Interview de James Allison, Directeur Technique de Renault F1

Le debriefing du lundi

Par Franck Drui

15 mars 2010 - 15:03
Interview de James Allison, Directeur

James, quel regard portez-vous sur la performance de Renault F1 à Bahreïn ?

D’un point de vue général, je suis déçu de rentrer à la maison les mains vides, parce que ce n’est pas une juste récompense pour tous les efforts fournis par l’équipe ces derniers mois. De plus, ce résultat n’illustre pas la réelle compétitivité de notre voiture. D’un autre côté, je suis satisfait de voir que nous avons atteint nos objectifs de performance initiaux. Notre compétitivité à Bahreïn aurait pu nous garantir une 6ème ou une 7ème place en qualifications, ce qui aurait été une position bien plus flatteuse qu’à la fin de 2009, voire
même au début de l’année dernière. Cela montre que nous avons fait un vrai pas en avant avec la voiture.

Renault F1 a fait appel à un package largement modifié ce week-end. Comment s’est-il comporté ?

Il était très difficile de juger exactement où se situait chaque équipe en essais hivernaux mais nous avions fait nos estimations en terme de notre propre positionnement. Notre compétitivité en piste et les informations mesurées sur la voiture ont prouvé que les développements ont fonctionné et ont apporté la performance espérée à la monoplace. Même si Bahreïn est circuit un peu inhabituel qui présente très peu de virages rapides, je suis confiant qu’à Melbourne, nous pourrons tabler sur la même vélocité, voire mieux.

En novembre dernier, la soufflerie d’Enstone a été remise à niveau. Récoltez-vous les fruits de ce travail ?

Depuis la fermeture de la soufflerie pour travaux, puis sa réouverture, notre taux de développement a été rapide et c’est encourageant. Nous devrions pouvoir améliorer la performance de la voiture à chaque course cette année. Cependant, nous ne pouvons pas ignorer le fait que nous soyons à une seconde des meilleurs en qualifications. Nous avons commencé la saison avec un niveau de performance acceptable, mais notre objectif est de la terminer à un niveau que je qualifierais de "bon".

Quel regard portez-vous sur la performance des pilotes ce week-end ?

Robert a réalisé un joli tour en Q2 et il a démontré le potentiel de la voiture. En course, en dépit du fait qu’il ait été sorti de la piste dans le premier tour et qu’il ait repris la piste parmi les derniers, il a livré une bataille exempte de toute erreur. En tant que pilote, il est tout ce que nous voulons : il nous encourage, il est prêt à travailler aussi dur que nous, et il a des idées constructives sur les domaines que nous pouvons améliorer. C’est fantastique de travailler avec un pilote qui place la barre très haut, non seulement pour lui-même, mais aussi pour l’équipe. Il va jouer un grand rôle dans notre retour en forme.

Vitaly, pour sa part, a fait tout ce que nous attendions de lui. Il n’avait pu réaliser que quelques tours sur piste sèche pendant l’hiver à cause du mauvais temps. En fait, il a bouclé davantage de tours sur piste sèche vendredi à Bahreïn que pendant tous les essais d’intersaison. Malgré le stress qu’il a dû ressentir avant le coup d’envoi de sa première course, il s’est élancé impeccablement, et s’est ensuite attelé au travail avec une belle série de tours. Il pouvait alors prétendre à un bon résultat et aurait pu marquer des
points dès sa première course.

Vitaly a néanmoins abandonné à la suite d’un problème de suspension hier. Pouvez-vous expliquer ce qu’il s’est passé ?

Dans le 11ème tour, il nous a dit que la voiture ne se comportait pas normalement et il a commencé à perdre beaucoup de terrain face à Barrichello. Nous avons alors décidé de le rappeler au stand pour vérifier sa voiture et nous avons découvert un problème avec le poussoir de suspension avant droit nous a contraint à l’abandon. Nous avons analysé le problème et avons remarqué que cette partie de la suspension touchait la monocoque au début de la course, lorsque la voiture était très chargée en essence. Cela a endommagé le poussoir, provoquant l’abandon. Robert, quant à lui, avait préféré utiliser une garde au sol différente et il a eu la chance de ne pas rencontrer le même problème. Nous sommes déçus de ne pas avoir décelé cette faiblesse en hiver. Nous allons modifier la pièce avant Melbourne afin que cela ne se reproduise pas.

Enfin, l’équipe a travaillé extrêmement dur ce week-end. Que pouvez-vous dire de ces efforts herculéens ?

Une équipe de course s’évalue par la vélocité de sa monoplace et par le fait qu’elle se batte de la bonne manière. L’année dernière, nous avons pris plusieurs coups au moral et à la confiance. La seule manière d’oublier cela était de produire une bonne voiture et de courir avec intégrité. Notre objectif était d’avoir une voiture aussi performante que possible pour la première course mais nous savions que la fermeture de la soufflerie au mois de novembre, afin d’installer le nouveau tapis roulant, signifierait qu’un certain nombre de développements allaient en sortir assez tard. Cette décision a mis beaucoup de pression sur le bureau d’études ainsi que sur la production des pièces, tout comme sur le département qui gère nos fournisseurs... ainsi que sur les fournisseurs eux-mêmes ! Pour utiliser le nouveau package sur la première course, nous avons dû opérer dans des contraintes de temps inconnues jusqu’alors. Nous avons testé notre organisation à sa limite. Cela signifie aussi que l’équipe de course a dû travailler quasiment jour et nuit ce
week-end tout sachant qu’elle devait réussir : elle y est parvenue. Le résultat ne s’est pas traduit en points, mais les efforts fournis montrent à quel point nous voulons revenir en haut de la grille.

L’objectif pour Melbourne sera-t-il précisément d’ouvrir le score ?

Absolument. Nous avons une voiture capable de marquer à chaque course. Si nous maintenons notre programme de développement, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas y arriver.

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