Wolff : Avec ces règles, il faut produire ’la F1 la moins merdique’ possible

Et le plafond budgétaire est un gros frein pour les corriger rapidement

Par Franck Drui

2 mai 2023 - 10:56
Wolff : Avec ces règles, il faut (…)

Toto Wolff affirme que l’ère actuelle des Formule 1 à effet de sol se révèle difficile à piloter, et que le travail des équipes est de produire "les F1 les moins merdiques" possible.

Red Bull a dominé ces nouvelles réglementations techniques qui ont réintroduit l’effet de sol et mis l’accent sur les performances générées par le fond plat. Ferrari était sur ses talons l’an dernier mais, depuis cette année, l’équipe autrichienne fait cavalier seul en tête du championnat.

Loin de demander un changement de règlement, car "Red Bull mérite totalement ses succès", Wolff explique en quoi ce règlement ne porte pas ses fruits.

"Je pense que pour notre F1, il s’agit plus du contrôle en termes de pilotage que de l’appui que l’on peut générer."

"Nous pourrions mettre beaucoup d’appuis sur la voiture mais la voiture serait trop basse et trop rigide. Red Bull, et vous pouvez le voir avec leurs caméras embarquées, a réussi à produire une voiture qui bouge peu sur les lignes droites ou sur les bosses, leur équilibre dans les virages semble facile. Regardez tous les autres et les F1 sont délicates. Globalement, ces F1 à effet de sol sont des voitures merdiques, c’est juste celui qui a la moins merdique qui est devant."

Bien que Wolff ne sache pas combien de temps il faudra pour que le peloton converge finalement vers des niveaux de performance plus proches, il affirme donc qu’il ne veut pas voir la réglementation modifiée pour essayer de reprendre l’avantage de Red Bull.

"Il y a toujours un risque quand on regarde ces cycles si une équipe est tellement en avance, je pense qu’à Bakou, ils avaient 20 secondes d’avance sur Leclerc après 40 tours de course, donc c’est une demi-seconde par tour. Mais au moins, nous avons vu cette fois qu’ils poussaient à fond."

"Une demi-seconde, c’est beaucoup. Soit nous devons faire un meilleur travail tous ensemble pour les rattraper, soit changer la réglementation, mais je ne pense pas que nous devrions faire le 2e choix. Nous devons gagner au mérite, et gagner au mérite signifie être plus intelligent. Avoir une pente de développement plus raide que Red Bull."

"Je pense que nous pouvons combler cet écart. Si nous trouvons la bonne plate-forme, il s’agit moins de trouver de l’appui que de donner aux pilotes une F1 qui, lorsqu’ils la placent dans un virage, savent que l’arrière ne va pas chercher à les dépasser. Ensuite, nous pourrons rattraper notre retard, mais comme nous l’avons fait l’année dernière, il vaut mieux ne pas modifier à nouveau le règlement car nous pourrions y perdre encore plus."

Convaincu que Mercedes, Aston Martin et Ferrari étaient toutes au même niveau de performance à Bakou, Wolff reconait également que le plafond des coûts – bien que meilleur pour la F1 dans l’ensemble – limite la rapidité avec laquelle le trio peut espérer rattraper son retard.

"Le plafond budgétaire donne tellement de contraintes. Nous sommes plus coincés qu’avant car quand vous étiez complètement libre, vous pouviez concevoir un châssis différent. Donc, ce que nous devons vraiment décider avec soin, c’est ce que nous voulons mettre à niveau. Nous avons une nouvelle suspension avant pour Imola, puis l’évoltuion aérodynamique qui l’accompagne et le nouveau plancher."

"Mais si nous étions libres, nous apporterions le double d’évolutions. Certes les autres le feraient aussi. C’est un jeu relatif et vous avez juste besoin d’être plus intelligent et de prendre les bonnes décisions, celles qui apportent la quantité optimale de performances."

Le plafond budgétaire a complètement changé l’état d’esprit des équipes.

"Par le passé, nous ne saurions même pas combien coûte une suspension avant. Et aujourd’hui, nous devons prendre le prix d’achat de l’aluminium, puis prendre en compte le coût réel de la voiture, le coût réel de l’usinage, comment recycler l’aluminium dont vous n’avez pas besoin, évaluer chaque boulon qui entre dans la suspension, le carbone que vous avez acheté à partir de la matière première, quel est le coût énergétique de la salle composite, les frais généraux qui entrent dans tout cela, et à la fin sort un produit avec un coût bien défini."

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