Fin du DRS et circuits d’excellence : Ross Brawn alimente le débat

Deux hypothèses à prendre en compte pour Liberty Media

Par Alexandre Combralier

15 février 2018 - 17:04

Depuis son introduction, le DRS, censé favoriser le spectacle en course, fait l’objet de sévères critiques. Les dépassements auraient été rendus totalement artificiels par la faute de ce système.

Pour autant, Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media, chargé de chapeauter la réglementation technique, n’entend pas se débarrasser de ce DRS, faute d’alternative crédible pour le moment.

« Le DRS sera toujours présent à court terme » a prévenu l’ancien ingénieur de Ferrari.

La porte n’est cependant pas fermée pour un changement à moyen terme…

« Mon espoir, c’est que quand nous aurons identifié comment les voitures devaient évoluer dans le futur, alors, nous pourrions nous défaire de tel ou tel système. Mais je ne vois pas le DRS disparaître dans un futur proche. C’est un pansement, mais un pansement nécessaire en raison de la nature des voitures pour le moment. »

Le prochain règlement en 2021, devrait permettre aux voitures de se suivre et donc de se dépasser plus facilement. Le DRS serait alors rendu inutile…

« C’est notre objectif » confirme Ross Brawn. « Et nous n’aurons pas de système comparable au DRS – à savoir un interrupteur que l’on peut activer ou désactiver instantanément. Notre objectif, c’est de faire évoluer les voitures [pour pouvoir se passer du DRS sans autre système complémentaire], et chaque étape que nous faisons doit aller dans cette direction. »

« En d’autres termes nous créons un modèle, et nous voulons que dans ce modèle, l’on puisse voir si chaque nouveauté apportée améliore ou non le spectacle offert par les monoplaces. Et ce modèle n’est pas un modèle ne prenant en compte que l’aérodynamique, ce sera un modèle incluant aussi les caractéristiques des pneus et des moteurs, et d’autres facteurs qui ont une influence sur la voiture. Et cela nous aidera à comprendre quel élément changer sur la voiture, pour rendre les courses meilleures. »

« Nous avons manqué d’une telle approche par le passé. Nous avons utilisé notre intuition, et ce n’est pas assez étant donné la complexité de ces voitures. »

L’an dernier selon Pirelli, le nombre de dépassements s’est effondré de 47 % en raison de l’apparition du nouveau règlement. Cependant Ross Brawn rappelle que quantité de dépassements ne vaut pas toujours quantité…

« La vitesse de ces voitures est importante. Ce sont les voitures les plus rapides au monde et les fans veulent sentir que la F1 est le sommet du sport auto. Mais demain, si je pouvais sacrifier 10 km/h pour améliorer le spectacle en course, je le ferais. »

La qualité du spectacle en course est également fonction de chaque circuit, de chaque Grand Prix. Or Liberty Media veut alourdir le calendrier pour le porter jusqu’à 25 Grands Prix. Ross Brawn, là encore, rappelle que les considérations relatives à la qualité du spectacle doivent l’emporter sur toute préoccupation liée à la quantité de courses.

L’ingénieur imagine dans ce but une « ligue d’excellence » rassemblant les courses de première catégorie, comme une première division de circuits "premium". Un projet qui a le mérite d’être lancé dans le débat, mais qui n’a jamais été évoqué par Liberty Media par le passé...

« Ce qui est crucial, c’est la qualité d’une course. Il n’y a pas de valeur ajoutée si l’on augmente simplement le nombre de courses. Mais si nous pouvons offrir des courses formidables dans des endroits formidables tout autour du monde, alors, il faudrait considérer cette hypothèse. »

« J’adorerais voir dans le futur une ligue d’excellence rassemblant certaines courses. Nous aurions une liste d’attente comprenant des potentiels circuits de première classe et les promoteurs seraient sur cette liste d’attente pour avoir le droit d’organiser une course de F1. Et ensuite, si n’importe quelle course ne fonctionnait pas bien, ce Grand Prix serait mis de côté et remplacé par une course au potentiel solide. »