Jacques et la Scuderia évoquent Gilles Villeneuve

Conférence commémorative

Par D. Thys

8 mai 2012 - 19:50
Jacques et la Scuderia évoquent (...)

En plus de la commémoration du 30e anniversaire de la disparition de Gilles Villeneuve, aujourd’hui sur le circuit de Fiorano, Pino Allievi, le célèbre journaliste de la Gazzetta dello Sport, a organisé une conférence avec Jacques Villeneuve, le fils du champion disparu.

Fernando Alonso et Felipe Massa, les deux pilotes actuels de la Scuderia étaient aussi présents pour évoquer la mémoire de celui qui était devenu une légende avant même que le sort l’emporte au paradis des pilotes. D’autres responsables ou anciens responsables de la Scuderia ont aussi raconté les souvenirs qu’ils avaient de ce pilote.

"Toute la famille se déplaçait toujours sur les courses et nous vivions dans un motorhome... c’était bien mieux que d’aller à l’école," explique Jacques Villeneuve. "La plupart des souvenirs de jeunesse que j’ai provient de notre vie sur les circuits. Je m’asseyais et je suivais les courses. Je peux donc dire que 90% des souvenirs que j’ai de mon père sont liés à sa vie de pilote. Il n’était pas souvent à la maison, car lorsqu’il n’était pas dans une voiture de course, il était dans un hélicoptère ou dans un avion. Tout cela me semblait normal puisque c’était mon père. Je crois avoir eu de la chance d’avoir vécu lorsque les voitures étaient plus sures, car si n’était pas le cas, je serais peut-être mort aussi, car comme lui, il est dans ma nature de toujours flirter avec les limites."

Gilles Villeneuve aurait-il été heureux que son fils devienne lui aussi pilote de course ? "Il aurait été heureux, car c’était son rêve de me voir devenir pilote comme lui," ajoute Jacques Villeneuve.

"Mon père m’a beaucoup aidé, car lui aussi était pilote de course," raconte Felipe Massa. "Il ne participait qu’au championnat de tourisme, pour s’amuser, et il n’est jamais devenu pilote professionnel. Je rêvais de devenir pilote à mon tour depuis mon enfance. Piloter des voitures de course comme mon père avait une très grande signification pour moi. De mes débuts en karting jusqu’à mon arrivée en F1, mon père a toujours été très proche de moi."

Fernando Alonso a aussi un père qui l’a beaucoup marqué. "Au début il voulait que ce soit ma sœur qui fasse du sport automobile et il lui a donc fabriqué un karting, mais heureusement pour moi, elle n’avait pas du tout aimé ça. Le karting m’est donc revenu et c’est comme ça que tout a commencé pour moi. J’avais deux ans et demi et il avait attaché une corde à l’arrière pour que je n’aie pas d’accident. Je peux imaginer qu’il ne s’amusait pas beaucoup à tenir la corde derrière moi après toute une semaine de travail, mais c’était un grand passionné."

Fernando Alonso et Felipe Massa n’ont évidemment pas connu Gilles Villeneuve, mais ils ont été tous les deux plus ou moins longtemps l’équipier de Jacques Villeneuve.

"La légende qu’il y a autour de ce pilote est la plus incroyable en F1. C’était un pilote agressif au volant, il avait un style de pilotage qui sortait vraiment de l’ordinaire," ajoute Massa.

Mauro Forghieri, le directeur technique de la Scuderia Ferrari lorsque Gilles Villeneuve y était, a lui aussi des souvenirs très marqués de ce pilote. "Il ne participait pas vraiment au Championnat du monde, il participait seulement à chaque course et cela lui suffisait. Il aurait piloté un châssis fabriqué à la hâte, car à l’époque, nous n’étions que 162 dans la Scuderia avec le Commendatore Ferrari. Nous n’avions donc pas le temps de fabriquer de nouveaux châssis. C’était des voitures très exigeantes sur le plan physique. On ne pourrait pas rouler avec ces voitures aujourd’hui," raconte l’ingénieur italien.

Montezemolo a conclu la conférence avec ses propres souvenirs de Gilles. "Villeneuve était un pilote incroyable à voir. Alors c’est vrai que, peut-être, son tempérament lui a fait perdre des points et un bon résultat à la fin de la saison. Mais Gilles donnait au public ce qu’il voulait. Comme l’a dit Mauro, il ne courait pas pour le championnat mais pour la course en elle-même. Tout le contraire d’Alonso qui est, aujourd’hui, le meilleur pilote du monde en course."

"Par la force des choses, je n’était pas aussi lié à lui que d’autres de mes pilotes, tels que Lauda, Regazzoni ou Reutemann. Je me souviens quand Enzo Ferrari m’a dit qu’il avait remarqué un jeune homme de grand talent et de tempérament, dans des courses de motoneiges au Canada. Il avait un pré-contrat avec McLaren, mais Enzo Ferrari a voulu apporter de l’air frais dans l’équipe. C’était un pilote et un homme extraordinaire. Nul besoin d’être prisonnier du passé, mais si on regarde le football, F1, la politique, puis en Italie, nous voyons bien que les relations humaines étaient meilleures et bien différentes dans le passé." ajoute l’Italien.

Interrogé sur la possibilité de recruter un jour des pilotes plus "indisciplinés" mais au grand cœur, Luca di Montezemolo a répondu du tac au tac : "Avec la F1 d’aujourd’hui, un pilote indiscipliné n’aurait pas sa place chez Ferrari."

Recherche

Info Formule 1

Photos

Vidéos