Budgets plafonds, halo, Covid : les dernières prises de position publiques de Mosley

Un visionnaire trop en avance, ou trop peu efficace ?

Par Alexandre C.

26 mai 2021 - 18:18
Budgets plafonds, halo, Covid : (...)

Depuis au moins un an, Max Mosley était gravement malade, atteint d’un cancer, et il n’était ainsi pas surprenant de voir sa parole médiatique (déjà relativement rare après 2009) se tarir plus encore ces derniers mois. Néanmoins l’ancien président de la FIA avait continué, par moments, de faire part de sa vision de la F1, sur des sujets bien différents.

Face à la pandémie

Max Mosley avait ainsi donné son avis sur la manière avec laquelle la F1 devait affronter la situation pandémique, au printemps 2020. Le Britannique, en avril, avait fait part de ses conseils appuyés sur sa longue expérience à Jean Todt et à Liberty Media, qui devaient alors affronter les annulations de Grands Prix en cascade, au pic de la pandémie.

La solution proposée par Mosley était radicale mais avait au moins le mérite de la clarté : annuler la saison de F1 au plus vite. A noter d’ailleurs que cette solution était la même que celle retenue par Bernie Ecclestone, son grand ami.

« La situation risque de s’aggraver si nous attendons » déclarait Mosley. « Il n’y a aucune garantie quant au fait que nous pourrons courir en juillet, c’est très incertain. Si nous annulons la saison maintenant, ce sera plus clair pour les équipes et les organisateurs de Grands Prix qui pourront s’organiser et planifier le futur. Tant que nous ne savons pas ce que la pandémie va faire mondialement, il est impossible de faire des plans rationnels pour la F1. Il vaut mieux pour la Formule 1 utiliser ce temps pour préparer un avenir plus stable et solide pour les années à venir. »

Avec le recul, il est facile de mesurer que la solution Mosley-Ecclestone était la mauvaise, et que Chase Carey et Liberty Media ont bien fait de s’employer pour que malgré tout, une saison de F1 ait lieu. La saison 2020 non seulement a permis d’offrir quelques premières remarquables, comme bien sûr la victoire de Pierre Gasly à Monza ; mais elle a aussi et peut-être surtout de sauver les meubles sur le plan budgétaire, ce dont Alfa Romeo, McLaren, Haas ou Williams avaient tout simplement besoin pour survivre.

Les budgets plafonnés, l’héritage de Mosley.

Sur le plan financier justement, en février 2020, Mosley avait également donné son opinion sur l’introduction des budgets plafonnés en F1, à hauteur de 145 millions de dollars. Todt et surtout Liberty Media avaient ainsi réussi là où Mosley avait par le passé échoué. Il faut se rappeler en effet qu’en 2009, face à la pression des écuries de pointe notamment (avec la menace d’un championnat parallèle qui planait), Mosley n’avait pas réussi à mettre en place son projet de plafond budgétaire à hauteur de 133 millions de dollars.

En avril 2020 pourtant, il se refusait à totalement donner crédit à Todt et Liberty Media. En effet il pointait du doigt les nombreuses exceptions de ces budgets plafonnés (salaires des pilotes, développement de l’unité de puissance, budgets marketing, frais financiers…). Pour lui, les budgets plafonnés étaient donc une fausse réussite de Liberty Media : « Le problème des inégalités ne peut pas être résolu de cette manière car les budgets proposés restent hors de portée de la plupart des petites équipes. Il y a aussi trop d’exceptions aux règles proposées pour le plafond budgétaire. »

En 2019 encore, Mosley présentait ce qui serait le plan idéal selon lui que Liberty Media a en effet échoué à mettre en œuvre : « Les équipes avec beaucoup d’argent ne veulent pas abandonner leur avantage sur celles qui ont moins de budget. Si vous employez trois fois plus de monde, c’est comme courir avec un meilleur moteur. Ces équipes n’accepteront jamais un budget plafonné. Si j’étais un dictateur, ce que je n’ai jamais été, je prendrais l’argent de la FOM et je donnerais, c’est un chiffre au hasard, 60 millions de dollars à chaque équipe. L’argent des sponsors que les équipes reçoivent serait leur bénéfice. »

S’il faut reconnaître que Mosley s’est beaucoup battu pour les budgets plafonnés, sans doute qu’il était peut-être encore un peu tôt, en 2009, pour parvenir à ses fins.

La F1, un sport de riches ?

Un autre échec, et un autre regret de Mosley sur sa carrière, que l’ancien président de la FIA a pu évoquer relativement récemment (début 2020), concernait l’accessibilité financière de la F1 pour les jeunes pilotes. Un sujet que Lewis Hamilton a évoqué récemment en affirmant que la F1 était devenue un « club pour petits garçons milliardaires. »

« Je suis sûr qu’il y a beaucoup de talents qui n’ont jamais eu leur chance » regrettait lui aussi Mosley. « J’ai manqué d’établir, en tant que président de la FIA, un chemin direct pour les pilotes du karting à la Formule 1, avec des moyens qu’une famille normale puisse avoir. »

Mosley proposait sa solution : instaurer une formule de promotion donnant des points de Super Licence, et bien moins onéreuse que la F2. « J’ai fait face à une résistance massive, et même des litiges. Mais j’aurais dû le faire quand même » concluait-il.

Un partisan du halo

Enfin concernant le halo, Mosley avait aussi donné son opinion en 2019 et venant de quelqu’un qui avait beaucoup fait pour la sécurité, cet avis n’était pas très étonnant. Très personnelle, la prise de position de Mosley était ainsi claire et tranchée : « Je n’ai pas assisté à une course depuis 2009, mais j’en regarde beaucoup à la télé. Je dois dire que sans le Halo, les voitures semblent vieilles maintenant. Depuis les années 60, j’entends que ce sport est de plus en plus sûr et que l’argent joue un rôle de plus en plus important, ce qui gâche le plaisir. La Formule 1 devient pourtant de plus en plus populaire. Je conseille aux gens qui glorifient le risque d’aller à un enterrement. Il n’y a rien de pire que de vivre le décès d’un jeune sportif. »

Visionnaire sur bien des points (budgets plafonnés, accès de la F1 aux jeunes pilotes, sécurité du sport), Mosley aura peut-être été trop en avance sur son temps, sans avoir les moyens de mettre en place ses idées. A-t-il aussi manqué de pouvoir de négociation ? D’autorité face à la FOM ou les écuries de pointe ? Difficile de le dire sans connaître exactement les coulisses du sport…

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