Allison, Räikkönen et les changements opérés par Ferrari en 2014

Pour passer du 4e au 2e rang chez les constructeurs

Par Franck Drui

12 décembre 2015 - 11:10
Allison, Räikkönen et les changements

En 2014, Ferrari n’avait pas particulièrement bien négocié le virage des V6 turbo hybrides, et sa F14T était handicapée par des choix aérodynamiques obligeant le département moteur à proposer un bloc estimé à 50 chevaux de moins que le Mercedes.

Et quand la pratique sur piste a donné tort aux prévisions de la soufflerie, la Scuderia a passé la saison à grappiller des points plutôt que jouer les premiers rôles. Kimi Räikkönen, alors de retour après son passage chez Ferrari entre 2007 et 2009, avait été le premier à s’installer dans la voiture. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a été légèrement déçu.

« Chaque année, on prend la piste, on met les gaz, on teste la réaction du volant et on sait si on se sent bien ou pas avec la voiture. Après un tour et quelques virages, il est possible d’estimer si la voiture va être bonne ou, disons, moins bonne. »

« On a tout un tas de chiffres à disposition, et aucune équipe ne viendra vous dire ‘tiens au fait, on a construit une voiture pourrie’. Mais parfois, ça ne fonctionne pas comme ils l’avaient espéré en voyant les chiffres. Nous savions ainsi que la voiture ne serait pas aussi bonne que nous l’espérions pour les premiers essais et, avec les nouveaux moteurs, c’était également plus compliqué de tout corriger à temps. »

Räikkönen n’était cependant pas le seul à faire son retour chez Ferrari : James Allison, nommé directeur technique, revenait lui aussi après avoir collaboré avec une Scuderia au sommet de son art au début des années 2000. Mais la F14T n’avait rien à voir avec les bolides de Michael Schumacher la décennie précédente.

« Il a tout de suite été très clair que même avec un optimisme forcené concernant les estimations du niveau de la concurrence, nous serions de toute façon en retrait, avance Allison. Et dès le premier jour des essais hivernaux, il était évident que nous aurions beaucoup de travail. Ça nous a ensuite pris encore un peu de temps avant de cerner à peu près ce qu’il nous faudrait faire. »

Et au-dessus d’Allison, Ferrari n’avait pas hésité à faire le ménage. Plusieurs cadres de l’équipe avaient ainsi été remerciés et personne n’avait été épargné : exit donc le directeur du département conception moteur, l’ingénieur en chef, le directeur du département aérodynamique, le responsable des pneus, deux directeurs d’écurie en l’espace de huit mois ainsi que son président depuis 23 ans, Luca di Montezemolo. De l’extérieur, Ferrari semblait en crise mais, en interne, Allison avait reçu les pleins pouvoirs pour procéder à des changements radicaux en vue de 2015.

« Il était urgent d’agir. Ça a été une période compliquée parce que nous étions occupés à essayer de faire fonctionner une voiture qui avait des difficultés afin d’en tirer un maximum de performance, tout en sachant qu’une approche normale ne suffirait pas. »

« J’imagine que ça a décollé entre mai et juin 2014, au moment où Ferrari a procédé à quelques changements dans son personnel. »

Si Allison s’est attelé à rectifier les faiblesses du moteur et innover dans le refroidissement et l’aérodynamique de la voiture, Ferrari a fait appel au charismatique Maurizio Arrivabene pour rallier ses troupes. Après une 4e place en 2014, l’arrivée de l’Italien a fait du bien à la Scuderia, et Räikkönen a pu de lui-même constater les différences dans la gestion de l’équipe.

« Chaque écurie est différente de sa voisine, et chacune a sa manière de procéder. Mais je pense que 2015 est la meilleure année que je passe chez Ferrari. C’était très bien la dernière fois entre 2007 et 2009, mais si je dois comparer à l’année dernière, l’équipe est dorénavant plus unie, plus ouverte et tout est plus clair. »

« Nous avons remanié l’équipe en profondeur, mais pour les bonnes raisons. Nous n’avons pas touché à ceci ou cela simplement histoire de changer, ça a été réfléchi et nous commençons à en voir les retombées positives. »

« Nous travaillons en équipe avec un but commun. Chaque pilote veut évidemment devancer son coéquipier mais il faut parfois regarder le tableau dans son ensemble : nous voulons revenir aux avant-postes et quand nous y serons, ce sera le meilleur pilote qui l’emportera. »

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