ELMS : Et maintenant ? Stop ou encore ?
Donington a tiré une première sonnette d’alarme
Les 6 Heures de Donington n’ont pas fait le plein de concurrents, ce n’est une surprise pour personne. La série Le Mans européenne s’était déjà rendue à Donington Park en 2006 où pas moins de 41 autos étaient au départ. Les spectateurs déjà présents il y a six ans n’ont pas dû en croire leurs yeux avec un tel changement. A cette époque, on avait Courage Compétition, Creation, Team Modena, Luc Alphand Aventures, Convers Menx Team, PSI Exprience, GPC Sport, Binnie Motorsport, Virgo Motorsport, Barazi Epsilon, Chamberlain Synergy, Kruse Motorsport, Rollcentre, Paul Belmondo Racing, Pro Tran Competition, Spyker Squadron, Swiss Spirit, Racesport Peninsula, Team LNT et Lister Storm Racing. Autant de tems qui ont depuis disparu de la circulation car qui se souvient de la présence de Phil Bennett et Paul Cope sur une Pro Tran RS06/H dont on a peine à se souvenir à quoi ressemblait la bête.
Six ans plus tard, on donc cinq classes différentes et seulement 13 engagés. Pourtant cet article n’a pas vocation à remettre de l’huile sur le feu, mais plutôt à dresser les points positifs malgré un avenir clairement toujours incertain. On retrouve à l’arrivée le tiercé de tête groupé en seulement 32 secondes, c’est dire si la course a été disputée. Avec des « si », on referait le monde, mais si Mathias Beche n’avait écopé d’une pénalité de 30 secondes, si Simon Dolan n’était pas sorti en fin de course, si la Lola/Status GP n’avait pas connu son problème d’alternateur, si Nicolas Marroc et Soheil Ayari n’étaient pas sortis de la piste bien malgré eux, on aurait pu avoir une fin de course encore plus serrée. Au final, seule la Lola B12/80 du Status GP a abandonné sur un problème mécanique. En piste les pilotes n’ont pas chômé, comme nous l’a précisé Olivier Pla, vainqueur du jour : « La course a été disputée et il a fallu pousser de bout en bout. J’ai donné le maximum, notamment lors de mon premier relais. Malgré le peu de concurrents, le niveau est très relevé. »
Que dire des deux classes GTE avec seulement trois autos au départ. Course tranquille nous direz-vous ? Allez demander à Nicolas Armindo ce qu’il en pense... « C’est dommage qu’il n’y ait que deux voitures en « Am » » nous confie le pilote IMSA Performance Matmut. « Mais ce n’était pas gagné d’avance. Nous avons eu un brin de chance avec la neutralisation. La Ferrari nous a donné du fil à retordre et on a tout donné. Il a fallu pousser du début à la fin. » Même son de cloche chez Marco Cioci qui roulait sur la Ferrari F458 Italia/AF Corse : « Globalement je suis satisfait car nous récupérons des points au championnat. Je suis tout de même un peu frustré car sans le safety-car, nous pouvions l’emporter. C’est pour nous un bon retour, mais ce n’était pas suffisant pour gagner. Nous essaierons de nouveau à Brno ! » Quant à la Ferrari F458 Italia/JMW Motorsport de Simonsen/Cocker, les pilotes n’ont pas eu à se poser de questions puisqu’ils étaient seuls en GTE-Pro. Appelé en renfort à la dernière minute, Allan Simonsen revient sur un podium bien pauvre même s’ils sont montés en compagnie des GTE-Am : « C’est dommage qu’il n’y ait pas eu plus de voitures. Notre voiture était bonne, tout comme les pneus. Même s’il y avait eu plus d’autos, je ne pense pas que le podium aurait été très différent. » Johnny Cocker poursuit : « J’étais vraiment heureux de la pole. C’était un scénario un peu étrange pour nous, étant la seule GTE-Pro au départ. Mais tous les efforts fournis par le team ont été les mêmes que pour le Paul Ricard ou Le Mans. »
La donne était guère différente en LMPC avec pour seul concurrent le Boutsen Ginion Racing et l’équipage Hartshorne/Battut/Dagoneau. Sans concurrence, le trio a rallié l’arrivée... à la première place. On regrettera là aussi un plateau bien creux, alors que la carotte de fin de saison est bien alléchante. Pourtant, Jean-Charles Battut est comblé par son week-end : « On ne peut pas renier cette victoire. Il faut que ce championnat se poursuive car il a clairement sa place. L’organisation est vraiment bonne et le niveau du championnat est relevé. Pour moi, c’est un très bon entraînement avant de pouvoir rouler aux 24 Heures du Mans. J’ai bouclé le budget pour rouler en fin de saison à Portimao et je suis en passe de le boucler pour Brno. »
Et maintenant ? Stop ou encore ? On l’a déjà dit dans ces colonnes, il serait fort dommage que l’European Le Mans Series disparaisse avant la fin de saison. Même avec 13 autos, la course a été bien moins ennuyeuse que certaines autres où il y avait trois fois plus d’autos. Quantité ne rime pas systématiquement avec qualité. La série se veut d’être le joyau européen de l’Endurance. Maintenant il y a beaucoup de questions en suspens. Quel va être le futur de l’association Peter Auto / ACO pour l’organisation et la promotion du championnat ? Les 35 autos espérées seront-elles à Brno ? A quelle date sera publié le calendrier 2013 ? Quelles seront les garanties pour l’avenir ? Toutes les équipes n’ont pas le budget pour aller rouler en Championnat du Monde d’Endurance et l’Europe de quoi faire rouler un beau plateau LMP2 comme c’est déjà le cas.
L’American Le Mans Series existe toujours et la série américaine n’a pas hésité à prendre quelques distances vis-à-vis de l’ACO pour se sauver, avec entre notamment l’acceptation des GTC. Et si on réduisait le format des courses pour les mettre à trois heures sur des tracés faisant la part belle au pilotage. L’ALMS va bien rouler à Lime Rock Park et personne ne s’en plaint, et surtout pas les fans. Stéphane Ratel a bien compris qu’aller sur des grands circuits réputés n’avait plus aucun intérêt et on ne peut que lui donner raison. Bien entendu, une réduction du format réduirait les budgets car les équipages passeraient alors à deux pilotes, d’où un budget en moins. De toute façon, l’omelette ne se fera pas sans casser d’œufs. Pourquoi pas aussi exclure les GTE et laisser la place aux GT3 (sans les brider fortement comme c’est le cas actuellement). En revanche, il faudrait accepter de se voir privé de 24 Heures du Mans ou alors accepter les GT3 dans la Sarthe et en WEC. Pendant ce temps-là, on voit arriver des « CN » qui sont moins chères à faire rouler et que l’on pourrait bien voir de plus en plus dans des séries bien plus stables réglementairement. L’Amérique manque de protos et l’Europe de GT.
On ne parlera pas de spectateurs car en l’état actuel des choses il est impossible de faire revenir les gens en masse sur les circuits même pour un championnat badgé Le Mans. Quelques courses s’en sortent encore bien (Spa et Le Mans), mais pour le reste... Il n’y a guère que les World Series by Renault qui attirent le monde car les spectateurs en ont pour leur argent (sachant que l’entrée est gratuite) avec du sport auto, des disciplines différentes et surtout du show. Le week-end dernier, le Truck Grand Prix tenait meeting au Nürburgring où roulait également l’ADAC GT Masters. Résultat : 180 000 spectateurs.
Si l’European Le Mans Series est à la peine, il est un championnat qui pourrait bien renaître de ses cendres avec l’Asian Le Mans Series. On sait les Japonais friands de sport automobile et fans incontestés de tout ce qui porte le nom « Le Mans ». Il suffirait d’un rapprochement avec le SUPER GT pour que la série prenne encore plus d’ampleur. On a bien une équipe qui roule en Formula Nippon qui porte le nom de Team Le Mans et une en SUPER GT qui s’appelle Lexus Team Le Mans Eneos.
En attendant d’en savoir plus sur le futur de l’European Le Mans Series, le championnat doit se rendre à Brno début septembre puis à Portimao en novembre. Et quand on voit que le site officiel du circuit de Brno indique la présence de Corvette, Lamborghini, Ford GT et Nissan GT-R lors des 6 Heures de Brno, on se dit qu’il y a encore du travail pour tout remettre d’aplomb...
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