Steiner s’interroge : Red Bull devrait-elle posséder deux équipes en F1 ?
À l’heure où on se bouscule pour entrer en F1…
Ce week-end à Austin, Haas F1 apporte une évolution très importante, quasiment une version B, de sa monoplace, inspirée du concept de Red Bull.
Cette évolution était largement attendue, car Haas n’a fait que très peu évoluer sa F1 depuis le début de l’année.
Mais Günther Steiner a tenu à justifier la stratégie de son développement adoptée par son équipe en 2023 : « Nous pouvons apporter cette évolution cette année car nous n’en avons pas apporté depuis le début de l’année - parce que nous ne pouvions pas trouver de performance » a-t-il expliqué à Racefans.
« Les gens disaient ’vous n’apportez pas d’évolution’... même si vous dépensez de l’argent, la voiture ne va pas plus vite ! Alors pourquoi dépenser de l’argent ? C’est pourquoi nous avons modifié le concept. Au lieu d’attendre l’année prochaine, nous avons essayé de faire quelque chose cette année pour aller déjà dans la direction que nous voulons prendre l’année prochaine. »
Plus de sept années après son entrée en F1, Haas n’a donc pas encore réalisé de véritable percée vers l’avant de la grille : Günther Steiner n’est-il pas lassé de cette relative stagnation ? Ne voudrait-il pas finir par raccrocher ?
« C’est assez fatigant [la F1]. Mais en fin de compte, si vous choisissez de faire quelque chose, vous obtenez cette énergie supplémentaire pour le faire. »
« Il y a des jours où l’on se demande vraiment pourquoi on fait tout ça. Honnêtement, on y pense. Mais c’est un privilège de faire ce que l’on aime vraiment. »
Steiner avertit Andretti…
Toutefois Günther Steiner, au-delà de la piste, se concentre aujourd’hui surtout sur le dossier de l’arrivée d’Andretti en F1.
Haas a clairement fait part de son opposition, non seulement pour ne pas perdre son statut de seule équipe américaine, mais encore pour ne pas être privée d’un dixième environ de ses recettes actuelles venant de la FOM.
Steiner estime également qu’Andretti devrait davantage être conscient du défi à relever pour entrer en F1 - un défi qu’a encore du mal à relever Haas.
« Ce n’est pas facile, c’est le moins qu’on puisse dire.
« Le meilleur exemple est le projet USF1 - ils n’ont pas réussi à entrer en F1. D’autres sont arrivés en F1, mais ils ne sont pas restés longtemps parce qu’il faut aussi avoir la capacité de rester ici. Il ne s’agit pas seulement d’arriver en F1, arriver est presque aussi difficile que de rester ici. Ce n’est pas facile. »
« Ce que je voudrais dire, c’est que je ne pense pas que ce soit devenu plus facile (d’être compétitif en F1) que lorsque nous l’avons fait (en 2016). À mon avis, c’est même devenu beaucoup plus difficile. C’est juste que l’intensité du sport s’est considérablement accrue au cours des huit dernières années. Il ne faut pas le sous-estimer. »
Andretti a annoncé aussi son intention de disposer de plusieurs QG pour son équipe F1. C’est le cas aussi de Haas, basée à la fois en Caroline du Sud, au Royaume-Uni (à Banbury) et en Italie (à Maranello, à côté du siège de Ferrari).
Mais là encore, Steiner met en garde Andretti sur cette stratégie...
« On peut faire beaucoup de choses de nos jours en étant dans différents endroits. Nous sommes dans différents endroits - nous sommes en Italie, en Angleterre et aux Etats-Unis - mais notre base, notre équipe de course, est située en Angleterre pour cette raison. »
« Je ne sais pas vraiment comment Andretti répartirait les choses, car je n’ai pas vu leurs plans, évidemment. C’est du genre "on va faire un peu ici, un peu là", mais je ne sais pas. Vous pouvez faire certaines choses en Amérique - comme nous le faisons - mais nous avons décidé d’avoir notre équipe de course au Royaume-Uni. »
« Ce n’est pas si simple. La Formule 1 est devenue très difficile et elle le devient de plus en plus. »
In fine, Günther Steiner reste du même avis : Andretti devrait acheter une équipe existante, plutôt que d’en créer une nouvelle.
« Une grande entreprise comme Volkswagen a choisi d’acheter une équipe et lorsqu’elle n’a pas pu acheter une équipe avec l’une de ses autres marques, Porsche, elle a décidé d’en rester là. Il y a une prise de conscience de la difficulté de la situation. Et à l’avenir, cela pourrait également être une préoccupation. »
« Mais peut-être pas, car il y a 10 équipes solides et si quelqu’un est vraiment intéressé, il n’a qu’à attendre que quelque chose (une équipe) soit à vendre, comme tout le reste. À un moment donné, tout va et vient. Mais partir de zéro sera très difficile. »
Red Bull possède deux équipes, n’est-ce pas trop ?
On se bouscule en tout cas au portillon pour entrer en F1 aujourd’hui, puisqu’à part Andretti, d’autres projets avaient aussi candidaté (dont Hitech, Rodin, LKY Sunz).
Or une structure possède actuellement deux équipes : Red Bull avec Red Bull Racing et AlphaTauri.
N’est-ce pas trop ? Günther Steiner soulève en tout cas la question.
« Que ce soit juste ou non, il faut en discuter. »
« Il est évident qu’il y a beaucoup d’autres sports où cela n’est pas autorisé. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu de problème à ce sujet. »
« Parce que le sport devient de plus en plus populaire, qu’il gagne de plus en plus en valeur financière, alors de plus en plus de ces choses vont être soulevées parce que tout devient plus difficile. »
« Cela fait 18 ans maintenant (que Red Bull possède les deux équipes) et cela a bien fonctionné jusqu’à présent. Mais à un moment donné, des questions seront posées et il y aura des réponses pour expliquer pourquoi cela fonctionne ou pourquoi cela ne devrait pas fonctionner. Mais ce n’est pas la peine de réagir sur ce point parce que cela fonctionne depuis longtemps. »
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