Domenicali a pensé à démissionner de chez Ferrari

Stefano Domenicali a osé le parallèle entre son poste de directeur de la Scuderia Ferrari et celui d’un entraineur de football. Il n’a pas été limogé après l’erreur stratégique d’Abu Dhabi mais il avoue avoir pensé à la démission.

"Je sais que la perception des gens est que je suis comme un entraineur pour Ferrari. Mais être patron d’équipe c’est quelque chose de différent. C’est une entreprise et il faut la gérer sous tous ses aspects et pas seulement le côté sportif. Je dois m’occuper de tout. Alors je délègue beaucoup. Il y a un entraineur pour la piste et la course, un entraineur à Maranello, etc... Ceci dit, dans une position comme la mienne, chez Ferrari tu dois être prêt à tout. Surtout si pendant 2 ans tu ne ramènes pas à la maison les résultats attendus. Grâce à Dieu nous ne sommes pas dans le monde du foot. Pour tout casser il faut une seconde, pour reconstruire il faut des mois et des années. De ce point de vue, j’ai toujours eu le soutien de la part du président (Luca di Montezemolo), de l’entreprise et des actionnaires. Et j’ai toujours travaillé en échange de cette confiance," commence Domenicali dans une entrevue accordée au journal italien La Republica.

A la question de savoir s’il a craint le licenciement, il répond non. "Mais après Abu Dhabi , je me suis personnellement remis en question. Je me suis demandé si oui ou non c’était juste que je reste. J’ai eu une réflexion respectueuse, responsable. Ce n’est pas comme si j’étais ligoté à mon rôle ou à ma chaise. J’en suis arrivé à la conclusion que démissionner aurait été une erreur. Je connais l’équipe et je pense être la bonne personne pour capitaliser au mieux sur tout ce que nous avons semés ces derniers mois. D’un point de vue méthodologique, à Maranello, nous avons quasiment tout changé et je suis certain que prochainement nous verrons les résultats de ce travail."

Domenicali a déjà en tête son plan pour éviter un Abu Dhabi "bis". Il sera dévoilé à la presse d’ici peu. "Cette erreur a eu, disons le comme ca, une magnitude énorme. Elle a produit des effet dévastateurs. Mais dans une course normale, sans enjeux, elle aurait pu être considérée comme une erreur tout aussi normale. Maintenant, il faut éviter de tout jeter, de bonnes choses arriveront en conséquence de cette erreur. Nous ferons des changements, nous les annoncerons bientôt officiellement, dans les prochaines heures, et nous verrons qui sera en charge de ce genre de décisions délicates, à condition de l’aider en réunissant tous les outils possibles pour ne pas se tromper à nouveau. Personnellement, je pense que j’interviendrai au sein de l’équipe aussi d’un point de vue psychologique. Trop de rigueur serait une 2ème erreur."

Le patron de la gestion sportive de Ferrari tire un petit bilan avant de parler de 2011. "Le bilan de la saison passée comporte trois choses positives : 1) la fiabilité 2) la solidité psychologique de l’équipe, qui n’a jamais renoncé et 3) un groupe de mécaniciens qui s’est nettement amélioré. Et il y a deux choses négatives : 1) La voiture moins rapide que la Red Bull et 2) l’erreur d’Abu Dhabi."

Quelles seront, selon Domenicali, les clés pour gagner en 2011 ? "En course, nous devrons nous habituer à une petite révolution, ce ne sera plus automatiquement celui qui part en pole position qui aura la route claire pour la victoire. Les stratégies seront encore plus importantes. De manière générale, le plus important sera de travailler sur la cohésion de l’équipe. Le vrai problème en F1 aujourd’hui c’est qu’il n’y a plus de figures techniques de référence. Le seul qui fait encore un "one man show" est Adrian Newey (le directeur technique de Red Bull). Pour le reste et à tous les niveaux, il y a des équipes avec d’excellents numéros 2 et 3 en lien avec d’autres excellentes personnes. Je pense donc que le vrai défi sera de former les personnes et les groupes. C’est seulement comme cela qu’on gagnera, et seulement comme cela qu’un nouveau cycle s’ouvrira."