Vainqueurs et champions, Alonso et Buemi n’en demandaient pas tant

Ils sont désolés pour leurs équipiers

Par Emmanuel Touzot

16 juin 2019 - 18:52
Vainqueurs et champions, Alonso et (…)

La Toyota numéro 8 de Fernando Alonso, Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima a remporté les 24 Heures du Mans pour la deuxième année consécutive. Toutefois, ce succès n’intervient pas du tout de la même manière que celui remporté l’an dernier, avec des problèmes rencontrés par la voiture sœur dans la dernière heure de course.

La Toyota numéro 7 de Mike Conway, Kamui Kobayashi et Jose Maria Lopez a en effet subi une crevaison, mais un capteur défaillant a indiqué le mauvais pneu. L’équipe n’a changé qu’une roue, la mauvaise, et la 7 a dû repasser par le garage une nouvelle fois, offrant la victoire à la 8.

"Nous n’avions pas le rythme pour les 24 Heures" avoue Alonso. "Nous n’étions pas aussi rapides que la 7 et nous n’avons pas mérité de gagner en piste. La chance était un grand facteur, comme souvent en sport automobile."

Cela a forcément rappelé à Toyota, mais aussi à Alonso, la défaite de la marque japonais en 2016, après une panne survenue à deux minutes du terme de la course : "Je me souviens avoir regardé la télévision quand Kazuki s’était arrêté en fin de course. Que faire dans ces cas ?"

"C’est incroyablement difficile. Malheureusement, j’ai connu ce genre de moments aussi en me battant pour le championnat du monde [de F1] en 2007 avec McLaren, et en 2010 et 2012 avec Ferrari. Quand arrive le dernier moment et qu’on ne peut pas finir le travail, c’est triste. Je suis désolé pour mes coéquipiers qui sont aussi mes amis, ils méritaient la victoire."

Outre cette victoire, Alonso, Buemi et Nakajima deviennent champions du monde de la super saison 2018/19 de WEC, grâce notamment à ces deux succès lors du double tour d’horloge, qui a constitué la première et la dernière manche de cet exercice.

"La course a choisi que l’on gagne et nous prenons cela. Notre objectif principal était d’être champions du monde, et je suis extrêmement fier de cela aussi. C’était une saison très longue. C’était dur l’an dernier car j’étais impliqué en F1 en plus du programme WEC, pas seulement au Mans, et je voulais me battre pour un championnat de plus. On l’a enfin gagné et c’est une journée très importante."

Sébastien Buemi avoue que l’objectif était davantage le championnat que la course pour l’équipage de la numéro 8, et qu’une deuxième place semblait initialement satisfaisante, avant ce coup du sort heureux pour les trois pilotes, et malheureux pour ceux de la voiture sœur.

"C’était une course difficile" reconnaît le Suisse. "Nous nous sommes engagés en sachant que l’on pourrait perdre le championnat, et j’ai passé toute la course à penser ’accélérons pour tenter de nous battre avec la numéro 7’. Après cinq tours, j’ai réalisé que ce serait plus ou moins impossible."

"Pendant la course, nous avons progressé mais ils étaient plus rapides durant toute la course. J’étais très satisfait d’une éventuelle deuxième place, et ce qui leur est arrivé est très difficile. Quand cela m’est arrivé, ainsi qu’à Kazuki, en 2016, c’était également très difficile. Je suis désolé pour eux. C’est le sport automobile."

Il avoue également qu’il n’était pas simple de simplement rester sur la piste, au milieu de nombreuses voitures, dont une majorité de GT, alors que les 24 Heures du Mans affichaient l’un des plus gros pelotons de l’histoire : "C’était une course difficile avec 61 voitures."

"C’est difficile car il y a quelques amateurs. On ne veut pas abîmer sa voiture et on veut être à l’avant du classement. Avec la voiture numéro 7 [en face], il fallait vraiment attaquer. Je suis heureux que nous n’ayons pas fait d’erreurs et que la course nous ait choisis aujourd’hui."

Victime d’une panne à quelques encablures de l’arrivée en 2016, Nakajima ne pouvait que compatir avec l’équipage adverse : "Cette année, la victoire au Mans a été décidée par la chance et non par la performance. C’était une course difficile et ce qui est arrivé à la numéro 7 est difficile à croire."

"Nous avons vécu une situation similaire en 2016 et nous savons ce qu’on ressent, nous sommes désolés pour nos équipiers. Grâce à cette victoire, nous sommes aussi champions du monde et nous sommes très fiers après cette longue et difficile saison, qui a donné lieu à des batailles serrées avec la voiture sœur."

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