Six courses en huit semaines : la F1 a dépassé le ‘point critique’

Burn-out en vue ?

Par Alexandre C.

4 août 2016 - 18:03
Six courses en huit semaines : la (...)

Le cirque de la Formule 1 a connu des mois de juin et de juillet particulièrement chargés en représentation. En l’espace de huit semaines, six Grands Prix se sont tenus. Les équipes, les mécaniciens, les ingénieurs, chacun a dû supporter une charge de travail intensive et accepter de passer du temps loin des siens. Maintenant que la pause estivale – pleinement méritée – est là, il est temps de se demander si le calendrier n’était pas trop chargé en ce début d’été.

Pour Gunther Steiner, le directeur d’équipe de Haas, « c’est beaucoup de travail, c’est rude. Je pense que dans notre cas, nous n’avons pas senti trop de différence, parce que nous sommes nouveaux et parce que nous courions de toute façon. (…) Est-ce soutenable ? Je ne le pense pas. Je pense que nous devrions essayer d’arranger un peu mieux le calendrier. Une meilleure prévision ferait que nous n’aurions pas six courses en huit semaines, parce que cela va vraiment vite. Parfois, ces choses arrivent. Elles changeront peut-être dans le futur, je ne sais pas… »

James Key, le directeur technique de Toro Rosso, rappelle que ce calendrier d’été est la conséquence du nombre record de courses (21) de cette saison 2016, « à moins que vous allongiez la saison, ce qu’aucun de nous, je crois, n’aimerait voir. » A la question de savoir s’il s’agit d’un point vraiment raisonnable, l’ancien directeur technique de Sauber préfère botter en touche, mais rappelle la responsabilité de la FOM et de la FIA : « Je pense que quand vous avez autant de courses en une saison, vous allez connaître une situation où vous aurez six semaines d’activité énorme, en particulier au milieu de l’année ».

L’homologue de James Key chez Williams, Pat Symonds, assure que les équipes avaient estimé en 2008 que « 20 courses, c’était vraiment le point critique. Maintenant, bien sûr, vous dites, ’20 courses, et qu’en est-il des journées de test et des choses comme cela’”. Nous avons toujours deux tests durant la saison, et nous avons réduit à deux le nombre d’essais de pré-saison – mais ce que nous avons fait, c’est se débarrasser des équipes de tests, donc il y a une charge de travail horrible pour l’équipe chargée des week-ends de courses. »

Pat Symonds craint même que le calendrier s’alourdisse à l’avenir : « Qui sait jusqu’où cela pourrait aller ? (…) Je pense que nous avons franchi le seuil critique et nous, en tant qu’équipe (et je pense que la plupart des équipes sont dans notre cas), nous réfléchissons à une structure totalement différente, parce que nous ne pouvons pas demander à notre personnel de maintenir le niveau d’activité qui leur est demandé. Et par conséquent, nous allons examiner les possibilités de rotation des effectifs. C’est un coût supplémentaire », a-t-il regretté.

Pat Symonds relève qu’en 40 ans de compétition, « c’est la première fois que je commence à voir des personnes dire, ‘très bien, en fait, vous savez, nous ne voulons pas courir’. » L’ingénieur Williams regrette enfin que l’on « assèche trop la vie de famille et la qualité de vie pour être sur le pont tout le temps ».

Jock Clear, ingénieur en chef de Ferrari, abonde dans le même sens que Pat Symonds. « Nous avons beaucoup de gars par ici qui, durant cette période de cinq semaines sont vraiment empêchés d’avoir assez de sommeil et de trouver du temps pour s’occuper de leurs familles. C’est au-delà du point critique, comme Pat l’a dit. » Il ne pense pas cependant qu’il faille « être inquiet pour la sécurité ». « Vous pouvez toujours préparer ces voitures de manière sûre pour Seb et Kimi [Vettel et Raikkonen] chaque week-end, mais les gens sont simplement très, très fatigués, et nous sommes seulement à la moitié du chemin. »

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