Un week-end avec Jenson Button - vendredi

"Je me languis de monter dans la voiture"

Par Alexandre C.

2 septembre 2016 - 08:00
Un week-end avec Jenson Button - (...)

Vous êtes-vous déjà demandé ce que faisait un pilote de F1 quand il n’était pas filmé par les dizaines de caméras de la FOM ? Que mange-t-il à midi ? Quel est son emploi du temps ? Au cours d’un riche entretien, Jenson Button, le vétéran du plateau, a détaillé les coulisses d’un week-end de Grand Prix, des essais libres à la course.

Avant de découvrir les dessous des qualifications et des courses, voici pour commencer son récit d’un vendredi habituel.

« Quand j’arrive au circuit le vendredi matin, je me languis de monter dans la voiture. Nous avons beaucoup de réunions le vendredi matin, donc je prends un bon petit-déjeuner, tôt. Peu importe où vous êtes : vous n’y avez pas été depuis au moins un an – à l’exception de Barcelone ! »

« C’est adorable de monter dans la voiture, de sortir sur la piste, même simplement pour le tour d’installation, parce que c’est sympathique de conduire sur un circuit où vous n’avez pas roulé depuis longtemps, de sentir s’il a vraiment changé. Peut-être qu’il y a quelques nouveaux vibreurs, une nouvelle asphalte, ou d’autres choses autour du circuit, ou c’est peut-être une piste entièrement nouvelle ! »

« Ce premier tour est toujours formidable. Vous faites le tour d’installation, et ensuite vous devez attendre 15 minutes pendant que l’on vérifie la voiture. Pour un pilote, ce sont les 15 minutes les plus frustrantes, parce que vous voulez seulement remonter dans la voiture, arpenter le circuit et pousser la voiture jusqu’à sa limite. Je pense que c’est formidable d’avoir cette nouvelle réglementation pneumatique, nous pouvons donc chausser un nouveau train de pneus en EL1 au début de la session, durant les premières 40 minutes. Cela nous fait sortir plus tôt et nous pouvons découvrir le circuit. C’est mieux pour nous et c’est mieux pour les fans. »

« Ce premier relais est toujours formidable : vous perdez un petit peu pied. Sur certains circuits, si vous freinez trop tard, vous bloquez vos pneus et vous heurtez un mur, donc vous devez rattraper le temps perdu. C’est probablement les quelques tours les plus funs des deux jours d’essais que nous faisons durant un week-end de course. »

« Dès que nous avons fait le premier relais, nous commençons le travail sur les réglages. Nous pourrions avoir des choses à faire de toute façon, planifiées avant de venir ici – des vérifications aéro, ou des comparaisons d’ailerons avant par exemple. Les EL1 sont normalement des relais pour tester des éléments, plutôt que pour ressentir comment se comporte la voiture. »

« Après les EL1, c’est le déjeuner, et j’ai normalement du poisson et des légumes, ou une salade. C’est un déjeuner standard pour moi – pas trop lourd, pour garder un poids peu élevé. Pour le diner, j’aurai la même chose, probablement avec quelques patates douces ou du riz ou quelque chose comme ça, mais jamais des patates blanches ou des pâtes. Tout est sain, mais parfois j’aurai aussi un dessert. Si nous avons eu des EL1 difficiles et que je sais que je vais avoir des EL2 difficiles, je pourrais manger un morceau de quelque chose de vilain au déjeuner, ou peut-être quelques fraises. »

« En EL2, le programme est différent, mais vous aurez toujours à faire du roulage avec peu et beaucoup d’essence. Si vous avez deux composés différents de pneus – ce n’est pas toujours le cas – vous ferez un ou deux relais sur le plus dur des deux, pour comparer, ensuite vous changerez les réglages pour rouler avec les plus tendres des deux pneus. Vous aurez aussi un relais avec peu d’essence, pour voir votre ressenti. Parfois, cela marche et c’est formidable, vous n’avez pas besoin de beaucoup de travail sur la voiture pour les longs relais, mais parfois vous avez besoin de changer totalement de réglages, parce que vos ressentis ne sont pas de votre goût. Ensuite, vous mettez de l’essence, vous sortez et faites un longs relais. Ce pourrait être un sur type de pneus, ou vous pouvez peut-être utiliser les deux sets de pneus. Vous pourriez essayer d’amener les pneus au bout de leur durée de vie pour voir jusqu’où vous pouvez les emmener, ou ce pourrait être une course où vous n’avez pas besoin de le faire. Dans ce cas, nous ferons un relais court sur ce composé, pour passer l’autre type de pneus pour un court relais, et nous ferons une comparaison frontale pour voir quel pneu est le meilleur et le plus constant. Contrairement à ce que pensent les gens, rouler avec beaucoup d’essence n’est pas ennuyeux pour un pilote, parce que vous conduisez toujours une F1, et il y a toujours d’autres voitures autour de vous. Ce n’est vraiment pas ennuyeux ! »

« Parfois, des changements de réglages prendront moins de temps que nous le pensons, donc nous pourrions finir alors qu’il reste cinq ou dix minutes, et vous devez simplement vous asseoir dans le garage et attendre. Parfois, je resterai dans la voiture, parfois je sortirai et prendrai une tasse de café. C’est assez reposant les essais ! J’aime les essais durant un week-end de Grand Prix, particulièrement le vendredi.

« L’équipe travaille souvent dur, et tard, le vendredi. Les pilotes sont chanceux. Ils ont beaucoup plus de temps pour se détendre que d’autres, en particulier les mécaniciens. Nous avons notre réunion après chaque séance d’essais, qui dure environ une heure, des deux côtés du garage. Fernando et moi, nous nous asseyons et abordons tous les sujets avec nos ingénieurs, les aérodynamiciens et les stratèges. Ensuite, nous partons et nous nous rafraîchissons avant de revenir pour voir les ingénieurs après le briefing des pilotes ou avant n’importe quel événement qui arrive ce jour-ci. Nous avons l’habitude de passer environ une demi-heure ou une heure avec eux dans la soirée. Je me rappelle mes vieux jours, vous aviez l’habitude d’essayer de passer autant de temps que vous le pouviez, parfois une minute plus longtemps que votre coéquipier ! Mais quand vous avez un coéquipier comme Fernando, et que vous êtes tous les deux expérimentés, vous ne vous en inquiétez pas trop. Vous faites votre travail, vous rentrez chez vous. »

« Durant le briefing des pilotes, Charlie Whiting est le directeur. Tous les pilotes se rassemblent et parlent des problèmes de la réunion précédente, des problèmes qui selon nous pourraient être soulevés durant cette réunion, et nous parlons d’autres sujets. Tout le monde s’implique. Personne n’est effrayé de faire un commentaire, mais je ne peux pas vous dire de quoi nous parlons, puisque cette partie relève du privé ! »

« Nous aurons parfois une réunion avec le GPDA après [le GPDA est l’association des pilotes de F1], mais seulement si nécessaire, et s’il y a un sujet à aborder. Nous aurons des emplois du temps chargés et des interviews à faire, mais nous nous rassemblons assez souvent durant la saison. Quand je suis arrivé la première fois en F1, il y avait seulement quatre ou cinq gars qui avaient l’habitude de prendre la parole durant le briefing des pilotes. De nos jours, c’est beaucoup plus ouvert et les gens se sentent beaucoup plus à l’aise pour parler. »

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