Fin des couvertures chauffantes : la F1 est-elle prête pour le grand saut ?
Verdict d’ici la fin du mois
Des jours décisifs s’annoncent pour Pirelli et la F1 à Silverstone : ce mardi et ce mercredi, à la suite du Grand Prix, des tests décisifs de pneus sans couvertures chauffantes auront lieu (les derniers tests avant la prise de décision finale par la Commission F1, le 31 juillet).
Le but sera de valider (ou pas) le bannissement des couvertures chauffantes pour l’an prochain. Et il y a du monde à convaincre puisque des équipes comme Mercedes et Red Bull sont contre cette interdiction, notamment pour des raisons de sécurité (pneus trop froids en tour de sortie) ou de spectacle (fin de l’effet de l’undercut, stratégies plus prévisibles).
Mario Isola, qui doit convaincre les équipes et les pilotes de la qualité de son produit, est à la manœuvre pour faire face aux critiques.
Tout d’abord, le responsable de Pirelli a fait un point sur le processus qui devra mener à l’homologation de ces pneus.
« Nous avons un test mardi et mercredi. Ce n’est pas le test final car nous avons d’autres tests pour le reste de la saison. »
« Mais, après ce test de Silverstone, la Commission F1 va décider si, pour 2024, nous interdisons les couvertures ou non. »
« Ce que nous faisons, c’est qu’après le test, nous rédigeons un rapport, un résumé exécutif pour les directeurs d’équipe afin qu’ils n’aient pas à lire les 40 ou 50 pages. »
« Il ne s’agit que de trois pages avec un résumé, qui sera le résumé du test. »
« Évidemment, nous fournirons également toutes les données aux experts en pneumatiques des équipes. Ensuite, j’espère qu’ils décideront, sur la base de ces données, si nous voulons continuer une autre année avec les couvertures. »
Mais la question qui se pose est la suivante : la F1 est-elle vraiment prête pour mettre fin aux couvertures chauffantes ? Les commentaires des pilotes n’allaient pas dans ce sens.
« Cela dépend de ce que vous entendez par prête. »
« On ne peut pas s’attendre à ce que la phase de chauffe soit exactement la même, alors qu’aujourd’hui, les pneus sont chauffés à 70 degrés. »
« Nous n’avons pas eu la possibilité de tester les pneus dans toutes les conditions, parce que nous n’avons pas de conditions froides en ce moment. Et quand nous avons testé dans des conditions plus froides, comme avec Mercedes au Paul Ricard au début de la saison, nous n’avions pas les composés qui étaient la version finale du composé. »
« Nous en étions aux premiers stades du développement, donc le fait est que nous devons accepter que, lorsque les pneus sont utilisés sans couvertures, ils sont différents. »
Mario Isola comprend-t-il aussi les inquiétudes sur le risque d’uniformiser les stratégies en course, en réduisant l’efficacité des arrêts aux stands (puisque la phase de chauffe sera plus longue) ?
« Nous devons comprendre les problèmes qui ont un impact sur les stratégies de course parce que, évidemment, nous ne voulons pas que le spectacle soit affecté par la nouvelle situation. »
« Mais l’orientation que nous avons convenue avec toutes les parties prenantes de la F1 est de réduire l’impact sur l’environnement pour rendre le sport plus durable, et c’est ce que nous faisons. »
Vasseur aimable avec Pirelli, mais plutôt sceptique
Ferrari faisait partie des équipes ayant testé les Pirelli sans couvertures chauffantes, en début d’année à Bahreïn, avec donc des pneus « première version ».
Frédéric Vasseur était-il convaincu par ce qu’il avait vu au terme du test ? Est-il pour le bannissement des couvertures chauffantes dès l’an prochain ? On sent beaucoup de scepticisme chez lui !
« Il est un peu trop tôt parce que nous n’avons pas reçu le rapport [post-Silverstone], mais je pense, comme Mario, que dans des circonstances normales, cela peut bien se passer. Nous avons fait le test - je pense que c’était à Bahreïn - et il s’est plutôt bien déroulé. »
« Mais le problème n’est pas celui-là : le problème est lorsque nous irons sur une piste générant peu d’énergie [dans les pneus], lorsque l’on aura des conditions froides, dans des conditions extrêmes. Par exemple, Las Vegas, si vous y allez, que vous courez la nuit et qu’il fait 4°C, qu’est-ce qui pourrait sortir de ça ? »
« Je pense que dans 95 % des conditions, tout ira bien et Pirelli fait du bon travail. Honnêtement, quelques équipes ont fait le test et que cela s’est plutôt bien passé. »
« Mais nous ne sommes pas en mesure d’anticiper ce que pourrait être la situation dans des conditions extrêmes, et nous devons attendre le rapport de Pirelli. »
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