Interview exclusive de Pierre Gasly

Le pilote DAMS espère bientôt la victoire...

Par Camille Komaël

21 mai 2015 - 08:34
Interview exclusive de Pierre Gasly

Grand espoir français, Pierre Gasly est le plus jeune pilote du plateau de GP2, à tout juste 19 ans. Champion en Eurocup 2.0 il y a deux ans, il a fini vice champion en Formule Renault 3.5 l’an dernier, terminant entre deux pilotes qui courent aujourd’hui en F1 (Carlos Sainz Jr et Roberto Merhi). S’il a disputé quelques courses avec Caterham en fin de saison dernière, cette année 2015 est la première qu’il effectue en intégralité en GP2, et il a décroché son premier podium dans la catégorie lors de la course sprint à Barcelone. La semaine suivante, il a pu effectuer les essais de F1 en Espagne au volant de deux voitures, la Toro Rosso et la Red Bull. Rencontre avec un pilote très chaleureux dans le paddock de Monaco.

Si on revient un peu sur ton début de saison, tu n’as pas eu de chance à Bahreïn, tu étais bien dans le rythme jusqu’à ce que tu sois pris dans un accrochage qui n’était nullement de ta faute…

C’est vrai qu’on a eu un début de saison difficile avec Barheïn, où on a été pris dans l’accrochage. Du coup on est parti loin en course 2, où on a essayé d’être un peu plus agressifs mais ça n’a pas marché. Donc on a marqué zéro point là-bas alors qu’on avait fait le meilleur temps des essais deux ou trois semaines avant. C’est sûr que c’était décevant.

Heureusement à Barcelone tu as pu marquer des points importants.

Là-bas ça s’est un petit peu mieux passé. On a pas vraiment été aidé non plus : j’ai réussi à sauver la troisième place en qualifications mais on a eu des soucis avec l’accélérateur et les freins donc j’ai été plus lent sur ma première tentative, et c’étaient pas les meilleures conditions. En course 1, j’étais deuxième derrière Stoffel, c’était plutôt bien, mais là encore on a pas été aidé avec le DRS qui ne marchait pas. Du coup j’ai dû user les pneus, et il me manque encore un peu de gestion des pneus, ça change vraiment des World Series et c’est pas facile. Au final on a rétrogradé à la septième place, donc on était un peu déçu. En course 2 c’est pareil, on avait une bonne carte à jouer en partant de la première ligne, et on a eu un souci avec l’embrayage donc je suis resté collé sur la grille. Au début, les ingénieurs n’arrivaient pas à m’expliquer vraiment ce qu’il s’était passé, et apparemment c’est la conséquence de plein de choses : le premier départ qui a été annulé, ça a fait chauffer l’embrayage, et la température était un peu plus haute que d’habitude. Des fois y a des réactions comme ça… Quand j’ai lâché, il s’est rien passé et j’ai dû tout reprendre. Du coup je suis descendu sixième, mais j’ai pu remonter troisième, donc là on était plutôt content parce qu’on avait réussi à faire une bonne course, marquer des points. Après, on attend toujours plus de notre part, parce qu’on sait qu’on a la performance pour jouer devant, donc on vise encore mieux que ça, et ça devrait aller de mieux en mieux.

A Barcelone, en course sprint, il y a eu la voiture de sécurité virtuelle pour la première fois, suite à la sortie de Binder. Qu’as-tu pensé de ce nouveau système ?

C’est vrai que c’est très très lent. Pour nous c’est difficile de garder les freins et les pneus en température, et on l’a vu avec Marciello qui a fait un tête à queue parce qu’en restant trois minutes au ralenti, les pneus refroidissent et quand on repart forcément ça patine. Mais après, si c’est le seul moyen de sécurité, pourquoi pas ? Mais c’est vrai que c’est pas facile à contrôler, car entre le moment où le safety car est déployé et celui où les pilotes appuient sur le bouton, ça peut créer des écarts ou des pertes pour certains pilotes. Ce n’est pas la meilleure solution en terme d’égalité pour tout le monde, mais si c’est la meilleure niveau sécurité, pourquoi pas.

L’an dernier tu as commencé en GP2 en fin de saison. Est-ce que cette année, cela t’aide ?

Difficilement. Avec DAMS, c’est complètement différent de ce que j’ai pu voir chez Caterham. C’est pas la même approche, c’est pas la même voiture en terme de réglages. Ca m’a aidé un petit peu, mais moins que ce que j’attendais. J’ai pas vraiment pu prendre l’expérience que j’aurais aimée, et puis j’ai toujours des réflexes de la 3.5 et il faut que je travaille pour gommer ça car en terme de pilotage c’est quand même assez différent.

Qu’espères-tu pour cette année en GP2 ? Un top 3 au championnat ?

Oui. Même si Stoffel a pris une sacrée avance, pour moi l’objectif reste toujours ça. Il va falloir gagner des courses, être devant. Pour l’instant on regarde pas trop le championnat, mais il a falloir gagner des courses le plus rapidement possible. On sait qu’avec DAMS on a la performance pour jouer la victoire. Pour l’instant il nous en manque un peu, mais on va travailler et ça devrait aller mieux.

Avec toutes les aides dont disposent les F1 par rapport aux GP2, comment as-tu trouvé le pilotage d’une F1, en comparaison avec celui d’une GP2 ?

Ce n’était pas plus facile, mais c’était différent. Dans toutes les catégories, peu importe la voiture, pour être très rapide c’est toujours difficile. Y a beaucoup de choses qui font qu’au niveau du confort pour le pilote c’est plus agréable, et avec la direction assistée, ça rend les choses différentes, mais je dirais pas que c’est plus facile. On demande beaucoup de choses au pilote au niveau des réglages sur le volant. Chaque tour, ça n’arrête pas à la radio, les ingénieurs qui parlent, il faut changer ça, il faut changer ça… Donc c’est vrai que c’est assez intense de ce côté-là. Ca reste toujours compliqué pour être rapide.

Tu as eu la chance de piloter la Toro Rosso et la Red Bull, deux jours d’affilée. Est-ce que tu as pu les comparer ?

Les conditions étaient un peu différentes, le vent a changé de direction, donc c’est toujours un petit peu difficile et ça peut être trompeur. C’est vrai qu’il y a des petites différences mais il n’y a rien d’extrême. Les deux voitures ont des comportements très similaires, et d’ailleurs on le voit en termes de temps, il n’y a pas beaucoup d’écart, un coup c’est Red Bull qui est mieux, un coup c’est Toro Rosso. Mais pour moi, en termes d’expérience et de retour, voir deux voitures différentes en F1 c’était très intéressant. C’était vraiment une bonne expérience, ça n’arrive pas tous les jours.

Est-ce que tu sais si en Autriche tu pourras tester de nouveau avec Red Bull ou Toro Rosso ?

Normalement oui, je crois que c’est le plan. Mais après c’est pas encore sûr à 100 %. Je ne sais pas quelle voiture je pourrai piloter, on verra après.

Recherche

Info Formule 1

Photos

Vidéos