Comment gérer le stress en F1 ? Krack explique sa méthode chez Aston Martin
Rester hyperconcentré sans paniquer…
Au vu des faibles écarts sur la grille en F1, rester absolument concentré en week-end de Grand Prix, et même en dehors, est primordial ; car dans ce sport, tout est une affaire de détails.
« Ces marges sont si étroites que tout ce qui n’est pas parfait vous fait repartir du circuit avec moins que ce que vous espériez » confirme Mike Krack, le patron d’Aston Martin F1.
« Si un mécanicien ou un ingénieur en piste manque d’hyperconcentration, nous perdons ; si un membre du département de conception, de fabrication, de contrôle de la qualité ou de l’un des 20 autres départements n’est pas hyperconcentré, nous perdons. Mon travail consiste à m’assurer que nous ne perdions pas. »
Puisqu’il est en tout haut de la hiérarchie, Mike Krack est celui qui doit montrer l’exemple en la matière. Il doit s’assurer que tout le monde reste concentré de très près, tout en devant rester lui-même ’focus’ 100 % du temps.
« Créer un état d’esprit gagnant commence par le haut ; je reconnais que j’ai la responsabilité de donner le bon exemple. Sur le muret des stands, vous êtes résolument sous le regard du public et votre langage corporel importe. Si l’équipe me voit fuir comme un chien battu, le moral s’en ressent. Lorsque les choses ne vont pas bien - et c’est parfois le cas - il faut redresser les épaules, relever le menton et adopter une attitude qui montre que nous allons nous sortir de cette situation et nous battre. »
« En tant que membre de notre équipe de direction, je passe beaucoup de temps à donner de grandes directions de travail, pour voir où nous devons concentrer notre attention - en général, les domaines qui vont fournir le plus de performances. Et je signale que l’on attend de chaque secteur de l’équipe en termes de contribution. Une fois cela fait, la partie la plus importante de la tâche consiste à faire confiance aux personnes que nous avons mises en place. On essaie d’identifier les forces et les faiblesses, mais on ne peut pas faire de microgestion. »
« Le meilleur antidote est l’expérience. Ceux qui gagnent depuis longtemps sont moins nerveux et moins émotifs. Ils sont moins distraits par le contexte. En l’absence de cette expérience, la meilleure approche consiste à reconnaître l’existence de distractions, à s’assurer que les gens ont la possibilité de les accepter et à travailler très dur pour que l’équipe ait la capacité de se recentrer rapidement lorsqu’elle doit se mettre au travail. »
Il existe cependant un véritable dilemme dans cette "mission concentration", relève Mike Krack. Les humains ne sont pas des robots et les erreurs existent, c’est d’ailleurs ce qui constitue la beauté du sport...
« Il y a une contradiction inhérente à tout cela. Nous voulons que les gens soient hyperconcentrés, capables de faire leur travail sans passion et sans distraction - mais en même temps, nous voulons être une équipe de personnes passionnées, engagées et émotionnellement impliquées. »
« Nous ne voulons pas transformer les gens en robots. Si nous avions 22 robots pour faire un arrêt aux stands, qui y gagnerait ? Ni les supporters, ni l’équipe, qui se nourrit de l’adrénaline de la performance. En fin de compte, il s’agit d’un sport et les gens sont censés l’apprécier, mais c’est un exercice d’équilibre difficile : apporter de la passion à ce que l’on fait, mais quand vient le moment de l’exécution, être capable de faire preuve d’impartialité. »
« Notre équipe, comme toutes les autres, est composée de spécialistes. Mon travail consiste à leur ouvrir la voie. Nous pouvons leur donner des objectifs, nous assurer qu’ils disposent des ressources nécessaires pour les atteindre et créer un environnement dans lequel ils peuvent se concentrer sur leur travail, sans être distraits. Nous ne sommes pas là pour leur dire comment faire leur travail. »
Comment gérer le stress en F1 ?
Pour gérer ce stress au quotidien, Mike Krack doit donc se faire "super DRH", et créer une culture d’entreprise, un environnement propices à la réflexion calme et à la prise de risque.
« De nombreuses données suggèrent que l’innovation n’est possible que lorsque l’on crée des environnements sûrs et que l’on promeut une culture qui encourage les gens à poursuivre de nouvelles idées et à essayer de nouvelles choses - même si elles ne fonctionnent pas. »
« Les personnes trop stressées ne sont pas créatives. Elles exécutent, mais n’innovent pas. »
« Nous devons fournir le type d’environnement qui permet aux gens d’être innovants. Notre nouveau campus technologique AMR offre de nombreux espaces ouverts et lumineux, ainsi que des forums pour discuter et propager des idées, afin d’encourager cette démarche. Nous devons disposer des meilleurs outils et être toujours à la pointe de la technologie, mais cela va de soi. Au cours des prochaines années, la mise en place d’un environnement adéquat sera l’un des principaux champs de bataille de ce sport. »
Il faut enfin savoir couper au bon moment – et couper pour de bon…
« Pendant deux semaines en août et une semaine en décembre, la quasi-totalité de la communauté de la F1 part en vacances. Il serait tentant de travailler 365 jours par an, et de nombreuses personnes ne prendraient jamais un jour de congé, convaincues que tout temps passé loin de leur bureau ne fait que donner un avantage à la concurrence. C’est une mentalité que nous nous efforçons de décourager, car le travail ne consiste pas à produire, mais à obtenir des résultats. »
« Pour cette équipe, nous restons hyper concentrés sur la réalisation de nos ambitions, sur la piste et en dehors. »
Aston Martin F1 Team
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