Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Australie

Des tops, des flops et surtout des crashs...

Par Alexandre C.

4 avril 2023 - 18:43
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Embellie pour Mercedes F1

Les performances de cette Mercedes W14 sont difficiles à comprendre : désespérante à Bahreïn selon les mots de Toto Wolff, cette monoplace noire était bien plus en verve à Melbourne. En qualifications tout d’abord, George Russell et Lewis Hamilton assuraient les 2e et 3e places, en l’absence de Sergio Pérez, mais aussi devant les Aston Martin F1 et les Ferrari. La raison tenait peut-être aux températures de piste plus froides : on sait que l’an dernier, Mercedes appréciait particulièrement ces conditions. Accordons du reste une mention spéciale à George Russell, qui bat Lewis Hamilton pour la 3e fois en 3 qualifications cette année.

En course, les fans Mercedes ont eu le bonheur de connaître le premier tour le plus excitant peut-être de ces deux dernières années. Les deux Flèches Noires pointaient en effet en tête à la fin du premier tour, notamment après un dépassement rugueux de Lewis Hamilton face à Max Verstappen (qu’on avait connu plus agressif face à son rival…). Mercedes faisait sur le papier le bon choix en divisant les stratégies, en arrêtant George Russell au moment de l’entrée en piste de la voiture de sécurité ; mais l’apparition du drapeau rouge rebattait totalement les cartes. Russell n’eut (heureusement…) pas le temps d’avoir trop de regrets puisque la mécanique de son unité de puissance le trahissait (pour la première fois de sa carrière chez Mercedes).

Lewis Hamilton, lui, restait en deuxième position : certes la Red Bull demeurait encore sur une autre planète, mais la planète Red Bull s’est tout de même rapprochée de la planète Mercedes dans le système solaire de la F1… Hamilton dut aussi résister à la pression, pendant la majeure partie de la course, de l’Aston Martin F1 de Fernando Alonso. L’Espagnol est resté dans les deux secondes tout le long, montrant peut-être que l’Aston Martin F1 avait plus de rythme de course en réserve que la Mercedes (mais l’aspiration jouait aussi et de toute évidence, les performances des deux monoplaces sont proches).

En somme, il est malaisé cependant de tirer trop de conclusions de ce seul Grand Prix avec plus d’embellie pour Mercedes : on le sait, Melbourne est un circuit particulier, très centré sur l’accélération notamment. Nul doute que Mercedes conserve de très, très bonnes raisons de poursuivre dans une autre voie de développement, avec des évolutions attendues pour Imola.

Top n°2 : Hülkenberg et Norris s’affirment en leader d’équipe

Chez Haas comme chez McLaren, deux pilotes ont tenu leur rang et se sont affirmés comme les potentiels chefs de file de leurs équipes respectives.

Nico Hülkenberg, tout d’abord chez Haas, a conclu un week-end remarquable. En qualifications tout d’abord, il écartait pour la troisième fois en trois courses son coéquipier Kevin Magnussen, étrangement moins à l’aise que lui depuis le début de l’année. L’Allemand atteignait une deuxième Q3 en trois épreuves. En course, Nico Hülkenberg a ensuite navigué la majorité du temps dans le top 10, sans commettre la moindre erreur – contrairement là encore à son coéquipier, qui finit la course dans le mur, provoquant le chaos final. Un chaos dont sut d’ailleurs profiter Nico Hülkenberg, qui ramenait une nouvelle 7e place en carrière à Melbourne (sa cinquième en six courses ici). Günther Steiner peut sourire : c’est exactement pour ce genre de copie qu’il a engagé ce pilote d’expérience…

Quant à Lando Norris, il a aussi réalisé une très solide prestation, finalement très classique pour lui : une prestation clinique en milieu de grille. Le samedi, le Britannique amenait sa McLaren aux portes de la Q3, tandis que son coéquipier Oscar Piastri restait bloqué en Q1. En course, il a évolué là où sa McLaren le méritait, ou peut-être un peu plus haut, aux portes du top 10 (il a notamment pu retenir plus longtemps qu’on le pensait la Red Bull de Sergio Pérez). Le chaos final lui permet bien sûr de récolter une 6e place un peu flatteuse, mais qui récompense aussi ses beaux dépassements, notamment d’ailleurs face à Nico Hülkenberg.

Top n°3 : Alexander Albon – jusqu’à sa sortie de route

Quel dommage que sa violente sortie au virage 5 ait compromis un week-end jusqu’ici pas loin d’être exceptionnel... Car une fois de plus Alexander Albon a brillé dans sa Williams F1, avant sa fatale erreur… En qualifications, le Thaïlandais récoltait la 8e place, excusez du peu, battant à la régulière Pierre Gasly ou Nico Hülkenberg. Il s’agissait de la meilleure qualification de Williams depuis 2021.

En course, à la faveur de l’abandon de Charles Leclerc, et d’un bon départ, Albon pointait ensuite jusqu’à la 6e place : il aurait ainsi pu potentiellement viser de très gros points, notamment parce que sa Williams, très rapide dans le deuxième secteur, était bien difficile à doubler en lignes droites.

Juste et lucide envers lui-même, Alexander Albon savait ainsi qu’il était passé à côté de quelque chose d’important ce week-end : « C’est frustrant car j’ai perdu la voiture alors que je n’allais pas aussi vite qu’a tour précédent, mais je suis allé un peu au large au virage 5 et la moindre glissade est punitive avec ces pneus. Il y avait une possibilité de marquer des points aujourd’hui et nous devons vraiment profiter de la moindre opportunité qui se présente. Je suis donc vraiment en colère contre moi-même. »

Les flops

Flop n°1 : 0 pointé pour la Scuderia

L’an dernier à Melbourne, Charles Leclerc remportait sa victoire la plus dominatrice de l’année, pendant que Max Verstappen abandonnait (en compagnie de Carlos Sainz, en difficulté). Cette année, le sort fut tout autre pour la Scuderia. En qualifications tout d’abord, les performances de la voiture rouge n’étaient pas à la hauteur des précédents Grands Prix : alors qu’il inquiétait Max Verstappen précédemment, Charles Leclerc ne finissait que 7e. Quant à Carlos Sainz, il sauvait une 5e place bien modeste. Les Mercedes et l’Aston Martin F1 de Fernando Alonso passaient donc devant la Ferrari en performance pure. Notons d’ailleurs que cette mauvaise performance du samedi s’accompagna d’une apparente mésentente entre Charles Leclerc et Carlos Sainz (le premier accusant le second de l’avoir gêné aux virages 3 et 4, sur un ton un peu ironique) : pour ne rien arranger, l’ambiance se tendait donc un peu entre les deux garages…

En course, que dire ? Pour sa cinquième fois en carrière, Charles Leclerc n’a pas vu la fin du premier tour. Quant à Carlos Sainz, après avoir affiché un rythme prometteur, il montrait que la Ferrari (tout du moins la sienne ?) n’avait tout de même pas les armes pour lutter exactement avec Lewis Hamilton ou Fernando Alonso. L’Espagnol fut enfin victime du chaos du deuxième drapeau rouge : il fut sanctionné d’une pénalité de temps pour avoir percuté son compatriote d’Aston Martin F1, étant du même coup relégué hors des points.

Carlos Sainz a beau avoir qualifié cette pénalité de « plus injuste de sa carrière » ; il a beau avoir été soutenu par Fernando Alonso lui-même, qui a trouvé la pénalité « injuste » ; il n’en demeure pas moins que le résultat final est un fiasco sur toute la ligne pour Ferrari. Moins performante, de plus victime des incidents de course, la Scuderia repart de Melbourne avec un gros retard sur le top 3 au classement des constructeurs et beaucoup de doutes.

Flop n°2 : Alpine perd tout… mais pas l’espoir

Le pire des scénarios pour une équipe de F1 est de voir ses deux pilotes se rentrer dedans, alors qu’ils étaient dans les points. Ce scénario du pire s’est hélas produit pour Alpine à Melbourne. Pierre Gasly et Esteban Ocon pouvaient espérer marquer une bonne douzaine de points à eux deux, quand le chaos du départ les a piégés.

Certes, Gasly s’est excusé envers Ocon pour l’avoir un peu tassé ; certes Ocon aurait pu être plus prudent également, comme on doit l’être lorsqu’on se rend compte qu’on approche d’une situation dangereuse avec son coéquipier. Mais il est inutile non plus d’en faire des montagnes sur le prétendu premier épisode d’une mésentente Ocon-Gasly. Les deux pilotes Alpine F1 ont rapidement discuté pour éteindre tout malentendu.

Inutile non plus de désespérer chez Alpine après ce premier Grand Prix : oui, McLaren repasse à la 4e place au classement des constructeurs, certes, de gros points ont été perdus ; mais ce qu’on peut retenir aussi, c’est que le rythme de course de Pierre Gasly était très solide : le français tenait en effet le rythme de Lance Stroll ou Carlos Sainz. Avec une course au déroulement plus propre, la moisson de points finira forcément par arriver.

Flop n°3 : La douche froide pour Pérez

La veille du week-end à Melbourne, Pérez affichait ses grandes ambitions face à Max Verstappen cette année. Le Mexicain se disait désormais autant soutenu que son coéquipier chez Red Bull et croyait en ses espoirs de titre : « Je le crois pleinement. Je suis convaincu que lorsque je suis arrivé dans l’équipe, les choses étaient très différentes. En fait, ils faisaient des courses avec deux voitures parce qu’ils devaient le faire, vous savez. (…) Aujourd’hui, je peux dire que je me sens vraiment intégré à l’équipe, que j’ai l’impression d’avoir ma place et d’être respecté. Si je veux gagner le championnat, je dois battre Max week-end après week-end et garder ce niveau de régularité tout au long de la saison... »

De tels propos résonnent bien sûr autrement après ce week-end à Melbourne. Auteur d’une sortie de piste en Q1, Sergio Pérez a compromis ses espoirs de podium, et se voit infliger un 25-11 par son coéquipier Max Verstappen, qui fait ainsi le trou au classement.

Quant au soutien de son équipe, on a vu mieux : alors qu’il affirmait avoir subi un problème (transmission ?) expliquant sa sortie de piste en Q1, Sergio Pérez a été recadré par Helmut Marko par la suite. Démentant, en public, les explications de son coéquipier, Marko a accusé Checo d’avoir commis une faute de pilotage : « Peut-être que ce n’était pas un réglage optimal, mais Checo était trop impétueux et c’était glissant avec des pneus froids. Nous avons eu un problème avec le frein moteur lors des troisièmes essais, mais il n’y en avait plus en qualifications. Malheureusement, il l’a simplement mal évalué. Nous ne parlons pas de problèmes de fiabilité, mais plutôt de paramètres détaillés pour la cartographie du moteur. Cela n’a rien à voir avec la fiabilité ou avec des problèmes. » Voici pour l’état du soutien de Pérez chez Red Bull – le Mexicain a ainsi peut-être perdu plus que 14 points mais aussi une sorte de crédibilité…

On demande à voir…

La FIA en fait-elle trop pour le spectacle ?

La F1 a certainement donné d’elle une image brouillonne et désordonnée en fin de Grand Prix en Australie. La décision de brandir un drapeau rouge suite au crash de Kevin Magnussen (deuxième drapeau rouge), à trois tours de l’arrivée, a ainsi provoqué un chaos indescriptible par la suite ; une longue interruption de course à nouveau ; une attente d’ailleurs interminable pour les spectateurs (notamment en cet horaire matinal), attente prolongée par les polémiques et réclamations d’après-course, notamment de Haas.

Après l’épreuve, des pilotes, comme Lando Norris, ont critiqué la recherche du « show » à tout prix de la F1. George Russell a estimé également que le deuxième drapeau rouge n’était « pas nécessaire » et que la course aurait pu se terminer sous voiture de sécurité. En effet, rien n’obligeait la FIA à brandir ce drapeau rouge. Rappelons ici le précédent du Grand Prix de Brésil 2012 : cette course dantesque en fin de championnat s’était conclue sous une voiture de sécurité après le crash de Paul di Resta, et personne ne s’en était plaint longtemps.

Pour autant, est-il possible de trouver des circonstances atténuantes à la F1 et la FIA ? Tout d’abord ne confondons pas : c’est bien la FIA et non Liberty Media (la FOM) qui prend la décision de brandir le deuxième drapeau rouge. Ce n’est donc pas Liberty Media qui dicte à la FIA ce qu’elle doit faire en Grand Prix directement. Rappelons aussi que même avant Liberty Media, Bernie Ecclestone proposait déjà de mouiller artificiellement les pistes pour créer du spectacle, ou de doubler les points du dernier Grand Prix (ce qui fut fait à Abu Dhabi 2014). Ensuite, ce drapeau rouge n’a rien d’illégal : comme l’a rappelé Toto Wolff, la F1 a bien respecté le règlement. Le Grand Prix à Bakou à 2021 s’était également terminé dans les mêmes conditions et sans moins de polémique – parce qu’il n’y avait pas eu de gros crash. Enfin, la FIA n’est pas seule coupable : les équipes ont maintes fois répété leur envie de ne pas conclure une course sous voiture de sécurité.

La décision de la FIA de brandir le deuxième drapeau rouge et de provoquer un départ lancé n’a donc, en soi, rien d’illégale ou d’absolument scandaleuse. La question peut cependant se poser : à force de vouloir privilégier le suspense ou le spectacle, la FIA ne se tire-t-elle pas une balle dans le pied ? Les spectateurs ne vont-ils pas finir par se lasser de ce spectacle un peu artificiel (à voir les réactions en tribune à Melbourne, on n’y est pas encore) ? Surtout les fans de la vieille école ne vont-ils pas finir par déserter ? Est-ce enfin bien raisonnable de provoquer de tels départs arrêtés en période de budgets plafonnés ? Peut-être faudrait-il instaurer une règle : interrompre la course, empêcher qu’elle se termine derrière une voiture de sécurité, mais choisir un départ lancé derrière une voiture de sécurité plutôt qu’un départ arrêté…

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