Moteurs Renault neufs pour les deux pilotes Lotus

A la suite du meilleur résultat depuis 15 ans de notre fournisseur moteur à Bahreïn, le chef motoriste de Renault Sport F1, Ricardo Penteado, nous explique ce que devra offrir le RS27 à Barcelone, mais aussi les rivalités entre équipes, les évolutions et les moteurs neufs…

Quel est votre sentiment après le podium de Bahreïn ?

C’est une merveilleuse sensation. Un podium est toujours spécial, mais un double podium est particulièrement satisfaisant. Ce résultat est aussi fantastique pour tout le monde chez Renault avec quatre moteurs aux quatre premières places pour la première fois depuis 15 ans. Pour être absolument honnête, d’un point de vue personnel, je ne peux pas être totalement satisfait tant que nous ne sommes pas sur la plus haute marche. Kimi en est passé tout près et cela nous fait revoir à la hausse nos attentes pour ce week-end.

Est-ce difficile de gérer une lutte interne entre équipiers et aussi entre deux équipes motorisées par Renault ?

En fait, quand vous êtes dans une équipe, ce n’est pas si difficile. Les pilotes et les ingénieurs tiennent une grande réunion sur la stratégie entre les qualifications et la course. Ils y étudient deux ou trois scénarios fondés sur leurs performances respectives au cours du week-end. Si les stratégies sont différentes pour les deux pilotes, pas de problème. Mais il y a une compréhension mutuelle du fait qu’ils ne se gêneront pas et ne compromettront pas le résultat de l’équipe. S’ils sont sur la même stratégie, ils savent qu’ils devront se battre l’un contre l’autre à un moment donné. Dans ce cas, ils sont libres de le faire tant qu’il s’agit d’un combat loyal. C’est un peu stressant pour nous, mais guère plus que lorsqu’ils luttent pour gagner une position contre une autre équipe et un autre pilote !

Grâce aux essais, vous connaissez Barcelone comme votre poche. Le programme de demain doit donc être relativement simple…

Il est vrai que nous connaissons bien ce circuit à travers toutes les heures passées en essais d’hiver. Nous disposons déjà de données importantes comme le niveau d’huile minimum, les spécifications pour le refroidissement, la consommation de carburant, la vitesse maxi, les rapports de boite, etc… Même avec la correction nécessaire due à la météo du moment et à la température de la piste, cela ne devrait pas changer beaucoup. Cela dit, il nous faut quand même valider ces données et effectuer l’affinage habituel sur la cartographie moteur (injection, couple et ainsi de suite). Je dirais que l’avantage ici est d’entrer plus rapidement dans les essais libres, mais les tests que nous mènerons seront les mêmes.

Pourquoi Barcelone est-il toujours utilisé pour les tests hivernaux ?

La principale raison est que nous pouvons trouver ici la température de piste la plus douce en hiver. De tous les circuits européens au calendrier, Catalunya est celui qui offre le climat le plus doux en hiver, ce qui est plus représentatif et utile pour les courses à venir. Dans le passé, nous avons roulé hors d’Europe (à Sakhir et à Sepang en 2007). Mais du point de vue logistique, Barcelone n’est « qu’à » 12 heures de toutes les usines de F1. Cela nous donne plus de souplesse dans nos programmes d’essais. Nous n’avons pas non plus la garantie d’avoir de meilleures conditions hors d’Europe : en 2007, à Sakhir, nous avons subi une tempête de sable et nous n’avons pas pu rouler !

Traditionnellement, les équipes introduisent des nouveaux éléments aéro et mécaniques à Barcelone. Cela influe-t-il sur votre charge de travail ?

Oui. Lorsque nous avons de nouvelles pièces aéro à tester, nous faisons généralement beaucoup d’essais à vitesse constante, avec cette fameuse peinture fluo que nous appelons flo-vis. Elle permet aux ingénieurs de relier les données simulées en soufflerie et le flux d’air réel « imprimé » sur la carrosserie.

Des moteurs neufs seront-ils montés pour cette course ?

Oui, pour les deux pilotes. Nous montons le troisième moteur neuf pour Kimi et pour Romain cette année. Nous sommes juste dans la fenêtre pour les moteurs de Kimi, mais nous avons un peu plus de marge pour Romain, parce qu’il a fait moins de kilomètres en course.

Source : www.lotusf1team.com