Grosjean : Jules, un sacré combattant qui ne lâche jamais rien
"Jules est mon petit frère de pilotage"
"Avec Jules, nous ne nous sommes que rarement croisés. Mais on s’est toujours suivis", confie Romain Grosjean dans son carnet de pistes rédigé pour le compte de L’Equipe et publié sur son site officiel.
"Son titre en Formule Renault, pour ses débuts en monoplace, c’est chez SG, une équipe où je suis passé aussi. Son titre en F3, il le gagne chez ART, comme moi. On avait d’ailleurs le même ingénieur. Ses débuts en GP2, chez ART aussi."
"En fait, dans les disciplines inférieures, on ne s’est croisés qu’une fois, durant la saison 2011 de GP2. Et cela avait été chaud, notamment avec un joli accrochage en Turquie lors de la course 2. Mais il y a quelque chose qui nous unit, un esprit forcené de compétiteur."
"Je me souviens de l’une des premières fois où nous avons vraiment discuté. C’était à Dubaï, en 2008, lors d’un stage organisé pour l’équipe de France avec la FFSA (Fédération française de sport automobile, ndlr). J’entamais ma saison de GP2. J’étais l’aîné. Et Jules, lui, débutait. Il était venu sur la grille de départ avec tous les autres membres. Dans son regard, on sentait déjà l’instinct du compétiteur. On voyait qu’il voulait faire la même chose. Il m’avait impressionné."
"Car Jules, en plus d’être un gars très bien, c’est un sacré batailleur. C’est la première impression que j’ai de lui. Lorsqu’il était en karting et que l’on commençait à parler de lui, c’était ce qui revenait en permanence, cette image d’un pilote qui ne lâche jamais rien. Un peu comme moi. Pendant les stages de la Fédération, organisés à Chamonix par mon préparateur physique, Jean-Pierre Frizon, il y avait un jeu entre pilotes pour savoir qui aurait le meilleur chrono sur une montée en raquettes dans la montagne enneigée. Jules a tenu à battre ce record que j’avais signé. Il s’y est repris à deux fois. Mais, finalement, il l’a accroché. Il est fort, Jules. Et moi, il a fallu que je revienne, seul, parce que j’étais trop vieux pour faire encore partie de l’équipe de France, pour reprendre mon bien. Et je me suis fait très mal pour battre son temps."
"Tout cela fait que j’ai un peu le sentiment que Jules est mon petit frère de pilotage. Je suis très touché et très affecté par ce qui lui arrive. Comme tous les autres pilotes d’ailleurs. Mais il me manque fort. Pour la première fois de ma vie, je me suis senti vulnérable en m’installant dans la voiture vendredi matin en Russie. Moins d’une semaine après l’accident de Jules, c’était dur de reprendre le volant. Mais, pour lui, il nous faut continuer à rouler, à faire de la F1. Car, comme je vous l’ai dit, Jules, c’est un sacré combattant qui ne lâche jamais rien."