Helmut Marko et la filière Red Bull

L’évolution d’une génération de pilotes

Par Franck Drui

11 juin 2016 - 14:05
Helmut Marko et la filière Red Bull

Depuis une quinzaine d’années, la filière pour les jeunes pilotes de Red Bull tourne à plein régime afin de dénicher les prochains champions du monde de Formule 1, à tel point que la marque autrichienne dispose maintenant de quatre baquets avec son écurie principale et sa petite sœur, Toro Rosso. Helmut Marko, le directeur du fameux programme qui a certes formé de grands pilotes mais également brisé des carrières, revient aujourd’hui sur l’évolution de la filière Red Bull et des ses aspirants pilotes.

« Ça se résume à l’expérience, sélectionner les bons éléments pour ensuite travailler dur à leurs côtés. Nous avons commencé par soutenir de jeunes pilotes, parce que les sports mécaniques sont un domaine très difficile et financièrement compliqué. Nous n’avions pas d’écurie de Formule 1 à l’époque, et maintenant nous en avons deux ! »

« Nous avons rapidement réalisé qu’un simple soutien aux jeunes n’était pas suffisant et qu’il nous fallait en faire plus. Évidemment, nous voulions faire progresser des pilotes qui soient en mesure de remporter un Grand Prix, et c’est ce sur quoi nous basons notre programme de développement aujourd’hui. Nous en apprenons tous les jours à force de travailler avec de jeunes talents, et nous sommes très chanceux d’avoir découvert toutes ces pépites. »

Au fil des ans, les jeunes générations se sont quelque peu distinguées des précédentes.

« Tout d’abord, les plus jeunes sont très bons avec toute l’électronique et les ordinateurs. Par exemple, un volant de F1 moderne est quelque chose de compliqué pour la plupart des nouveaux pilotes, mais quelqu’un comme Max Verstappen n’a absolument aucun problème pour l’appréhender et il est comme un poisson dans l’eau. Les jeunes ont grandi entourés d’appareils dans le genre, alors ils les comprennent immédiatement. »

« Ensuite, les jeunes pilotes mûrissent très tôt en karting, ils se considèrent comme pilotes de course à un très jeune âge et leur personnalité reflète cet état de fait. Le résultat ? Ils sont déjà excellents au moment d’arriver en F1. »

On entend souvent dire que les pilotes d’aujourd’hui tiennent un discours aseptisé et manquent de charisme, mais Marko s’en défend et détaille son point de vue.

« Les pilotes dépendent complètement du système, de nos jours. Ils n’ont plus trop la possibilité de faire ce qu’ils veulent. Prenons par exemple James Hunt à son époque. Il sortait d’une séance d’essais, prenait part à une courte réunion d’une demi-heure avec les ingénieurs, puis avait tout son temps pour faire autre chose. Aujourd’hui, on passe des heures dans la salle de réunion pour travailler avec les données, et ça se poursuit parfois jusque tard dans la nuit. »

« Il y a aussi le facteur smartphones. Ils sont équipés de caméras et les gens en profitent pour prendre des photos ou filmer en permanence. Si ça avait été le cas du temps de James Hunt, il aurait probablement perdu sa licence de pilote très rapidement. Il lui aurait été extrêmement difficile de préserver son image charismatique si tous ses faits et gestes avaient été surveillés et connus de tous. Finis, le petits secrets et les coups à boire après les qualifications. Il aurait simplement été forcé de se comporter différemment. »

« Comme je l’ai dit, les pilotes prenaient part à quelques tests et séances d’entrainement à l’époque, et c’est à peu près tout. Aujourd’hui, ils ont un emploi du temps chargé, qui inclut des conférences de presse obligatoires et d’autres évènements, beaucoup de travail dans le simulateur, de nombreuses heures de préparation physique, etc. Cependant, nous ne disons pas à nos pilotes comment se comporter ou quoi répondre lors de tel ou tel évènement. Nous leur permettons d’avoir leurs propres avis et de les exprimer librement, et les fans peuvent le sentir lors de chaque interview avec Daniel ou Max. »

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