Les défis posés par le circuit de Suzuka

"Il y a beaucoup de charges latérales et cela rend Suzuka très dur envers les pneumatiques"

Par Franck Drui

4 octobre 2010 - 13:10
Les défis posés par le circuit de Suzuka

Demandez à n’importe quel pilote de la grille de dresser la liste de ses circuits préférés et soyez certains que Suzuka arrivera quasi systématiquement en haut de celle-ci. Il s’agit d’une piste à l’ancienne, d’un grand huit que tous les pilotes apprécient et qui reste un morceau de bravoure pour les ingénieurs également. Les pilotes l’apprécient probablement parce que le circuit est difficile à apprivoiser. Aucune autre piste, à part Spa, n’offre autant de virages différents, spectaculaires, à tel point que réaliser le tour parfait est un exploit en soi.

La fameuse séquence des « Esses », des virages 3 à 7, s’étend sur 850 mètres et est peut-être la partie la plus exigeante du tour, comme l’explique Simon Rennie, ingénieur piste de Robert Kubica : « Les pilotes doivent se dépasser dans le premier secteur, parce chaque virage amène directement dans le suivant. Il leur faut une voiture prévisible et dont le rendement est régulier, vive dans les changements de direction. S’ils prennent une mauvaise trajectoire dans le troisième virage, ils compromettent leur tour jusqu’au septième virage. Cette séquence dure environ 14 secondes, mais il est facile de perdre une demi-seconde sur une petite erreur. Comment faire ? Modérer son action sur l’accélérateur, surtout en 5ème vitesse, avec une légère pression sur les freins dans les virages 4 et 6. »

Le premier secteur confirme que l’expérience est primordiale à Suzuka, ce qui explique pourquoi les débutants ont parfois du mal à entrer dans le rythme. « Il est probablement plus difficile d’apprendre Suzuka que les autres circuits car il n’y a pas de virage classique. La piste est étroite, et il est facile de commettre une erreur, » confirme Mark Slade, ingénieur de Vitaly Petrov. « Trouver le bon équilibre est également délicat parce qu’il est exigeant techniquement. Si vous ne trouvez pas la bonne palette de réglages, la sanction est plus lourde qu’ailleurs. »

Alors que le début du tour est plutôt sinueux, la fin est à l’opposé. Cette dernière section comporte le fameux 130R, mais celui-ci a été retouché par rapport à l’original et il ne représente pas le même défi qu’auparavant. « Le 130R sera pris à fond pendant chaque tour, avec une vitesse à la corde d’environ 305 km/h, » poursuit Simon. « Même si vous suivez une autre voiture de près, il se prend aisément à fond et il ne posera pas non plus de problème avec le réservoir plein. Les pilotes seront donc à plein régime de la sortie du virage 14 à l’entrée dans le virage 16. Cela représente une portion de 1,2km parcourue en 16 secondes. »

Le 130R n’est peut être plus que l’ombre de lui-même, mais il reste l’un des virages les plus rapides du calendrier et les pilotes vont subir des forces latérales d’environ 3,5G pendant plus de deux secondes, avec un pic à 4G. Ce sont ces contraintes qui rendent Suzuka très exigeant envers les pneumatiques, et c’est la raison pour laquelle Bridgestone apportera les mélanges les plus durs de sa gamme (dur et tendre). « Il y a beaucoup de charges latérales et cela rend Suzuka très dur envers les pneumatiques, » conclut Mark. « Le freinage et l’accélération sont également très sensibles et le freinage est rarement pratiqué en ligne droite. Les pilotes reposent donc sur la voiture dans ces phases. La nature du tarmac est le dernier facteur déterminant car elle est adhérente et abrasive, ce qui provoque une dégradation importante. »

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