Treluyer : Audi R18 et SUPER GT au programme

Une saison 2011 remplie !

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18 février 2011 - 21:05
Treluyer : Audi R18 et SUPER GT au (...)

L’année 2011 va être à nouveau bien chargée pour Benoît Treluyer. Le pilote français sera encore sur deux fronts, en SUPER GT et en ILMC. Benoît est doublement pilote d’usine, avec Nissan et la GT-R du team NISMO au Japon, et avec Audi Motorsport et la R18 en ILMC. Benoît, qui était à Okayama pour des essais avec NISMO, a évoqué avec nous la saison à venir.

Benoît, parlons d’abord du SUPER GT. Nissan a annoncé quelques évolutions sur la GT-R qui court en GT500. Qu’en est-il exactement ?

BT : "En fait, il n’y a pas vraiment de changement. Tout le monde attend un peu la nouvelle règlementation et le rapprochement avec le DTM, donc il n’y pas d"évolution."

Nissan, dans la présentation de la saison 2011, annonçait davantage de couple pour la GT-R ?

BT : "Nissan essaie de récupérer un peu plus de couple, mais le problème c’est qu’on a un moteur qui est dérivé de la série contrairement à Honda et Toyota qui ont des moteurs totalement issus de la compétition. Honda a un moteur qui roule depuis trois ans en Formule Nippon, Toyota, le moteur tournait en IRL avant, ils le connaissent bien...Nous, on est un peu plus dans la difficulté. On fait avec. L’année dernière, nous avons eu beaucoup de problèmes en début de saison, en cours de saison on avait progressé, les gens de NISMO avaient éliminé pas mal de vibrations et on a gagné un peu de couple en fin d’année mais pour l’instant on est encore loin des performances de Honda et de Toyota."

Est-ce qu’il y a moyen de gagner un peu sur l’aéro ?

BT : "Le problème c’est que, oui, on peut gagner de la vitesse de pointe, mais on va perdre en termes de passage en courbe. En aéro, Honda est mieux placé parce que c’est Dome qui développe la voiture , c’est eux qui ont la soufflerie. En plus Honda a créé une voiture faite directement pour la compétition."

Sais-tu pourquoi NISMO a laissé Michelin pour repasser aux Bridgestone ?

BT : "Personnellement, je n’étais pas du tout pour cette décision. Je voulais continuer avec les Michelin, mais ce n’était malheureusement pas possible. Je ne connais pas les raisons exactes, mais c’est le Team Mola qui va récupérer les Michelin. En fait, je crois que Nissan voulait garder Michelin, mais comme l’année dernière on n’a pas eu des résultats extraordinaires, Nissan a dû inciter NISMO à changer pour gagner des courses. Je pense que les pneus n’étaient pas les seuls responsables, car nous aurions pu gagner deux courses. En début de saison, c’était plutôt des problèmes moteur. Après, à Sugo on avait trente secondes d’avance et le disjoncteur principal a coupé, un bout de gomme a coupé l’alimentation de la voiture, une autre fois on a eu des problèmes mécaniques, mon équipier Motoyama s’est fait sortir...Donc, on change de gommes, même si j’aurais préféré garder les Michelin parce qu’oon avait fait une année entière de développement. Avec Bridgestone, on va un peu repartir de zéro. Aujourd’hui à Okayama (mercredi, NDLR), ça a été un peu dur, en plus on a eu des petits problèmes mécaniques, demain (jeudi) on annonce de la pluie."

Vous avez quand même un petit avantage sur les autres équipages Nissan, puisque vous êtes le seul inchangé..

BT : "A ce niveau-là, ça ne va pas changer grand chose. Matsuda reste chez Impul. De Oliveira arrive chez Impul, mais il connaît déjà l’équipe, car c’est lui qui a pris ma place en Formula Nippon quand j’ai arrêté, donc c’est un équipage qui va être fiable. Chez Mola, il y a Quintarelli qui connaît les Michelin car il a déjà roulé avec, son équipier Yanagida est un bon pilote, il aura un petit temps d’adaptation car il vient du GT300 mais il a déjà fait du GT500 pendant deux saisons. Pour le Kondo Racing, il y a Yasuda qui est un très bon pilote, et Wirdheim qui vient de Lexus. Pour eux, c’est peut-être un peu plus difficile puisqu’ils sont en Yokohama, mais apparemment ils ont fait un bon step aussi."

"Je pense que les Nissan vont peut-être avoir une année difficile encore, c’est la quatrième année de la voiture, mais on va se battre de toutes façons. Bridgestone a aussi progressé."

As-tu une idée de la date du rapprochement entre le SUPER GT et le DTM ?

BT : "Je pense que ce sera l’horizon 2014. Avec le Grand-Am, ce sera plus tard, les japonais et les européens sont plus avancés dans les discussions. Ce qui serait bien c’est que le rapprochement DTM/SUPER GT commence en 2012, même si c’est peut-être un peu mal parti. J’ai un petit espoir quand même, car nous roulons avec le même châssis pour la quatrième année de suite, ce qui n’est jamais arrivé et je me dis qu’ils ont peut-être une idée pour l’année prochaine. Ce rapprochement serait une bonne chose, car il y a eu la crise et c’est difficile pour tout le monde. Avoir un châssis unique, ça va permettre de baisser les budgets, et ça me paraît être la solution pour le moment. Ce serait bien, car fabriquer des voitures moins chères et qu’on puisse vendre à des teams privés partout dans le monde, aux USA, en Europe, au Japon, c’est beaucoup plus rentable et je pense que les constructeurs japonais préfèrent ça, car faire seulement quatre voitures avec tout le développement que ça implique comme c’est le cas actuellement, ça coûte un argent fou, peut-être même plus qu’une LMP1 !"

Combien de temps restes-tu à Okayama ?

BT : "Encore demain (jeudi), mais comme je le disais, il va peut-être pleuvoir. Après, on reviendra ici, on va avoir un test à Suzuka, on revient à Okayama, on va à Motegi, on a beaucoup de tests."

Est-ce que NISMO a changé son staff technique ?

BT : "Il n’y a pas beaucoup de changements. Nous avons deux nouveaux mécaniciens, un ingénieur qui était en GT1 revient en GT500. L’équipe est un peu renforcée, mais sans grand changement."

C’est toi et Satoshi Motoyama qui assurez le développement pour Nissan en GT500 avec NISMO et c’est ensuite transféré aux autres teams ?

BT : "Nous faisons le développement principal et ensuite les autres teams bénéficient rapidement des évolutions, voire en même temps. Effectivement, Satoshi et moi, nous testons les premiers développements. NISMO est l’éuipe de développement, il y a une toute petite différence avec les autres équipes qui reçoivent un fort support de Nissan, mais quand on arrive sur les courses, on arrive tous avec le même matériel."

Changeons de sujet maintenant... Parle-nous un peu de l’Audi R18...

BT : "Là, ça se passe bien. La voiture est très sympa à conduire. C’est sûr qu’on a perdu des chevaux, mais c’est pour tout le monde pareil...."

Est-ce que ça change la conduite ? Comment compensez-vous cette perte de puissance ?

BT : "Un peu par le pilotage, par l’aéro aussi. On a forcément un peu déchargé pour ne pas avoir trop de traînée sans perdre pour autant trop d’appui. Avec les pneus avant plus larges, on peut gagner un peu de vitesse en entrée de virage, mais on n’est quand même pas dans les temps de l’année dernière, ça va moins vite..."

Tu trouves la R18 plus sympa à conduire que la R15 ?

BT : "Moi, je préfère. Peut-être aussi que je m’y habitue un peu plus. Je me rappelle, l’année dernière, la première fois qu’on avait roulé avec la R15, on avait eu du mal, alors que là, la R18, dès qu’elle a été posée sur la piste, elle était agréable à conduire, vraiment sympa."

Au niveau pilotage encore, quelle est l’incidence de l’aileron de requin ?

BT : "Pour nous, quant on roule dans le bon sens, pas grand chose...!!! ça doit nous faire un peu de traînée, sûrement. Au niveau sécurité, c’est mieux, et ça n’altère pas du tout les performances, que ce soit en ligne droite ou dans les courbes."

Quelle est la différence la plus marquante à tes yeux par rapport à la R15 ?

BT : "Je pense que le fait que le moteur soit plus petit, il y a moins d’inertie ; la répartition des masses est différente, la voiture est plus facile à conduire que la R15, elle a une meilleure "drivability" ; le poids est recentré, on peut jouer avec la voiture alors qu’avec la R15 on était toujours à la limite, un peu craintif."

A titre personnel, qu’est-ce que tu préfères ? Un proto fermé comme la R18, ou une barquette comme la R15 ?

BT : "Je dirais un proto fermé. C’est sûr que la visibilité est un peu moindre ; maintenant c’est quand même beaucoup plus sécurisant d’être dans un proto fermé. Par contre, c’est vrai qu’avec un proto fermé, dans le traffic, ça va être plus compliqué, mais Peugeot a bien réussi à gagner Le Mans avec un proto fermé, donc il n’y a pas de raison que nous n’y arrivions pas. Il y aura un petit temps d’adaptation, mais la plupart des pilotes qui vont rouler dans la R18, même tous, ont déjà roulé dans des GT ou des protos fermés, donc pas de soucis. Kristensen l’a déjà fait, Capello, tout le monde chez nous."

Quand vas-tu la piloter à nouveau, la R18 ?

BT : "Le mois prochain ! On a quand même des essais assez réguliers. Je n’ai pas le planning sous les yeux, je ne peux pas te dire exactement où on va tourner, mais mon programme est assez chargé. Entre le Japon et les essais Audi, je crois que je suis parti sept semaines de France."

Tu seras à la Journée Test au Mans, le 24 avril ?

BT : "On vient au Mans, pas de souci. Il faut être là. Pour préparer la course, c’est important."

Les trois Audi R18 seront là ?

BT : "Oui, oui, je ne peux pas le dire à cent pour cent, mais je pense que les trois voitures seront là."

Nous remercions Benoît pour sa disponibilité,

Propos recueillis par Claude Foubert

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