Interview de Jean-Eric Vergne après ses débuts en Corée

Il a fait ses premiers pas en compétition F1

Par Franck Drui

21 octobre 2011 - 12:04
Interview de Jean-Eric Vergne après (…)

Vice-champion de Formula Renault 3.5 Series à Barcelone, pilote d’essais de la Scuderia Toro Rosso en F1 la semaine suivante, Jean-Eric Vergne termine la saison en trombe.
Revenu à deux points de son équipier et leader de la Formula Renault 3.5 Series à l’issue des courses organisées sur le circuit Paul Ricard, en septembre, Jean-Eric Vergne pensait avoir son destin entre ses mains pour la finale de Barcelone, disputée le deuxième week-end du mois d’octobre. Pourtant, dès l’ouverture des débats Jean-Eric était atone. Pour la première fois de la saison il ne prenait pas place dans le concert des dix pilotes les plus rapides des essais collectifs et échouait à la 9ème place de la première qualification. D’où venait l’extinction de voix de la n°5 ? « Je n’avais jamais été aussi loin de Robert. On s’est rendu compte le vendredi soir qu’un porte-moyeu était cassé, » révèle le membre de l’Équipe de France FFSA Circuit. « On pensait que ça allait rigoler le lendemain en qualification mais les problèmes étaient loin d’être résolus. »

Neuvième à l’extinction des feux, deuxième derrière Robert Wickens au terme des 44 minutes + 1 tour de la première course, Jean-Eric avait préservé l’essentiel : sa position au championnat (à 9 points de Wickens), et sa confiance en effectuant une remontée probante. « J’ai pris tous les risques et ça a payé. Mais la seconde qualification nous a fait chuter d’un étage ! Cinquième sur la grille alors que Robert était sur la première ligne, je savais que le départ serait capital. J’ai très bien réagi et je me suis retrouvé en position de plonger à l’intérieur du premier virage. Robert a bloqué la porte et on s’est touchés. Les torts étaient certainement partagés, c’est un incident de course. Par contre, je pense qu’il avait la possibilité d’éviter de me percuter dans le virage suivant. Le choc a été si violent que son triangle s’est sectionné ! »

Rencontre avec Jean-Eric, dont les émotions ont pris les montagnes russes ces deux dernières semaines...

Jean-Eric, ce n’est certainement pas la fin de saison dont vous rêviez en arrivant à Barcelone...

Non, même si ce n’était que ma première saison complète en FR3.5, je partais pour gagner le championnat. Mais ce n’est pas à Barcelone que j’ai perdu le titre. A Silverstone les choses avaient très mal tourné et nous avions perdu une bonne vingtaine de points sans que notre compétitivité ait été remise en question.

Comment vos partenaires, la FFSA et Red Bull, ont-ils réagi ?

Je dois les remercier pour leur soutien car ils m’ont toujours aidé tout au long de la saison. Ils savent comment s’est passé le championnat et ils savent aussi et surtout que je n’ai pas fait de faute majeure.

Jean-Eric, cette fin d’année 2011 marque vos débuts en compétition en F1. Comment avez-vous appris la bonne nouvelle ?

Les médias ont pas mal anticipé les événements. En fait, j’en ai pris connaissance après le week-end de Silverstone qui, paradoxalement, ne m’avait pas souri. Je pense que ça s’est décidé sur de nombreux paramètres : tout se passe très bien dans le simulateur, j’ai fait une saison très solide, j’ai gagné beaucoup de courses et l’opportunité était trop belle car Daniel Ricciardo roule en Grand Prix chez HRT et un baquet était donc libre. C’était une opportunité qu’il ne fallait pas laisser passer.

Pourquoi trois des quatre derniers Grand Prix ?

Il est totalement logique que je laisse la place aux pilotes titulaires en Inde car c’est un circuit que personne ne connaît et chaque minute passée en piste peut être importante pour se familiariser avec le tracé.

Êtes-vous inquiet du fait que vous ne connaissez pas la majorité d’entre eux ?

Je connais Abu Dhabi car j’y ai roulé l’année dernière avec Toro Rosso, aux essais F1. J’ai travaillé sur la Corée dans le simulateur avant d’y aller et je passerai prochainement à l’apprentissage d’Interlagos.

Le simulateur permet-il de mimer les conditions de Yeongam : pluie, vent etc... ?

Non, on ne simule pas les intempéries et on ne peut pas dire que le travail effectué dans le simulateur avant la Corée ait été d’une grande aide ! J’y ai appris les enchaînements, les virages, mais tous les repères sont différents sur le sec. Cela dit, en faisant le tour du circuit à pied, j’ai bien retrouvé tout ce à quoi je m’attendais et que j’avais noté en faisant mes reconnaissances dans le simulateur.

Votre programme F1 ne s’arrêtera pas aux trois vendredis de Grand Prix...

C’est exact, je piloterai la Red Bull aux essais d’Abu Dhabi, la semaine qui suit la course.

Avez-vous eu des difficultés pour mouler le baquet et trouver votre position de conduite ?

Non, pas trop. Les bases sont similaires à celles de l’année dernière, lorsque j’avais roulé à Abu Dhabi. Je me sens très bien dans l’auto et j’ai hâte de pouvoir lâcher un peu les cv et rouler dans de bonnes conditions. Je ne me fais pas trop de souci, à Abu Dhabi il devrait faire beau !

Les quelques tours passés sous la pluie ont-ils été utiles, frustrants ?

Frustrants, oui et non. Beaucoup de pilotes aimeraient être à ma place et je ne peux pas me permettre d’être frustré d’avoir la chance de monter dans une F1. Ça fait partie de l’apprentissage, j’espère que je rencontrerai ces conditions un jour ou l’autre dans un autre cadre qu’une séance d’essais libres et cette expérience se révélera utile a posteriori.

Sur le moment, on fait le vide, mais le lendemain, avez-vous réalisé ce qui vous arrivait ?

Non, pas trop ! Le vide oui, mais ça fait bizarre de voir son nom sur la feuille des temps au milieu des Vettel, Schumacher... le lendemain, je n’ai rien pensé de spécial car je pense que c’est une étape logique dans la carrière d’un pilote qui a gagné des courses et des championnats et qui a pour ambition de rouler en F1. Et puis, le but ultime n’est pas de rouler le vendredi matin, mais de participer à des courses. Cela dit, ça permet de prendre un peu plus conscience de la confiance que Red Bull m’accorde et ça c’est fabuleux. Mais rien n’est fait ! Encore une fois, mon but est de faire des Grand Prix et d’en gagner et le chemin est encore très long.

Vous étiez-vous fixé des objectifs personnels ?

Oui mais ils ont changé lorsque j’ai tiré les rideaux de ma chambre, vendredi matin ! La priorité était d’apprendre le fonctionnement de l’écurie et de ramener la voiture en bon état. Mon programme n’était pas surchargé, à part quelques interviews j’avais beaucoup de temps libre à consacrer à Toro Rosso et à l’apprentissage de l’équipe, de la F1. Il faut que je fasse l’éponge avant de débuter en course car l’emploi du temps est beaucoup plus dense pour les pilotes titulaires !

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