Steiner vide son sac : ’Je me fiche de Gene Haas’
La décennie de travail en commun s’est mal terminée
Günther Steiner avait déjà évoqué plus tôt cette année que son départ de Haas F1 avait été un peu trop tardif. L’Italien, qui a créé le projet et a dirigé l’équipe de ses débuts jusqu’à fin 2023, a confirmé qu’il n’aurait pas dû rester si longtemps, mais qu’il n’avait pas assez de recul pour partir.
"J’aurais dû partir plus tôt" a-t-il déclaré à Mirror Sport. "Je menais une lutte acharnée où je n’avais aucune chance de gagner. Nous avons commencé, nous n’avions rien. Nous avons travaillé pour être respectés en F1. Nous avons accompli beaucoup de choses."
"Mais après la fin du Covid, il n’y avait plus de dynamique. Nous tournions en rond. C’était un peu la même chose. Je veux réussir. Et qu’est-ce que le succès ? Monter sur le podium, essayer de gagner, au moins avoir une bonne chance de monter sur le podium."
"Mais si vous vous dites ’ce n’est pas possible avec la façon dont nous travaillons, le mieux que nous puissions espérer est d’obtenir une sixième place ou, dans une année fantastique, une cinquième place’... c’est ce que j’ai fait, on en a fait un t-shirt. Mais quand vous êtes dans les tranchées, vous ne vous en rendez plus compte. On continue à avancer. Mais quand on en sort, on se demande si on aurait dû partir avant. La réponse est oui."
"Quand vous êtes dans les tranchées, vous oubliez"
Steiner explique pourquoi il a eu du mal à réaliser que son départ était nécessaire : "Ce n’était pas possible. Lorsque vous êtes sur le terrain, vous essayez toujours de faire de votre mieux pour l’équipe. Mais j’ai fait du chemin, j’aurai 60 ans l’année prochaine, et je continuais à me battre pour la même chose."
"Vous travaillez jour et nuit, vous mettez toute votre énergie et vous faites de votre mieux, mais vous ne faites qu’échouer. Vous ne pouvez pas gagner parce que les limites sont là. Vous avez des limites, parce que si vous regardez les autres équipes, je veux dire qu’elles ont de meilleures installations, elles ont plus d’argent à dépenser pour le développement."
"Tout est là, et je ne pense pas être plus intelligent qu’eux, parce que ce sont des gens très intelligents. Si je suis aussi intelligent qu’eux, je suis déjà fier, déjà heureux. Je n’ai pas besoin de plus, et c’est ce qu’il faut comprendre. Il faut se regarder dans le miroir. Comment puis-je faire cela ? Je n’y arrive pas."
"Mais quand vous êtes sur dans les tranchées, vous oubliez tout cela, parce que vous continuez à travailler. Mais quand on en sort, on se dit qu’il aurait peut-être mieux valu partir, je ne sais pas, au milieu de l’année 2022, en se disant que ça ne marcherait pas et que je devais faire quelque chose de différent."
"Il n’y a eu aucun respect à mon égard"
Après son aventure chez Haas, Steiner a quand même lancé une procédure judiciaire contre l’équipe pour des manquements dans son salaire, et il s’agace du traitement qui lui a été réservé : "Je ne le regrette pas. Je pense que cela n’aurait pas été nécessaire, vous savez ? Cela aurait pu être fait complètement différemment."
"Il n’y a eu aucun respect à mon égard, pour être honnête. Je dois même me battre pour mon argent. Vous construisez quelque chose comme ça, et je pense que pour ce qui a été investi et ce qui en est ressorti, c’est un assez bon retour sur investissement."
"Mais suis-je contrarié ? Non. Il y a beaucoup de choses positives dans le monde. Je veux dire, pourquoi en perdrais-je le sommeil ? Je fais ce qu’il faut et j’essaie d’obtenir ce que j’estime m’être dû, et le reste, je m’en fiche un peu. Je me fiche de Gene Haas, comme je me fiche d’un milliard d’autres personnes que je ne connais pas."
"La dernière chose que je veux, c’est lui parler. Je n’ai pas besoin de lui. Je vais bien, je me sens plutôt heureux et je suis dans une bonne situation. Je sais que j’ai beaucoup d’amis, j’ai une bonne famille. Je ne parle pas à Gene Haas et je m’en fiche un peu."
Dans son dernier livre ’Sans Filtre’, à paraître en France aux éditions Talent Sport, il raconte également une histoire pour montrer à quel point Gene Haas voulait réduire les coûts au sein de l’équipe.
Il explique avoir dû ramener dans un vol en avion un plat de haricots qui avait été servi durant un week-end de course, et que lui et d’autres membres de l’équipe n’avaient pas voulu manger. Gene Haas avait alors ordonné de les ramener à l’usine pour qu’ils soient mangés par les employés.
"Quand j’ai raconté l’histoire à mon prête-plume, il m’a dit "tu déconnes, ce n’est pas possible ! Je lui ai répond que si, et que c’est ce que j’ai vécu pendant dix ans !" a conclu Steiner.
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