‘Sur le principe’, Wolff est d’accord avec Marchionne et ses menaces de retrait

Le ton se veut néanmoins plus conciliant

Par Alexandre C.

19 décembre 2017 - 14:58
‘Sur le principe', Wolff est (...)

Les Accords Concorde, qui réglementent la distribution des revenus en F1, expirent en 2020. Pour l’avenir, Liberty Media est tenté de remettre en question l’inégalité consubstantielle à la discipline afin de rééquilibrer la balance en faveur des petites écuries.

Liberty Media entend aussi changer d’autres règlements en 2021 (notamment les règles moteur), mais pour Toto Wolff, le patron de Mercedes, c’est bel et bien la répartition des revenus qui demeure le sujet épineux pour le moment.

« C’est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. C’est le sujet le plus important pour l’après-2020. Il est clair que nous devons trouver une structure qui fonctionne pour tout le monde. Quelques petites équipes connaissent en effet des difficultés financières… »

Pour aider les petites écuries et assurer une compétition plus équilibrée, Liberty Media entendrait introduire des budgets plafonnés. Bien évidemment, cela affaiblirait le leadership de Mercedes, Ferrari et Red Bull… Qu’en pense Toto Wolff ?

« Nous ne sommes pas opposés à des budgets plafonnés du moment qu’ils sont mis en place comme il le faut, et que le système est raisonnable. Nous n’allons pas renvoyer 30 % de nos employés d’une année à l’autre, et nous n’allons pas abandonner notre mince avance en termes de performances. »

« Donc il faut trouver une compensation de l’autre côté. Ces discussions ont commencé de manière amicale tout récemment, et sur ce sujet également, il faut reconnaître que nous pourrions avoir des opinions différentes. Mais à la fin, pour le bien de la F1, nous trouverons les bonnes solutions. »

Sergio Marchionne, le PDG de Fiat, a encore réitéré sa menace envers Liberty Media récemment : Ferrari pourrait quitter la F1 et créer un championnat parallèle si les accords Concorde (au niveau des distributions de revenus ou des règles moteurs) ne donnent pas satisfaction. Toto Wolff soutient-il une initiative aussi radicale ?

« Sergio est assez franc et direct. Il dit qu’il n’acceptera pas certaines choses et c’est sa manière de traiter le problème – et sur le principe, je partage son opinion. J’ai dit à Abu Dhabi que nous adorons la F1, nous sommes ici pour rester ; mais la F1 doit nous offrir le bon cadre – une bonne gouvernance, un bon règlement… Elle doit être bien gérée. Et nous élèverons la voix si nous pensons que les choses ne vont pas dans la bonne direction. »

Toto Wolff ne brandit donc pas directement la menace d’un retrait de Mercedes, mais sous-entend que cette option est sur la table au cas où…

L’autre aspect qui pourrait gêner Mercedes est un changement radical de règlement : l’équipe de Brackley a acquis une belle avance au cours de ces dernières années, qu’un virage à 180 degrés pourrait remettre en question, tant sur le plan du châssis que du moteur. Toto Wolff n’est-il pas conservateur avant tout pour cette raison ?

« Nous aimons les défis, nous comprenons les failles de l’actuel règlement. Il faut un combat à l’avant, et nous sommes prêts à nous battre. Je ne pense pas qu’il y ait tant d’oppositions entre Liberty Media et nous pour le règlement moteur. Liberty Media reconnaît que le moteur doit avoir une technologie très développée et nous ne voulons pas développer un moteur complètement nouveau, donc nous sommes plutôt alignés sur ce sujet. »

Toto Wolff met une proposition sur la table à l’attention de Ross Brawn et de Liberty Media : les manufacturiers pourraient fournir un MGU-H standard aux manufacturiers en retard afin de garantir un juste équilibre dans la compétition.

« Nous sommes à la moitié du chemin au niveau de la négociation des règles moteur. Nous n’aimons pas l’idée de nous défaire du MGU-H [système qui convertit l’énergie thermique des gaz d’échappement en énergie électrique]. Nous aimerions fournir la pièce à quelques équipes qui n’ont pas cette technologie, ou à des manufacturiers qui ne la maîtrisent qu’imparfaitement. »

Toto Wolff se dit d’accord avec Liberty Media sur les grands objectifs du nouveau règlement, et assure que Mercedes ne fera pas le forcing à tout prix pour retenir la concurrence.

« Il nous faut des voitures rapides et spectaculaires, mais il faut aussi être capable de dépasser. Nous devons attirer l’attention du public, nous devons avoir des pistes où il est possible de dépasser, où les erreurs sont pénalisées, c’est notre travail, notre gagne-pain, et nous voulons qu’il prospère. Nous pouvons gérer n’importe quel changement de réglementation. Aucune équipe n’a pu gagner tous les championnats dans l’histoire, et nous en avons conscience. »

Toto Wolff, contrairement à Sergio Marchionne, se veut en général plus conciliant. Il finit d’ailleurs sur une note optimiste : « Le diable se niche dans les détails. Mais les conversations progressent dans la bonne direction. »

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