. Cyril Abiteboul a annoncé que les « deux mois de retard » pris par l’équipe française dans la production de ses pièces, seraient enfin rattrapés en France. Il est ainsi permis de se demander si, grâce à ses évolutions (si elles fonctionnent), Renault n’est pas partie pour dominer le milieu de grille comme elle l’aurait dû le faire depuis le début de saison. Après Viry, c’est au tour d’Enstone de donner satisfaction. Et si c’est le cas, Renault pourra alors revenir sur le plan initial : commencer à réduire, de manière régulière, l’écart avec Red Bull et les écuries de pointe.

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