Alpine F1 a contourné le marsouinage avec une part de chance
Une conception réussie mais un phénomène non anticipé
Alors que le marsouinage a été l’un des problèmes principaux pour certains teams, et qu’il l’est encore pour des équipes comme Mercedes F1, d’autres structures ont réussi à s’en défaire ou à mieux le gérer.
C’est le cas de Ferrari, dont la F1-75 marsouine sans que ça ne semble poser problème, ou d’Alpine F1, qui est parvenu à maîtriser ce phénomène. L’équipe parvient même à comprendre comment elle le déclenche sur sa monoplace.
Pat Fry, directeur technique en chef de l’équipe française, explique qu’il a déjà dû composer avec ce phénomène en 1987. L’effet de sol avait été banni depuis plusieurs années, mais un léger effet similaire se retrouvait sur la monoplace.
"En 1987, les jupes avaient été interdites sur le côté de la voiture" explique Fry à Racing News 365. "Mais elles étaient sur les dérives verticales de l’aileron avant, donc nous avions, dans une certaine mesure, cette partie du marsouinage."
Les pontons larges aident à limiter le marsouinage
Cependant, Fry ne s’imaginait pas que l’Alpine A522 et les monoplaces 2022 soient sujettes à ce phénomène inattendu. Rien ne laissait présager que les nouvelles Formule 1 soient victimes de ce problème, y compris dans les équipes qui l’ont maîtrisé.
"Je pense que le marsouinage et sa gravité ont pris tout le monde par surprise. Nous n’avions certainement pas modélisé cela ou eu ces problèmes dans le simulateur, mais je pense que la façon dont nous avons conçu notre voiture nous a rendu beaucoup moins sensibles que les autres."
Les différences de design entre les monoplaces ont joué sur le marsouinage, et la largeur du capot moteur et des pontons a eu un rôle à jouer sur l’ampleur du problème, selon les équipes, ce que l’on voit chez Mercedes F1, qui en souffre avec ses pontons étroits.
Les équipes ont pu essayer de le limiter avec des renforts entre les pontons et le plancher, mais les voitures à la partie arrière fine n’en ont pas bénéficié grandement : "Si vous regardez les autres voitures, elles étaient absolument horribles en matière de marsouinage. Il est clair que c’est une question d’aérodynamisme."
"Ceux qui ont opté pour un profil de bouteille de coca très étroit, ne peuvent pas avoir de renforts très éloignés. Il faut donc ajouter des kilos au plancher pour le rigidifier, et ils ne l’ont pas fait. Nous avons un profil de bouteille de coca assez large, ce qui nous facilite la tâche."
Un coup de chance dans la conception de l’Alpine A522
Alpine F1 a notamment pu limiter ce problème grâce à une conception de plancher plus rigide, qui était un parti pris dans la philosophie de la voiture. Grâce à la marge dont elle dispose face au règlement, l’équipe parvient à équilibrer au mieux la flexibilité de son plancher, une des causes du marsouinage.
"Nous avons également ajouté beaucoup de poids, ce qui fait que, lors des tests de charge et déflexion pour la FIA, qui sont, au hasard, de 20 millimètres pour une certaine charge, nous sommes 10 fois plus rigides qu’il ne le faudrait !"
"Toute cette rigidité supplémentaire ne vous donne pas l’aérodynamisme. En plus de la caractéristique aéro de base, vous avez toute cette flexion et je suis sûr que, dans une certaine mesure, c’est ce qui a surpris beaucoup d’autres équipes."
Cette rigidité du plancher de l’A522 permet à Alpine de rouler proche du sol sans subir le marsouinage, mais Fry admet qu’éviter ce problème n’était pas volontaire : "Nous recherchions la rigidité du plancher, car plus le plancher est rigide, plus la voiture peut rouler bas."
"Nous savons où le marsouinage se produit. Ce n’était pas une conception intelligente pour essayer de l’éviter dans la réflexion préalable, pas du tout ! Nous avons juste eu de la chance avec notre conception. Nous avons une meilleure compréhension de la situation maintenant."
L’ajout de renforts, que le règlement permet depuis les essais hivernaux, a été une solution pour les équipes afin d’éviter une grande partie du problème. Fry salue toutefois la capacité d’Alpine à pouvoir jouer avec les limites du marsouinage.
"Nous avons eu le problème, nous pouvons créer ce problème et nous savons comment l’arrêter. Nous devons simplement faire avec. C’est un peu un soulagement pour tout le monde, d’avoir ce renfort en plus, mais c’est comme ça."
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