La F1 aurait-elle pu précipiter un nouveau règlement moteur pour retenir Honda ?

La F1 a-t-elle un coup de retard en termes technologiques ?

Par Alexandre C.

10 octobre 2020 - 12:04
La F1 aurait-elle pu précipiter un (...)

Si Honda a quitté la F1, c’est certes en raison de la crise du coronavirus, mais aussi parce que le motoriste japonais n’était pas convaincu par le règlement hybride actuel, du point de vue de la durabilité. Et cela pose un risque fort pour l’avenir des motoristes restants : car ne pourraient-ils pas aussi décider, du jour au lendemain, d’abandonner la F1 ? Ne faudrait-il pas finalement faire évoluer le règlement avant 2026 (un horizon peut-être trop lointain) ?

Interrogé sur cette possibilité, Toto Wolff a jeté un froid : changer le règlement maintenant, cela voudrait dire dépenser beaucoup plus d’argent en pleine crise… Et même si ce changement avait été anticipé, cela n’aurait rien changé à l’équation.

« Aurions-nous dû modifier les règlements ? Le problème est que si nous les avions modifiés plus tôt, cela aurait signifié un investissement supplémentaire pour nous tous, qui n’aurait pas été durable... et après quelques années, trois ou quatre ans, il faudrait tout recommencer. Là où nous nous sommes tous retrouvés : Honda, Ferrari, Renault et nous-mêmes, c’était pour dire qu’après 2025, ce serait le bon moment. Il est certain qu’un plafond des coûts et une sorte de gel doivent être introduits plus tôt - en gardant à l’esprit que nous avons besoin d’une situation où tous les moteurs sont à peu près égaux. Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où nous gèlerions les groupes motopropulseurs et où il y aurait de grandes différences de performances. »

« Mais à l’avenir, nous devons tous nous asseoir autour d’une table, discuter de la technologie la mieux adaptée au monde réel ; et nous demander comment pouvons-nous simplifier la technologie afin de dépenser moins ? Pour avoir ensuite un nouveau format que tout le monde achètera à partir de 2026. »

Du côté de Ferrari, Mattia Binotto partage l’avis de son homologue : le timing de la F1 est le bon, notamment d’un point de vue sportif, quand l’on pense à la performance et à la convergence des moteurs.

« Je pense que le timing n’était pas assez mûr pour changer complètement de format plus tôt. Je pense que nous avons pris des mesures importantes entre-temps, tout en essayant de gérer la situation, qui ont été des réductions de coûts par le biais de restrictions sur le banc d’essais et, d’une manière ou d’une autre, nous avons aussi décidé le gel partiel du groupe motopropulseur lui-même au cours des prochaines saisons. Je pense que la convergence était l’une des autres questions, ; elle est, je pense, en train de se produire et se produira dans les prochaines années. Si nous avions fini par changer, cela ne se serait pas produit dans les délais prévus, ce qui, une fois de plus, devrait être une bonne raison de ne pas changer à ce moment-là. »

« Et nous ne devrions même pas oublier que, de toute façon, les règlements relatifs à l’unité de puissance sont encore en train de changer. Nous avons le carburant E10 pour 2022 et nous faisons pression pour un carburant plus durable avant 2026, donc je pense qu’en termes de durabilité, nous faisons beaucoup pour le groupe motopropulseur et pour la F1 à partir de 2026. Et puis nous avons pris des mesures pour contenir les coûts et je pense que la convergence se fera. Il n’est donc pas vrai que le simple fait de changer plus tôt aurait été la bonne chose à faire, car je pense qu’en termes d’utilité pour l’automobile, il était finalement trop tôt pour comprendre. »

Cyril Abiteboul ne veut lui "pas vivre avec des regrets" : le retrait de Honda ne doit pas conduire le sport à évoluer dans l’urgence. Que faudrait-il alors faire pour l’avenir, si l’on prend le temps de se poser ?

« La Formule 1 doit être maîtresse de son propre programme et avoir son propre planning sans être sous la coupe de quelqu’un en particulier, et je ne parle pas seulement de Honda, je parle de n’importe quelle entreprise dans ce sport. Nous sommes dix équipes, plusieurs constructeurs. »

« Mais nous devons également aller de l’avant. Je pense que ce qui importe le plus est que nous définissions quelle est la bonne technologie pour la prochaine génération. De nombreuses technologies sont en train d’émerger. Nous voyons que le monde de l’automobile est plein de doutes. Il y a quelques années, nous ne parlions pas de l’hydrogène. C’est une nouvelle chose qui se profile. Sera-t-il adéquat ou approprié pour la Formule 1, qui sait, je ne sais pas. Je pense qu’il est important de se poser un peu, d’attendre pour prendre la bonne décision. »

« Mais cela dit, une chose que nous pourrions peut-être faire est de créer un groupe qui pourrait être un groupe commun de personnes, d’experts, entre tous les motoristes, tout comme nous avons travaillé sur les respirateurs pour COVID. C’était incroyable de voir cette collaboration entre les équipes. C’est quelque chose que nous pourrions faire pour faire des recherches avancées, des études avancées pour la prochaine génération de moteurs afin de s’assurer que ce soit bon en termes de spectacle, en termes de coût, comme Mattia l’a mentionné, en termes de compétitivité et en termes de plate-forme de marketing, et nous devrions le faire le plus tôt possible. »

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