Williams F1 Team devient-elle le Latifi F1 Team ?
La Latifi-dépendance se confirme à Grove
Ces derniers jours, les inquiétudes autour de Williams, qui étaient déjà vives (comme nous le rapportions dans un précédent article), avaient encore gagné en intensité et en gravité.
En effet, l’équipe avait dû essuyer en peu de temps, la perte de plusieurs sponsors importants : après le pétrolier Orlen, parti avec Robert Kubica chez Alfa Romeo, la marque de déodorants Rexona du groupe Unilever (dont le sponsoring annuel se montait à 15 millions d’euros) avait aussi fui chez McLaren, évidemment déçue par les résultats obtenus à Grove. D’autres sponsors, un peu moins cruciaux, étaient également annoncés sur le départ : Symantec, Omnitude et Tata.
Ces sombres nouvelles ont été compensées dans les heures suivantes – et ce n’est évidemment pas un hasard, pour éviter l’effondrement du cours de Williams en bourse. Plusieurs sponsors ont annoncé en effet leur signature avec Williams : Sofina Foods, Lavazza et la Royal Bank of Canada.
Ces trois sponsors ont un point commun : ils sont en réalité liés à la carrière de Nicholas Latifi, le nouveau pilote de l’écurie. De surcroît, le père milliardaire de Nicholas, Michael Latifi, a dû injecter des millions supplémentaires pour assurer un baquet à son fils.
C’est donc ainsi toute l’équipe Williams qui devient, en quelque sorte, « Latifi-dépendante ». En effet, par le passé, même durant la période Stroll, les sponsors de l’équipe avaient le mérite de ne pas être liés à un seul homme. Désormais, la dépendance de l’équipe envers la famille Latifi devient éclatante… et pour ainsi dire inquiétante.
Car cette stratégie, tout aussi indispensable qu’elle soit pour assurer la survie de Williams, place Grove devant une situation périlleuse : il s’agit de choix stratégiques court-termistes, qui ne visent pas la rentabilité à moyen ou long terme, mais seulement la recherche effrénée, par toutes les voies possibles, de subsides supplémentaires. Que se passerait-il donc si la famille Latifi, effarée par les performances d’une Williams en berne, décidait demain d’aller voir ailleurs ? L’équipe Williams serait sans doute en danger de disparition. Cette hypothèse n’a rien d’ubuesque : c’est ainsi que la famille Stroll avait décidé d’aller placer ses millions ailleurs (chez Force India), après une saison 2018 catastrophique.
La comparaison entre Williams et Racing Point est d’ailleurs éclairante : Racing Point ne dépend pas autant de la famille Stroll que Williams dépend de la famille Latifi. Racing Point peut compter sur d’autres actionnaires importants aux côtés de Lawrence Stroll ; et surtout, tant Sergio Pérez (soutenu par Telmex) que les performances raisonnablement satisfaisantes de l’écurie, sont à même d’attirer des sponsors extérieurs, sans dépendance interne donc.
Cette Latifi-dépendance aura un autre effet néfaste pour Williams : le Canadien se sentira comme protégé, quelles que soient ses performances en piste. Les ingénieurs de Williams pourraient aussi avoir quelques réticences au moment de critiquer le pilotage ou les retours techniques de celui dont dépend la survie de l’équipe…
Avec ces investissements venus de Nicholas Latifi, Williams adopte enfin une voie qu’avait refusé de suivre McLaren en son temps. Car il faut se souvenir que Michael Latifi avait acheté, en 2018, 10 % des parts de McLaren. A l’époque cependant, McLaren avait vite tenu à assurer qu’il était « clairement signifié » dans l’accord que ces investissements importants n’auraient, en aucun cas, une influence sur un éventuel baquet McLaren pour Nicholas Latifi.
« Mon implication chez McLaren n’a jamais été reliée à la perspective d’offrir un poste à mon fils » rappelait alors le père de Nicholas Latifi. « Une très belle opportunité d’affaires s’est offerte et le futur est intéressant. Il est plus facile pour un jeune pilote de faire ses classes dans une plus petite écurie que dans une grosse où tu dois être performant tout de suite. »
Entre les lignes, Michael Latifi reconnaissait ainsi que Williams ne représentait pas une aussi belle « opportunité » pour faire des affaires ; telle est sans doute la différence entre un baquet payant et des investissements rentables…
En définitive, avec l’arrivée de ces sponsors liés à Nicholas Latifi, Claire Williams a sans doute sauvé l’avenir à court terme de son écurie ; mais plus les mois passent, plus sa gestion, qui place désormais Williams dans une situation de féodalité vis-à-vis de la famille Latifi, interroge, interloque et inquiète…
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