Claire Williams explique sa méthode pour rebâtir l’écurie ‘de zéro’
Paddy Lowe n’est pas menacé
Sur le plan sportif, Williams a conçu l’une des plus mauvaises voitures de son histoire avec la FW41 de 2018. Sur le plan financier, l’écurie de Grove pourrait également traverser des temps troublés, une fois le soutien financier de la famille Stroll passé au rival Force India.
Alors que les podiums étaient encore courants en 2014 et en 2015, qu’est-ce qui a fait dévisser Williams à ce point ?
« Vous ne passez pas de la 5e place [au classement des constructeurs] à la 10e place sans avoir un certain nombre de faiblesses au sein de notre organisation, et c’est clairement ce que nous avons » n’élude pas Claire Williams aujourd’hui, elle qui, en tant que directrice d’écurie adjointe, est l’une des premières responsables.
« Nous avions choisi d’adopter une stratégie agressive durant l’hiver. Car nous avions senti que ce serait nécessaire pour progresser de manière significative. Mais cela n’a pas fonctionné pour nous. Et par-dessus le marché, notre programme aérodynamique a pris la mauvaise direction. Parfois, cela arrive. C’est ainsi… »
« Paniquer plus que de raison, dans ce genre de situations, c’est la pire erreur à faire. Il faut s’asseoir, au calme, et analyser toutes vos faiblesses. Nous avons mené ce processus. Nous avons découvert à cette occasion d’autres domaines dans lesquels nous avions aussi des faiblesses. »
« Donc de ce point de vue, ce fut un exercice positif pour nous. Cela nous a permis de démarrer de zéro et de progresser à partir de là. »
Claire Williams récuse ainsi toute décision choc, et ne veut pas licencier cinquante employés pour en embaucher cinquante autres. Williams ne désignera pas trop de boucs émissaires…
« Nous essayons de régler ce problème en interne. Les gens sous-estiment le temps que cela peut prendre si vous décidez de rebâtir une équipe de F1 à partir de rien. Vous ne pouvez juste pas remplacer certains employés. Ce n’est jamais une question individuelle de toute manière. Essayer de rebâtir votre équipe en interne, ce n’est pas le travail d’un jour. Si vous prenez des décisions précipitées, vous pouvez commettre des erreurs. Il faut s’assurer d’analyser en interne chaque domaine – les employés, les ressources, les structures, les processus. »
« Nous menons cette analyse aujourd’hui et nous allons prendre des décisions en fonction des résultats obtenus. Tout doit être démontré par des données pour que le travail soit bien mené. Il ne faut pas prendre des décisions dictées par l’émotion, parce que si vous le faites, normalement, vous vous trompez. Ce processus doit être lent, parce que c’est vraiment une grande machine à mettre en route, donc il faut y aller méthodiquement. Et si nous faisons cela, nous pourrons être sur la bonne voie. »
Williams a tout de même déjà coupé une tête, celle de Dirk de Beer, le responsable de l’aérodynamique. La logique ne voudrait-elle pas aussi que Paddy Lowe soit licencié pour mauvais résultats ?
« Paddy est notre directeur technique et je le soutiens à 100 % » réagit Claire Williams. « Paddy a gagné trois championnats en tant que directeur technique. Il a hérité d’une équipe qui rencontrait certaines difficultés. Il aurait été miraculeux qu’il puisse régler toutes ces faiblesses en si peu de temps. Et s’attendre à des miracles est naïf. »
« Il a besoin de plus du temps. Nous nous appuyons sur lui et sur son équipe d’ingénieurs. Nous devons nous assurer de lui donner tout ce dont ils ont besoin, en termes de ressources, pour construire une bonne voiture. Je fais confiance à Paddy et son équipe. »