Dr Ullrich : A un moment, il faudra prendre une décision

L’histoire d’amour entre les 12 Heures de Sebring et Audi dure maintenant depuis 1999, la marque allemande n’ayant manqué qu’une édition depuis 1999. Avant une nouvelle saison en Championnat du Monde d’Endurance, Audi Sport Team Joest est venu se rôder sur le continent américain avec deux R18 e-tron quattro. Sans grande concurrence, cette 61ème édition de la classique floridienne ne devait pas échapper à la marque aux quatre anneaux mais rien n’est jamais acquis en Endurance. Avec Tréluyer/Fässler/Jarvis d’un côté et Kristensen/McNish/di Grassi de l’autre, Audi n’était pas en Floride pour prendre le soleil mais bien pour décrocher un 11ème succès. Mission accomplie avec la victoire de la #1 de Benoît Tréluyer, Marcel Fässler et Oliver Jarvis devant la voiture sœur. Le Dr Ullrich a de quoi être satisfait de ses troupes, restées sur place pour mener à bien une nouvelle séance d’essais.

Avec le lancement du nouveau championnat américain en 2014, sans oublier une nouvelle campagne en FIA WEC avec deux autos, les questions pour le Dr Wolfgang Ullrich sont multiples. L’homme qui préside aux destinés d’Audi Sport va avoir une nouvelle année chargée entre Endurance et DTM. 

Laurent Mercier : Dr Ullrich, Cette édition des 12 Heures de Sebring débute plutôt bien pour Audi...

Wolfgang Ullrich : « L’équipe a beaucoup travaillé durant l’hiver et c’est la meilleure des motivations pour la suite. Nous avons conscience que la course n’allait pas être facile car on ne sait jamais ce qui peut arriver. La phase finale s’est parfaitement déroulée. Je suis comblé par ce doublé où nos deux autos ont lutté l’une contre l’autre. »

Reverra-t-on Audi à Sebring en 2014 ?

« Si nous revenons ce ne sera pas avec une LMP1 du fait de la nouvelle réglementation. C’est difficile de connaître le futur et des discussions sont en cours. Nous verrons bien ce qui va arriver mais « never say never ». Sebring est un circuit qui a beaucoup de caractère. Les fans d’Audi sont nombreux. C’est une course qui demande beaucoup au matériel et aux hommes. Le tracé est bien pour le développement. Tout reste ouvert pour le futur. A un moment il faudra prendre une décision. Notre produit existant ne pourra plus rouler. »

On peut dire qu’entre Audi et Sebring c’est une vraie love story...

« Nous sommes venus ici pour la première fois en 1999 avec la toute première LMP de la marque et la R8R. Nous étions repartis avec un podium. L’année suivante, nous avons présenté la R8 à Miami sur South Beach avant d’amener le diesel sur le continent américain. Il y a eu aussi de la frustration, notamment en 2008 où nous avons été battus par Porsche et sa RS Spyder. Avec du recul, c’était plutôt bien pour le show. Cette année, nous faisons débuter la R18 e-tron quattro avec une puissance revue à la hausse, une caméra sur le toit et une aéro revue. Nous venons de faire triompher l’Hybride sur le territoire américain. Une nouvelle étape pour Audi. »

Cette présence américaine a changé l’image d’Audi aux Etats-Unis ?

« Il suffit de voir le nombre de fans d’Audi sur le circuit. Les activités d’Audi sont nombreuses aux Etats Unis. Le marché américain est important pour la marque. Chacun sait que Audi n’hésite pas à mettre sur la piste des technologies que l’on voit par la suite sur les voitures de tous les jours. »

Nissan vient en 2014 au Mans en tant que 56ème Garage avec une technologie « full » électrique. Audi a présenté une A3 g-tron au dernier Salon de Genève. Voir Audi en 2015 dans ce 56ème stand avec une auto au gaz est utopique ?

« Pour être franc je ne pense pas. Cela demanderait un gros développement et nous sommes déjà bien occupés pour 2014. Tout le monde chez Audi travaille beaucoup et Porsche en fait de même. »

On verra donc Porsche contre Audi en 2014 ?

« On ne va pas débuter quelque chose pour l’arrêter en cours de route. Il y a un programme pour 2014 et 2015. Ce ne sera pas la première fois qu’Audi se battra contre Porsche. »

Avant cela, il va falloir battre Toyota et garder le titre en FIA WEC. La saison s’annonce plus compliquée ?

« Toyota disputera sa deuxième année et ils auront deux autos contre une l’an passé. Nous serons à armes égales avec deux voitures de chaque côté. Forcément, cela va changer la donne. Nous en saurons plus le mois prochain à l’issue de la première course du championnat à Silverstone. »

Propos recueillis par Laurent Mercier