Ferrari et Mercedes haussent le ton contre les projets de standardisation en F1
Encore beaucoup de chemin à faire pour finaliser le règlement 2021
Lors d’une sortie remarquée, Günther Steiner, le directeur de Haas, a indiqué que la standardisation partielle des monoplaces pour 2021 « ne ferait plus sens » si les budgets plafonnés étaient effectivement mis en œuvre. Günther Steiner craint que la F1 perde un aspect fondamental de son ADN, au risque de devenir une formule monotype.
Claire Williams, dirigeante d’une autre équipe privée, est apparue, en désaccord avec l’opinion exprimée par Günther Steiner. Selon elle, la standardisation est aussi essentielle pour réduire les coûts et les écarts de performance sur la grille.
« Nous sommes vraiment d’accord avec le principe de budgets plafonnés. Et la standardisation de pièces, qui permettrait d’économiser des coûts, ou d’optimiser les dépenses, nous y sommes aussi très favorables. »
« Je suis aussi très en faveur de ce que la FIA et la FOM ont suggéré » appuie Franz Tost, le directeur de Toro Rosso. « J’espère que tout cela arrivera avec le règlement 2021. Pour moi, c’est clair, il n’y a rien de plus à dire. »
Pour Mattia Binotto, c’est clair aussi : mais à l’inverse de Toro Rosso ou de Williams, Ferrari n’a jamais été en faveur d’une standardisation accrue en F1. Aujourd’hui encore, Mattia Binotto demeure très sceptique et invoque plus l’argument – prétexte ? – de la fiabilité à son secours.
« Ce que Günther Steiner a dit n’est pas un point de vue nouveau pour Ferrari, et ce depuis le début. Nous avons milité d’abord pour la standardisation, parce que s’il y a des budgets plafonnés pour contrôler les coûts, au bout du compte, vous pourriez aussi standardiser des pièces. Mais les budgets plafonnés définiront, au moins pour les écuries de pointe, le niveau de dépenses pour une saison. Alors, nous croyons que la standardisation peut être un risque pour la F1 dans le futur. D’abord parce que vous ne connaissez pas la fiabilité des pièces standardisées dès le début. En F2, avec l’embrayage standardisé, durant beaucoup de courses, ils devaient simplement partir derrière la voiture de sécurité, parce que cette pièce n’était pas assez fiable. Donc on pourrait accepter la standardisation, mais il faudrait d’abord s’assurer que les pièces soient fiables, que le niveau de qualité soit le bon, que le niveau de performance soit ce que vous attendez d’une F1. »
« Et surtout, il faut s’assurer que nous n’ayons pas de coûts indirects causés par le développement simple d’un composant standardisé. Nous pensons que la plupart des éléments proposés pour 2021 nous imposeront de redesigner notre voiture. Il faudra donc s’assurer que le nouveau composant, quel qu’il soit, fonctionne comme il le faut, sans coûts supplémentaires. »
Günther Steiner a-t-il été convaincu, dans sa position, par quelques arguments bien placés de la part de Mattia Binotto ? On ne le saura pas…
Encore consultant technique pour quelques semaines de Mercedes, une autre écurie de pointe, Aldo Costa rejoint, sans surprise, le point de vue des « gros » : la standardisation ne serait pas une bonne idée pour la F1.
« Nous acceptons les budgets plafonnés. C’est une mesure qui impactera le développement de notre équipe – comme Ferrari et Red Bull. Et je ne sais pas quelle autre équipe sera aussi concernée. »
« Donc nous acceptons ce défi. Mais j’exprime la même inquiétude que Mattia sur la standardisation. Nous devons nous assurer que les pièces concernées soient fiables. Elles requerront beaucoup de travail de design, donc nous ne sommes pas convaincus qu’il y aura une réelle réduction des coûts. La réduction des coûts peut être négligeable. Mais les budgets plafonnés, ce sera vraiment quelque chose d’assez important pour les écuries de pointe. »
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