Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Autriche

Verstappen au firmament, Sainz également étincelant

Par Alexandre C.

2 juillet 2019 - 18:07
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Verstappen, la classe mondiale

Max Verstappen a remporté, dimanche dernier, la 6e victoire de sa carrière – et il s’agit certainement de sa plus belle. Le Néerlandais a éclaboussé le Red Bull Ring de son talent, au plus grand plaisir de ses fans venus garnir, en masse, les tribunes autrichiennes. Max Verstappen s’élançait à la 2e place, comme lors de sa dernière victoire en F1, au Mexique l’an dernier. Mais cette fois-ci, le pilote Red Bull a totalement manqué son départ et même rétrogradé derrière son coéquipier Pierre Gasly – qui lui ouvrit vite la route.

S’ensuivit une formidable remontée, lors de laquelle Max Verstappen a doublé chacun de ses concurrents en piste (excepté Lewis Hamilton, bloqué aux stands). En médiums et surtout en durs, en fin d’épreuve, Max Verstappen a fait parler la poudre avec un rythme démentiel. Où est-il allé chercher un tel rythme de course ? L’altitude du circuit (600 mètres) a-t-elle permis de compenser la faiblesse moteur du Honda ? La Red Bull fonctionne-t-elle bien particulièrement en pneus durs ? Y a-t-il eu des évolutions que l’on aurait manquées ? Ou tout simplement, Max Verstappen a-t-il sublimé le potentiel de sa monoplace, avec sa hargne et sa combativité ? Ce qui est certain, c’est que Max Verstappen a livré une prestation de tout premier plan, quoi qu’on pense de son dépassement final controversé sur Charles Leclerc. Il confirme ainsi être un pilote transfiguré depuis la deuxième moitié de saison dernière : diablement efficace.

Top n°2 : Leclerc, la frustration qui le rendra plus grand

Quand ça ne veut pas… Pour la deuxième fois de l’année après Bahreïn, Charles Leclerc est passé à deux doigts de remporter sa première victoire en carrière. En qualifications, le Monégasque réussissait un petit numéro pour s’offrir sa deuxième pole en F1, devançant un Max Verstappen redoutable et des Mercedes moins handicapées, sur un tour, par leurs problèmes de refroidissement. En course, parti en tendres, le pilote Ferrari a tranquillement géré une avance d’environ 4 secondes sur la Mercedes de Valtteri Bottas. Face à une Red Bull au rythme étourdissant, Charles Leclerc a pourtant résisté de belle manière dans les ultimes boucles, une première fois au 68e tour, lors d’une bataille roue-contre-roue qui restera dans les annales de la saison. Il y a fait preuve d’une maîtrise et d’un sang-froid dignes d’un vainqueur de Grand Prix. Mais il peut sûrement se reprocher, sur le dépassement de Max Verstappen, d’avoir trop ouvert la porte en entrée de virage.

La frustration d’avoir manqué une nouvelle victoire, après avoir mené quasiment toute la course, sera sûrement difficile à effacer ces prochains jours pour Charles Leclerc ; mais il doit surtout retenir que sa « nouvelle approche », notamment au niveau des réglages, lui a, comme au Paul Ricard, permis de réaliser un week-end presque parfait. A ce rythme, la première victoire finira forcément par tomber.

Top n°3 : Sainz, quelle remontée !

S’il n’y avait eu Max Verstappen, Carlos Sainz aurait certainement mérité le titre de « pilote du jour ». Le pilote McLaren partait en dernière ligne, à la suite de pénalités moteur. Le dimanche, il espérait au mieux se frotter au top 10… et pourtant, l’Espagnol a rallié l’arrivée en 8e position après une remontée exceptionnelle. Son premier long relais, en médiums, a été décisif et lui a permis de finir fort, avec des durs plus frais que la concurrence. L’ancien de Renault a dépassé les Racing Point et les Alfa Romeo, et, dans les derniers tours, revenait à toute allure sur Pierre Gasly et son coéquipier Lando Norris, pourtant parti en 5e place. Une sortie de piste et des dégâts à son aileron avant, passés sous silence par la réalisation, l’ont fait ensuite perdre en rythme – il a dû se contenter de sauver cette 8e position. Une stratégie à l’exécution parfaite, un rythme excellent en médiums comme en durs, et le potentiel d’une monoplace décidément en progrès, voici le cocktail qui a permis à Carlos Sainz de livrer l’une de ses plus belles courses en carrière.

Les flops

Flop n°1 : Ferrari trop fébrile : une exécution qui fait encore largement défaut

Si Ferrari n’a toujours pas remporté le moindre Grand Prix, c’est sûrement parce que la Scuderia le mérite quelque peu aussi… En Autriche, Ferrari a renoué avec des erreurs opérationnelles - qui ne sont pas même dignes d’une écurie en fond de grille. En Q3, c’est un problème de pression moteur qui a empêché Sebastian Vettel de participer à la séance. Sans cette avanie, le pilote Ferrari aurait certainement pu aider Charles Leclerc à remporter la course, en résistant aux Mercedes et à Max Verstappen… Soit. En Q2, la Scuderia commit peut-être une autre erreur stratégique en qualifiant ses deux pilotes en tendres, alors que Mercedes et Max Verstappen se qualifiaient en médiums. Si le rythme en tendres était satisfaisant, ce choix a contraint Charles Leclerc à s’arrêter plus tôt que prévu. Ferrari ayant calqué sa stratégie sur le Finlandais, Charles Leclerc a changé de pneus une dizaine de tours plus tôt que Max Verstappen, ce qui s’est avéré fatal en fin d’épreuve. Et pourquoi donc avoir couvert Valtteri Bottas, qui ne semblait pas représenter une menace fatale, au lieu de prolonger le premier relais – les gommes rouges étaient encore en bon état sur la monoplace de Charles Leclerc ? Mystère…

Ferrari est surtout apparue perfectible, voire ridicule, au moment de l’arrêt aux stands de Sebastian Vettel. La Scuderia a intelligemment rappelé aux stands l’Allemand en même temps que Valtteri Bottas, ce qui a ralenti l’arrêt de la Mercedes d’une seconde, pour éviter un unsafe release… Seulement, à la suite d’un problème technique de transmission radio, certains mécaniciens sont tout simplement arrivés avec un retard de trois secondes pour changer les pneus de la Ferrari, une bourde impardonnable à ce niveau. L’erreur s’explique peut-être, mais une fois encore, elle arrive seulement à une certaine écurie italienne… Fébrile, Ferrari n’a certainement pas maximisé le résultat possible, tant avec Charles Leclerc qu’avec Sebastian Vettel.

Flop n°2 : Toro Rosso et Haas n’étaient pas dans le coup

Deux écuries ont été quasiment invisibles dimanche dernier : Toro Rosso et Haas. Du côté de Toro Rosso, la déception est franche et confirme le recul général des performances depuis quelques courses. Alexander Albon partait en fond de grille, à la suite de pénalités moteur, mais si l’on compare sa remontée à celle de Carlos Sainz sur la McLaren, le parallèle est rude pour le Thaïlandais. Daniil Kvyat ne s’était lui qualifié que 17e – après avoir frôlé le drame en fin de Q1 – mais sa course fut plus difficile encore, perturbée par des problèmes de conduits de frein. Le pilote Toro Rosso s’est même fait doubler par la Williams de George Russell en début d’épreuve. Une réaction est attendue à Silverstone.

Du côté de Haas, la déception n’est pas absolue puisque le samedi fut plus réussi que les précédents. Romain Grosjean, enfin doté de la nouvelle suspension, s’est qualifié aux portes de la Q3, tandis que Kevin Magnussen sortait un grand tour pour finir « meilleur des autres », devant même Lando Norris qui bénéficiait, pourtant, de l’aspiration de son coéquipier. Mais c’est en course – alors que les performances étaient censées être meilleures qu’en qualifications – que Haas s’est totalement effondré. Romain Grosjean plaisantait après l’épreuve, en assurant qu’une « averse locale » avait persécuté Haas durant la course, tant l’adhérence était au niveau zéro. Kevin Magnussen, pour ne rien arranger, a écopé d’un drive-through idiot pour avoir avancé d’un mètre sur sa position de départ, mais cette pénalité n’a pas changé grand-chose à son dimanche de toute façon. Désemparée face à des performances en chute libre, Haas doit désormais de poser les bonnes questions : faut-il abandonner le développement de la voiture 2019 ?

Flop n°3 : Kubica, le moment de dire stop ?

Au Red Bull Ring, Robert Kubica a livré une nouvelle prestation insuffisante, gênante et embarrassante. Max Verstappen lui a pris pas moins de trois tours en course… Surtout, la comparaison avec son coéquipier est plus que jamais cruelle. George Russell a une fois de plus étonné et ravi dans sa FW42 : le rookie a dépassé Daniil Kvyat en début d’épreuve à la régulière, et a fini la course devant un Kevin Magnussen pénalisé. Pendant ce temps, Robert Kubica a voisiné à plus d’une trentaine de secondes de son coéquipier. Véritable chicane mobile, le Polonais a donné la sensation d’évoluer en catégorie inférieure – et il serait plus pertinent de l’assimiler à Ragunathan plutôt qu’à Nyck de Vries. Cette prestation indigne est dans la lignée des précédentes ; sur un tour (il naviguait à six dixièmes de George Russell en essais libres) ou sur 71, le Polonais n’a tout simplement plus le niveau. Stop ou encore ?

On demande à voir…

Le Dr. Marko va-t-il bientôt demander la tête de Pierre Gasly ?

Pour la première fois de l’année, Red Bull et Helmut Marko ont nettement haussé le ton contre Pierre Gasly : le responsable de la filière jeunes de l’équipe a évoqué des performances « inacceptables » de la part du Normand. Pourtant, le début de week-end de Pierre Gasly semblait afficher certains progrès… Hélas, la moutarde est sérieusement montée au nez du Dr. Marko après une Q3 ratée. La Red Bull du Français a terminé derrière Max Verstappen, ce qui est acceptable, mais derrière aussi Lando Norris et les deux Alfa Romeo, ce qui l’est beaucoup moins. Un accident de parcours sur une seule séance ? On l’espérait… mais le Grand Prix a confirmé, au contraire, les grandes difficultés du Français. Pierre Gasly a eu toutes les peines du monde à se défaire de Kimi Räikkönen, et n’a pu doubler Lando Norris ; sans ses dégâts tardifs à l’aileron avant, Carlos Sainz, pourtant parti dernier, aurait même pu doubler Gasly. Pour le symbole, Pierre Gasly s’est fait prendre un tour par Max Verstappen… La question est désormais posée : s’il réitère de telles performances, le Normand peut-il craindre une éviction en cours de saison ? Pour ôter tout doute, une réaction est impérative lors des prochaines courses. Le Français pourra s’appuyer sur son début de week-end plutôt réussi au Red Bull Ring, avant cette fameuse Q3.

Mercedes peut-elle déjà faire une croix sur les courses en altitude ou sous forte chaleur ?

Mercedes, qu’on croyait invincible, a pourtant plié au Red Bull Ring. Les Flèches d’Argent étaient étonnamment transparentes et n’avaient pas le rythme des Ferrari ou de la Red Bull de Max Verstappen. En réalité, Toto Wolff a confirmé que ses deux voitures avaient évolué bien loin de leur potentiel. La faute en incombe principalement aux fortes chaleurs du Red Bull Ring (58 degrés de températures de piste, un record cette année). L’approche extrême, sur le plan aérodynamique, de la monoplace, rend le refroidissement particulièrement problématique, si bien que Mercedes a dû ouvrir la carrosserie et pratiquer du lift-and-coast sur près de 400 mètres durant la course. « Nous n’avons pu attaquer ou défendre » a déploré Toto Wolff. Un autre facteur a nui aux résultats de Mercedes : cette monoplace argentée n’aime pas les courses en altitude, qui réduisent son avantage moteur et lui pose d’autres problèmes structurels. Il est donc permis d’espérer pour la concurrence : sur des Grands Prix où de fortes chaleurs sont attendues (Budapest notamment), ou disputés en altitude (Interlagos et surtout Mexico), Mercedes devrait être beaucoup moins solide qu’attendu. A moins que l’équipe allemande résolve ces ennuis d’ici-là, ce dont elle est tout à fait capable !

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