’Une sorte de malédiction’ : Steiner raconte la rupture avec Uralkali

Le directeur de Haas F1 revient sur un épisode compliqué

Par Emmanuel Touzot

11 avril 2023 - 17:08
'Une sorte de malédiction' (…)

Günther Steiner raconte dans son livre comment il a découvert la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Le directeur de Haas F1, qui sort son autobiographie ’Surviving to Drive’, décrit les événements qui ont mené à l’éviction de son sponsor titre, Uralkali, et de son pilote Nikita Mazepin.

"Quelle journée ! J’ai dû prendre des notes pour ne rien oublier" se remémore Steiner dans le livre. "Je me suis réveillé en apprenant que la Russie avait envahi l’Ukraine. Je suis évidemment désolé pour les personnes directement touchées par cette situation, mais je ne pouvais m’occuper que de mon propre bateau."

"Tous les regards du sport auto étaient tournés vers nous. Je n’ai même pas allumé mon téléphone avant d’arriver sur le circuit le matin. Quand j’ai fini par l’allumer, il y avait plus de 100 textos et environ 70 messages vocaux. La première personne que j’ai vue en arrivant était l’un de nos ingénieurs, qui m’a fait rire."

"Il m’a dit ’Günther. Il n’y a que Haas pour avoir un pilote russe et un sponsor russe au début d’une guerre russe qui fait que tous les autres pays du monde détestent la Russie !’ J’ai failli mouiller mon pantalon. Mais il a raison. Nous avons une sorte de malédiction sur nous, je pense."

Une "conversation très difficile" avec Mazepin

Après ce début de conflit, il était impossible pour Haas de conserver ses liens avec la famille Mazepin, d’autant que le père de Nikita, Dmitry, est un oligarque russe proche de Vladimir Poutine et de son régime.

"J’ai dû avoir une conversation très difficile avec Nikita Mazepin, notre pilote. Je savais que son père, Dmitry, qui est l’actionnaire majoritaire de notre principal sponsor, Uralkali, est proche de Vladimir Poutine et, en fin de compte, je ne voulais pas que notre équipe soit associée à quelqu’un qui déclenche une guerre féroce."

"Nikita a dit qu’il n’était pas intéressé par la politique et qu’il voulait juste conduire. Je lui ai dit que je comprenais et appréciait ce qu’il disait, mais c’était un peu plus important que cela. C’était vraiment difficile pour tout le monde."

"Je suis allé à mon bureau pour une réunion du conseil d’administration. Ils voulaient savoir ce que je pensais, en tant que directeur de l’équipe, alors je leur ai dit. J’ai dit ’laissez tomber la marque Uralkali’. Changez la livrée en blanc et dites au monde entier que c’est ce que nous avons fait’."

"Si nous avions gardé Uralkali comme sponsor et que nous l’avions fait figurer sur notre livrée, nous aurions été crucifiés par les médias, les fans et la FIA. Ce serait du suicide et j’ai déjà assez à faire !"

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