Technique F1 : L’évolution de la Mercedes W13 en 2022

Un concept radical qui a failli ne pas survivre

Par Emmanuel Touzot

16 août 2022 - 12:50
Technique F1 : L'évolution de (…)

Les équipes de F1 ont fait débuter cette année des nouvelles monoplaces, basées sur un règlement entièrement revu. Malgré le plafond budgétaire, qui limite les dépenses de chaque structure, les teams ont énormément travaillé sur leur voiture, afin d’apporter des évolutions plus ou moins importantes.

Nous abordons aujourd’hui les modifications apportées sur la Mercedes W13 entre le Grand Prix de Bahreïn et le Grand Prix de Hongrie, respectivement première et 13e manches de la saison 2022 de Formule 1.

L’évolution principale de la monoplace

Mercedes F1 a amené le plus grand changement sur sa monoplace 2022 avant même le début de saison, mais celui-ci a contribué à toutes les modifications qui ont suivi au fil des 13 premières courses de l’année 2022.

Lors des trois premiers jours d’essais hivernaux, à Barcelone, la W13 affichait des pontons plutôt classiques face aux autres nouvelles monoplaces. Ceux-ci étaient légèrement bombés, assez peu volumineux sur la partie arrière, et avaient une entrée d’air carrée à l’avant.

Mais entre les deux semaines d’essais préliminaires à cette saison, des rumeurs sont apparues, prêtant à Mercedes la volonté de supprimer les pontons sur sa voiture. Un bruit de paddock qui s’avéra presque vrai à Bahreïn, pour la deuxième semaine de tests.

L’entrée d’air a délaissé sa forme carrée et plutôt béante pour une apparence très fine, épousant les formes de la monocoque. Ces entrées d’air étaient d’ailleurs largement reculées, là où les autres équipes avaient tendance à les avancer autour du cockpit.

De face, on ne percevait presque plus les pontons, réduits à leur plus simple expression. Pour compenser la réduction de ces entrées d’air, des ouïes impressionnantes - vues aussi sur la Williams FW44 par la suite - ont fait leur apparition sur le flanc du capot moteur, devenu très vertical.

L’objectif était de conserver un flux d’air plus serré autour de la monoplace, ce qui était censé réduire la traînée aérodynamique. Nous verrons plus tard dans cet article que le but n’a pas été atteint.

Les changements moins importants

Outre les pontons, le plancher a été la pièce ayant subi les plus grands changements au fil de l’année, avec des formes plus complexes à mesure que Mercedes comprenait mieux les problématiques liées à ce nouveau concept.

En Espagne, la 13 a arboré une ailette sur la quille sous le cockpit, créant presque une double quille en T, à l’instar de l’Aston Martin AMR22. Lors du même Grand Prix, le plancher a connu une nouvelle modification, pour altérer le chemin de l’air, et donc l’appui, ce qui a permis de réduire le marsouinage.

En Grande-Bretagne, le plancher a de nouveau totalement changé, avec des bords différents pour modifier le flux d’air sur la partie inférieure de la monoplace. Ces modifications découlaient également d’un autre changement apporté le même week-end.

En effet, les suspensions des monoplaces de Lewis Hamilton et George Russell ont grandement changé pour la manche à domicile des deux pilotes. La suspension avant a ainsi augmenté de volume pour pouvoir abaisser le flux d’air vers le bas de la voiture.

Le même week-end, les dérives verticales devant le plancher et les pontons ont aussi été modifiées. En faisant cela, l’équipe de Brackley espérait améliorer l’appui généré sous la voiture, mais aussi améliorer le refroidissement grâce à une meilleure entrée d’air dans les pontons à faible volume.

Les ailerons ont également changé à plusieurs reprises au fil de la saison. A l’avant, c’est la jonction entre les plans horizontaux et les dérives verticales qui ont grandement évolué, tandis que l’aileron arrière s’est adapté à plusieurs reprises aux circuits visités par le calendrier.

Quel bilan pour ces évolutions ?

Sur le plan technique, les pontons affinés devaient donc permettre à Mercedes de réduire la traînée de sa monoplace, et d’augmenter la quantité d’air se dirigeant vers le diffuseur et le beam wing sur l’aileron arrière.

Mais il s’est avéré que la traînée a beaucoup augmenté avec cette voiture aux formes plus fines, provoquant un déficit net en vitesse de pointe. La taille plus importante du plancher, puisque la carrosserie était plus étroite, a provoqué davantage de flexibilité, et donc de marsouinage.

De là, Mercedes a remis en cause l’ensemble de la philosophie de sa W13, allant jusqu’à envisager l’abandon de la solution sans pontons si l’évolution de Barcelone n’apportait pas les améliorations escomptées.

En revanche, l’évolution de Barcelone a bien permis de réduire le marsouinage, si l’on met de côté l’accident que fut le Grand Prix d’Azerbaïdjan, où les Mercedes ont talonné et marsouiné comme nulle part ailleurs.

Au fil des nouvelles pièces et du concept affiné, la W13 a toutefois nettement gagné en performance, se rapprochant des deux équipes de tête au point de signer la pole position au Grand Prix de Hongrie. A défaut de viser les titres, puisque les progrès arrivent tard, les évolutions devraient permettre à Mercedes de jouer des victoires avant la fin de saison.

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