Interview de Nicolas Minassian

"Je ne suis pas un doux rêveur !"

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13 décembre 2012 - 20:15
Interview de Nicolas Minassian

Nicolas Minassian fait partie des pilotes les plus doués de sa génération. Après la belle aventure Peugeot, le Marseillais a pris son bâton de pèlerin pour relever d’autres défis. Sa saison 2012 a été clairement positive avec de très belles performances dans les différents championnats auxquels il a pris part. On l’a vu cette année en European Le Mans Series chez Sébastien Loeb Racing, en Championnat du Monde d’Endurance chez Pescarolo Team, Jota puis Pecom Racing, avec une participation aux 24 Heures du Mans au volant de la Dome couvée par Henri Pescarolo. Il y a quelques semaines, Minass’ était en Australie dans le cadre de la Gold Coast 600 et ce week-end c’est à Abu Dhabi qu’on le retrouve avec à la clé un nouveau challenge puisqu’il roule sur une des six Ferrari 458 Italia GT3/AF Corse aux côtés de Enzo Potolicchio et de son ami de trente ans Stéphane Sarrazin. Les deux compères se retrouveront d’ailleurs à Daytona le mois prochain toujours en compagnie du Vénézuélien, mais aussi de Pedro Lamy et Anthony Davidson. Une sacrée dream team ! En attendant, Minass’ prend beaucoup de plaisir à rouler en GT3 avec des chronos qui prouvent si besoin en était qu’il n’a rien perdu de sa pointe de vitesse. Entretien...

Laurent Mercier : C’est plutôt une surprise de te voir en GT...

Nicolas Minassian : « Ma seule expérience dans la catégorie remonte aux 24 Heures de Spa 2005 où je roulais sur une Ferrari 550 Maranello du Cirtek Motorsport. Malheureusement, l’aventure avait tourné court suite à une sortie de piste. Je m’étais pourtant bien amusé dans la GT1. »

Avec la GT3, tu découvres un nouveau monde ?

« Tu arrives ici et tu retrouves face à des pilotes qui roulent toute l’année dans ce type d’autos. Ce n’est jamais facile. Il suffit de voir la liste des pilotes au départ pour s’en convaincre. Rouler face à des Bruni, Vilander n’est pas évident. Je me régale et cela me fait aussi réfléchir. C’est très différent de ce que je connais, notamment au niveau des virages et des freins. Il faut se retenir. Je le répète, je m’éclate. J’aime beaucoup changer de catégorie et voir autre chose. C’est à chaque fois une remise en question. »

Tu apprécies le tracé de Yas Marina ?

« Cette saison, j’ai découvert pas mal de circuits et celui ci est nouveau pour moi. Le tracé est sympa et je dirais que c’est un mix entre un circuit urbain et routier. A certains endroits tu es à quelques centimètres des rails et à d’autres, les dégagements sont importants. La première partie est rapide et les deux derniers virages sont sympas. »

Le circuit conviendrait bien aux prototypes selon toi ?

« Oui sans aucun problème. On devrait organiser une course du Championnat du Monde d’Endurance de 12 heures ici (sourire). De plus, l’éclairage est impressionnant. L’accueil est excellent et ce n’est pas très loin de l’Europe. »

Avec Enzo et Stéphane, l’équipage est très homogène...

« Stéphane est l’un de mes meilleurs amis car nous nous connaissons depuis 25 ans. On discute ensemble toute l’année et j’ai fait la connaissance d’Enzo, avec qui Stéphane a roulé cette année. Le courant est bien passé et nous voilà réunis. Ce sera la même chose à l’occasion des 24 Heures de Daytona avec le renfort de Pedro (Lamy) et Anthony (Davidson). Ce sera un équipage typé Peugeot et nous avons l’avantage de tous nous connaître. Il n’y a aucune guerre d’ego entre nous, ce qui est très important. Lorsque tu roules en Endurance, il faut savoir faire des compromis. »

C’était une volonté de participer à ces 24 Heures de Daytona ?

« Cette course fait partie des plus belles qui existent. Je ne suis pas un doux rêveur et je sais que ce sera compliqué pour moi de remporter les 24 Heures du Mans. Daytona reste une course qui n’est pas réservée aux constructeurs et où tu peux t’imposer au général. Le package avec la Corvette DP est bon. L’équipe 8Star fait les choses bien et se prépare de la meilleure des façons. Pour en revenir au Mans, mon objectif est maintenant de m’imposer en LMP2. »

Justement, quel sera ton programme en 2013 ?

« Je roulerai avec le Pecom Racing en Championnat du Monde d’Endurance et donc aux 24 Heures du Mans. J’essaierais également de prendre part à plusieurs manches Grand-Am et pourquoi pas à l’European Le Mans Series. J’espère aussi rouler à nouveau en Australie, avec pourquoi pas Sandown et Bathurst. »

Et un programme en GT ?

« J’adore le GT car c’est un nouveau challenge pour moi. C’est quelque chose que je découvre et je sors de ma zone de confort. Le prototype, je pilote à l’instinct car j’ai l’habitude. Là c’est autre chose. »

Les 24 Heures de Dubai feront partie de ton programme ?

« J’y ai pensé et j’aurais aimé y prendre part, mais le timing avec les essais de janvier à Daytona est trop court. Les courses hivernales te permettent de garder le rythme. Plus tu roules et plus tu gardes la forme. »

Quel bilan tires-tu de ta saison ?

« On peut clairement dire qu’elle est positive. Hugues de Chaunac m’a bien aidé car je suis resté en contact avec lui. J’ai aussi roulé pour Jota, et là aussi tout s’est bien passé. C’est une équipe que je connais bien. L’aventure avec la Dome et le Pescarolo Team a été une belle aventure. Le deal s’est conclu tardivement et s’est malheureusement arrêté assez trop tôt. A chaque fois que tu donnes le meilleur de toi-même, tu ne peux qu’être satisfait, et c’est le cas pour la Dome. L’auto a un fort potentiel et les gens de chez Dome sont très intelligents avec des ingénieurs de bonne qualité. Ils travaillent déjà pour 2014 et je suis persuadé qu’il faut s’attendre à quelque chose de bien. Dome a toujours fait de très bonnes autos. »

Tu restes en contact avec Henri ?

« Je l’ai régulièrement au téléphone. C’est quelqu’un qui ne lâche rien et qui fait tout pour revenir. Tout le monde sait que la conjoncture n’est pas facile, mais la course c’est toute sa vie. J’espère qu’il reviendra. »

Avec Pecom Racing, le courant est bien passé ?

« C’est une équipe très professionnelle. Amato Ferrari se donne les moyens de bien réussir. Il y a un gros niveau en LMP2 et il ne faut rien lâcher. Ce n’est pas du tout une deuxième division. AF Corse c’est du lourd. Pourquoi pas faire aussi du GT avec eux, mais pour cela il faut aller vite (rires). Je connaissais déjà la ORECA 03 pour avoir piloté celle du Sébastien Loeb Racing. J’aurais bien aimé continuer à leurs côtés car c’est un très bon team. Cependant, il faut composer avec les calendriers et les différents programmes. »

Propos recueillis par Laurent Mercier

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