La catégorie GT3 sauveuse du GTE à moyen terme ?

McLaren est sur les rangs, Mercedes y pense

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4 décembre 2012 - 11:12
La catégorie GT3 sauveuse du GTE à (...)

La catégorie GT a actuellement le vent en poupe. Quelques jours seulement après que Aston Martin Racing et TRG aient annoncé une vaste campagne sur le continent américain, c’est Porsche qui a confirmé s’engager directement en Championnat du Monde d’Endurance via le Manthey Racing. C’est ensuite BMW Motorsport qui apporte son soutien à BMW North America pour aligner des BMW Z4 GTE dès la saison prochaine en American Le Mans Series. Une fois de plus le continent américain aura le plus beau plateau GTE de la planète : Aston Martin, BMW, Corvette, Ferrari, Lotus, Porsche et Viper. Il faudra cependant faire des ajustements pour que tout ce beau petit monde cohabite. L’ALMS a l’habitude depuis qu’elle a accepté en son sein la Maserati MC12 à venir se frotter aux GT1 de l’époque. L’arrivée de la BMW Z4 GTE pourrait bien donner un coup au moral de Porsche et Corvette qui ont développé chacun de leur côté une GTE spécifique, la Z4 GTE n’étant qu’une extrapolation de la GT3 qui officie avec succès en Europe. Même si BMW Motorsport voit cette arrivée d’un bon œil, qu’en sera-t-il dans les autres championnats ? Une brèche est-elle ouverte dans la lutte GTE/GT3 ? Un groupe de travail FIA/ACO planche actuellement sur le futur de la catégorie GT, où Vincent Beaumesnil (Directeur des Sports à l’ACO) nous confiait au Petit Le Mans que cette nouvelle catégorie GT ne verrait pas le jour avant 2015, si tant est qu’elle voit le jour puisque ce n’est qu’un groupe de travail. Ce n’est un secret pour personne que la catégorie GTE intéresse les constructeurs en tant que vitrine technologique sauf que cette vitrine a un coût et que par les temps qui courent chaque euro compte. Il faut développer, préparer, aligner, faire rouler et vendre. Quand on sait qu’un engagement en FIA WEC (GTE-Pro) coûte 2,5 millions d’euros, cela donne matière à réfléchir...

Pourtant McLaren est sur les rangs, Mercedes y pense, Nissan se verrait bien revenir au Mans, Audi ne peut pas rester inactif et Lamborghini réfléchit. Sauf qu’entre le rêve et la réalité il y a un pas (de géant) et il faut décider les directions des différents groupes de plus en plus hostiles au sport automobile. Ferrari, Porsche, Lamborghini et McLaren ont une vocation purement sportive, ce qui doit arranger les discussions. Chez Mercedes, Audi et BMW, on préfère pour le moment gagner de l’argent en vendant des autos à des équipes via un programme compétition-clients. Pour Nissan c’est encore un peu plus compliqué car les Japonais ont été échaudés avec la GT-R GT1 où seulement cinq exemplaires ont été construits et aucun n’a été réellement vendu du fait de l’arrêt prématuré des GT1 au Mans. Pour le moment, la GT-R (GT3) n’a pas encore donné totale satisfaction si bien que Nissan doit réfléchir avant de s’engager, ou alors donner le bébé à une équipe pour gérer le projet tout en apportant un soutien financier.

Suite à l’annonce de ce groupe de travail FIA/ACO, le sang de Stéphane Ratel n’a fait qu’un tour avant de nous gratifier d’un communiqué de presse pour le moins explicite. Selon le géniteur des GT3, deux catégories GT peuvent exister, les marchés étant différents, d’où une incompréhension. Les GT3 ont le droit de rouler en European Le Mans Series et en Asian Le Mans Series pour grossir les plateaux, mais pas en FIA WEC et en ALMS. Pour le championnat américain, cela ne pose pas de problèmes compte tenu d’un plateau garni. En revanche, le FIA WEC et l’ELMS n’attirent pas (encore) les foules en GTE même si l’arrivée de Porsche AG va redonner un coup de boost à la catégorie. Si la qualité sera bien là avec Ferrari, Aston Martin et Porsche, la quantité ne devrait guère varier en 2013. Maintenant, reste à savoir si Porsche et Ferrari vont apprécier que BMW débarque une nouvelle fois avec une auto quelque peu...non conventionnelle. Michelotto a déjà menacé de ne pas donner une descendante à la F458 Italia selon l’avenir du GTE. Certes Ferrari a remporté le FIA WEC, mais on a moyennement apprécié la diminution de la capacité du réservoir à une époque où il est de bon ton de consommer le moins possible.

Finalement, la catégorie GTE est loin d’être enterrée mais tout le monde devra faire des concessions pour une cohabitation entre les autos. Et quelle GTE respecte à la lettre le cahier des charges ? Ce n’est un secret pour personne que l’Aston Martin a quelques dérogations, tout comme la Viper GTS-R et son gros moteur. Chez McLaren on nous a confié que développer une MP4-12C GTE était à l’ordre du jour, mais qu’il fallait prendre tous les facteurs économiques en compte. Chez Audi, on préfère jouer la carte « Customer » tout comme chez Mercedes et BMW. Selon nous, on se dirige vers un cahier des charges où les constructeurs pourront homologuer une seule auto, c’est-à-dire partir de la base de la GT3. Les GTE ne seront finalement « que » des GT3+. Un changement d’échappement, une aéro retravaillée, quelques chevaux en plus, et le tour est joué. Avec tout ça, on sera bien loin du prix de développement d’une auto « full GTE » comme peut l’être la Porsche 991 GT3-RSR. Si l’ACO et la FIA devaient privilégier cette option, on se retrouverait au Mans avec un plateau dantesque et toutes les plus grandes marques, si bien que le GTE serait certainement plus intéressant que le LMP1 actuel. Oui sauf que cela est valable jusqu’à 2014 où le défi technologique sera relancé et un règlement qui fera la part belle à l’innovation en prototype. On pourrait alors avoir des bagarres à tous les étages en LMP et GTE, avec de nombreuses voitures à portes en piste. Les GTE resteraient alors les vitrines technologiques et Stéphane Ratel garderait son bébé GT3 intact. De plus, la catégorie GT3 (GTC) permet à des équipes de mettre un pied dans une série Le Mans et de se préparer à passer en GTE pour aller dans la Sarthe. Quoi qu’on en dise, on s’achemine vers une catégorie GT3 sauveuse du GTE, directement ou indirectement.

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