Brawn juge ’insoutenables’ les écarts de performance entre écuries

Du ‘sacrifié’ Räikkönen au ‘gentleman’ Hamilton, analyses...

Par Alexandre C.

2 août 2017 - 16:05
Brawn juge 'insoutenables' les

Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour le compte de Liberty Media, a bien entendu regardé de près le Grand Prix de Hongrie. Comme chacun, l’ancien ingénieur de Ferrari et de Brawn GP a apprécié le suspense en fin d’épreuve – deux Mercedes suivant de près deux Ferrari. Il estime que Sebastian Vettel doit beaucoup à Kimi Räikkönen après cette course.

« Avec le problème de Vettel, les chances de victoire de Kimi Räikkönen ont été sacrifiées, parce qu’il a dû couvrir son coéquipier, alors que les deux Mercedes revenaient sur lui pour l’attaquer » estime Ross Brawn.

Avec le « sacrifice » de Kimi Räikkönen et le beau geste de Lewis Hamilton en fin d’épreuve – relaisser passer sur le fil Valtteri Bottas conformément à ses promesses – cette course en Hongrie a prouvé que la F1 était aussi une affaire d’écurie plus que de pilotes.

« Le Grand Prix de Hongrie était la preuve que la F1 est un sport d’équipe, où le plus important est de faire ce qui est le meilleur pour le classement au championnat du monde. Devant, Vettel a été protégé de manière désintéressée par Räikkönen, qui était clairement plus rapide. Mais chez Mercedes, les pilotes ont aussi placé les considérations de l’équipe avant leurs intérêts personnels. Valtteri Bottas a prouvé qu’il était un vrai équipier en laissant une chance à Hamilton d’attaquer Räikkönen et a presque ralenti pour s’arrêter au virage 1 pour laisser passer le Britannique. Hamilton a ensuite, dans le dernier tour, répondu à la sportivité de son équipier et lui a rendu la place. »

« C’était une manœuvre risquée et Verstappen a fini seulement quelques dixièmes derrière Lewis Hamilton, mais Mercedes a fait un beau geste. Cependant, le comportement de gentleman de Hamilton lui a coûté trois points et même si ça n’a aucun effet sur le classement des constructeurs, ce pourrait être le cas pour le classement des pilotes à la fin de l’année. »

La sportivité entre équipiers n’a cependant pas été au rendez-vous du côté de Red Bull. C’est évidemment une litote après la collision du premier tour entre Max Verstappen et Daniel Ricciardo, qui a coûté une pénalité de 10 secondes pour le premier et de deux heures pour le second – l’abandon.

« Sur le papier, c’était une des meilleurs chances de la saison pour Red Bull. Cela a été confirmé après les sessions du vendredi, où Daniel était le plus rapide. Mais après son problème hydraulique en FP3, il a perdu ses réglages qu’il avait étudiés avec soin, et étant donné que Max Verstappen avait souffert le vendredi, Red Bull a probablement raté une opportunité en qualifications, en signant la troisième ligne. »

« Mais toute chance de voir le podium s’est évaporée dès le premier tour. Verstappen a montré sa combativité habituelle du début jusqu’à la fin de la course, et ensuite, il s’est immédiatement excusé envers son coéquipier. C’était la meilleure chose à faire pour éviter toute rancœur dans l’équipe, ce qui est toujours destructeur dans le monde complexe et délicat d’une équipe de F1. »

Pendant que Red Bull était empêtré dans cette bataille entre coéquipiers, McLaren réussissait pour la première fois à marquer des points avec ses deux voitures grâce à la 7e place de Fernando Alonso et la 10e de Stoffel Vandoorne.

« Cette course a montré pour McLaren des signes encourageants de progrès. Le samedi, les deux pilotes sont entrés en Q3 et le dimanche, Alonso et Stoffel Vandoorne ont conservé leur place dans le top 10. Il y a même eu la cerise sur le gâteau avec le meilleur tour de Fernando durant le dernier tour. Même si ce n’est pas récompensé par un point, c’est vraiment un bonus pour le moral, et cela signifie que l’Espagnol peut partir en vacances avec un sourire encore plus authentique que celui qu’il a montré lors de la cérémonie du podium [en posant face à son double pictural, sur la chaise pliante]. »

Ross Brawn a enfin noté, et regretté, le fossé qui sépare les trois premières écuries du reste du plateau. Liberty Media connaît son prochain chantier, pour le bien du spectacle…

« Il y a eu 15 secondes d’écart entre le 1er et le 5e. Cependant, Alonso, le 6e, a fini à une minute de Vettel et les 11 autres voitures ont pris un tour. L’écart entre les écuries du top 3 et le reste de la grille est beaucoup trop grand : ça a été le cas de nombreuses fois par le passé, mais le sport a besoin de réduire ces écarts de performance, parce que sur le long terme, cela peut devenir insoutenable. »

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