Retour sur la saison 2008 : Singapour

Victoire d’Alonso salie par le ’Crashgate’ de Renault

Par Emmanuel Touzot

15 février 2018 - 14:10
Retour sur la saison 2008 : Singapour

Après la folle victoire de Sebastian Vettel à Monza, la Formule 1 se rend sur le circuit de Singapour, nouvel arrivant de ce championnat, pour le troisième Grand Prix urbain de l’année. Après la débâcle de Valence, circuit sans âme à l’origine d’une course ennuyeuse, l’inquiétude est de mise en arrivant dans la cité-état. Néanmoins, cette course suscite la curiosité puisqu’elle est la première à se disputer de nuit dans l’histoire de la F1.

Les premiers essais, disputés de jour, mettent en évidence un circuit techniquement intéressant mais entouré de béton, ce qui ne donne pas une vision très positive du tracé. Lewis Hamilton et Felipe Massa dominent cette première séance devant leurs deux équipiers. La séance, comme les suivantes, est marquée par de nombreux incidents et sorties de piste.

La deuxième séance est, elle, disputée à l’heure du Grand Prix et donc de nuit, ce qui révèle un environnement impressionnant. Les lumières installées tout le long du tracé permettent une visibilité totale et le reflet des lumières est particulièrement réussi sur les carrosseries des monoplaces. Fernando Alonso signe le meilleur temps devant Massa, Hamilton et Kovalainen, les quatre pilotes se tenant en moins de deux dixièmes.

Le samedi matin, c’est de nouveau Alonso qui est le plus rapide devant Hamilton et Massa, confirmant les bonnes dispositions de la Renault R28 évoluée. L’écart est cette fois de plus d’une demi-seconde entre l’Espagnol et ses rivaux. De nombreux pilotes se font piéger, à l’image de Giancarlo Fisichella dont la monoplace décolle complètement. Cet incident remet en cause le virage 10, triple chicane délimitée par de hauts vibreurs.

(Suite de l’article après la photo)

Fisichella décolle sur les vibreurs un peu trop hauts du virage 10

Lors de la Q1, c’est un duo finlandais qui se place en haut des temps, avec Kimi Räikkönen devant Heikki Kovalainen. Giancarlo Fisichella est éliminé après avoir percuté le mur suite à une crevaison. Adrian Sutil, Rubens Barrichello, Sébastien Bourdais et Nelsinho Piquet sont également éliminés.

En Q2, Massa devance les deux Finlandais et Sebastian Vettel tandis que Lewis Hamilton joue avec le feu et passe de justesse en Q3. Alonso est victime d’un problème d’alimentation en carburant et ne peut pas prendre part à cette partie de séance. Les deux Red Bull sont également éliminées, ainsi que Button et Trulli.

C’est Felipe Massa qui s’empare finalement de la pole position, en ayant joué placé depuis la première séance. Il devance Hamilton, Räikkönen et Kubica. Kovalainen devance Heidfeld mais ce dernier est pénalisé et c’est Vettel qui part en troisième ligne.

Au départ, Massa garde largement l’avantage sur Hamilton. Au troisième virage, Kovalainen et Kubica se touchent et le Finlandais perd deux places suite à ce contact. Alonso et Heidfeld passent par le milieu de la première chicane mais n’en tirent aucun avantage et ne sont pas pénalisés.

Les premiers tours sont calmes et Massa prend de l’avance sur Hamilton qui lui-même se détache de Räikkönen. Au 10e tour, Massa possède plus de trois secondes d’avance sur Hamilton et plus de dix secondes sur Räikkönen.

Au 12 tour, Alonso est le premier pilote à rentrer aux stands pour remplacer ses pneus super-tendres par des tendres. Deux tours plus tard, son équipier Nelson Piquet Jr glisse à l’accélération, touche le mur à l’extérieur du virage 17 et va s’écraser sur le mur intérieur. La voiture de sécurité est envoyée en piste pour évacuer la carcasse de la Renault, mais le Brésilien n’est pas blessé et il accusera ses pneus durs, manquant de température, pour l’accident.

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Piquet Jr vient de s’accidenter sur ordre de Briatore

Les pilotes Red Bull et Rubens Barrichello se sont arrêtés juste avant la voiture de sécurité tandis qu’au moment où elle rentre, Kubica et Rosberg sont contraints de s’arrêter malgré la voie des stands close. Barrichello abandonne sur un problème mécanique et peu après, tous les pilotes rentrent lorsque la voie des stands est ouverte.

Massa est relâché de son garage avec le tuyau de carburant encore connecté à sa monoplace et juste devant Adrian Sutil. Le Brésilien s’immobilise au bout de la voie des stands et son équipe vient intervenir pour retirer le tuyau arraché.

Les pilotes s’étant arrêtés juste avant la voiture de sécurité et ceux sur une stratégie à un seul arrêt se retrouvent en tête, ce qui donne un trio étonnant en tête de course, composé de Rosberg, Jarno Trulli et Fisichella.

Lorsque la course reprend, Rosberg profite de devancer deux pilotes chargés en essence pour s’échapper, sachant qu’il devra respecter une pénalité pour être entré aux stands malgré l’interdiction. La sentence tombe peu après, lui et Kubica sont pénalisé d’un stop and go de 10 secondes, tandis que Massa écope d’un drive through pour avoir été relâché dangereusement dans les stands.

Massa et Kubica repartent respectivement avant-dernier et dernier tandis que Rosberg, qui a pris 15 secondes d’avance sur ses rivaux, ressort en 4e position ! L’Allemand a fait la bonne opération, malgré sa pénalité.

Fisichella s’arrête au tour suivant et laisse les 2e et 3e places à Alonso et Rosberg, derrière Trulli. Ce dernier s’arrête le premier, tandis qu’il est imité par Rosberg qui ressort 7e. Alonso est le suivant à s’arrêter mais son rythme en course lui a permis de garder le commandement de l’épreuve.

Trulli abandonne suite à une panne et gâche une belle occasion de podium tandis que son équipier Timo Glock, alors 2e, s’arrête et repart 5e. Massa continue sa course catastrophique et fait un tête à queue. Peu après, Sutil sort au même endroit et casse une suspension, causant son abandon.

La voiture de sécurité fait son retour en piste et lorsqu’elle repart, Alonso devance Rosberg et Hamilton. Ce dernier met la pression sur l’Allemand qui résiste. Alors qu’il est juste derrière Glock, Räikkönen rebondit sur les vibreurs du piégeux virage 10 et écrase sa Ferrari dans le mur à quatre tours du but.

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Rosberg file vers son deuxième podium de la saison

Alonso franchit la ligne en vainqueur et devance Rosberg qui signe son deuxième podium de l’année, et Hamilton. Glock termine 4e devant Vettel, Heidfeld, Coulthard et Nakajima.

Au championnat pilotes, Hamilton reprend le large sur Massa qui a terminé avant-dernier et possède 7 points d’avance sur le Brésilien. Kubica et Räikkönen ne marquent pas non plus et Heidfeld revient à un point du Finlandais au classement. Chez les constructeurs, le résultat blanc de Ferrari lui coûte la tête du classement pour un point.

Après la course, Alonso félicite son équipe pour avoir changé de stratégie compte tenu des difficultés à dépasser et avoue un peu de chance qui l’a mené à la victoire.

A ce moment-là, il n’est pas encore au courant que le crash de Piquet Jr est volontaire. Il faudra attendre un an pour que la chaîne brésilienne TV Globo fasse sortir le scandale. Renault est convoquée par la FIA le 21 septembre 2009 et avoue sa tricherie le 16, en préambule de cette audience.

Flavio Briatore et Pat Symonds, les têtes pensantes de l’équipe et du Crashgate, sont renvoyées avec effet immédiat de l’équipe et le 21 septembre, Briatore est radié à vie de la F1 et de tout sport régi par la FIA. Symonds est exclu, lui, pendant cinq ans.

Les deux hommes verront leur peine réduite en appel mais Briatore ne reviendra jamais en F1. Dans la foulée, Renault perd son sponsor, ING, avec effet immédiat et termine la saison 2009 sans sponsor-titre.

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