Steiner : Haas n’est pas en F1 pour faire le nombre

"Nous essayons d’utiliser notre budget du mieux que nous le pouvons"

Par Franck Drui

3 janvier 2024 - 09:47

La pression est sur Haas F1 pour diverses raisons après cette saison 2023 ratée. Plusieurs voix commencent à s’élever contre la présence de l’équipe américaine et sa structure particulière.

Accusée de faire le nombre et profiter de son entrée en F1 pour devenir enfin rentable, certains observateurs ont même appelé Gene Haas à investir davantage dans son équipe pour la calquer sur les modèles des équipes indépendantes... ou alors à céder sa place à Andretti !

Pour Günther Steiner, le directeur de l’équipe, le débat n’a même pas lieu d’être. Haas F1 est dans ce sport pour y rester et compte bien redresser la barre... même si finir dernière au championnat constructeurs va creuser un trou dans le budget. Environ 20 millions de dollars à trouver pour revenir au plafond budgétaire.

"Nous ne sommes pas en F1 pour faire le nombre," répond Steiner. "Et nous essayons d’utiliser notre budget du mieux que nous le pouvons."

"Finir dernier ne nous aide pas mais nous allons devoir compenser la perte des revenus venant de la FOM."

"Et c’est déjà le cas avec de nouveaux partenaires qui arrivent. Comme Play’n Go, annoncé à Las Vegas, de gros partenaires qui vont aider à compenser les pertes. Mais nous devons trouver plus de financements, c’est vrai, si nous voulons progresser."

Cependant, Steiner défend également la position de l’équipe en affirmant que c’est bien beau d’investir de l’argent, mais il faut l’investir correctement.

"Je repense à l’époque où les gens disaient que l’argent faisait de vous la meilleure équipe, ce n’était pas le cas parce que certaines personnes dépensaient beaucoup d’argent et ne gagnaient rien, il fallait donc être prudent."

"Il ne faut pas qu’il s’agisse de dépenses, mais d’investissements. C’est le mot clé ici. Qu’investissez-vous pour aller mieux ? Vous obtenez pas un retour dès le lendemain, cela prend du temps. Beaucoup de gens parlent du manque d’investissement (chez Haas) mais c’est beaucoup de propagande, il s’agit de savoir si l’investissement fonctionnera."

"Nous avons été durement touchés par l’absence de progrès dans le développement de notre voiture," poursuit Steiner. "Nous avons déployé tous les efforts nécessaires, il n’y avait aucune limite aux efforts et nous avions le budget nécessaire pour réaliser les évolutions."

"Tout le monde pense que nous ne faisons pas d’améliorations parce que nous n’avons pas d’argent, mais nous n’avons trouvé aucune performance, c’est malheureux mais c’est ainsi."

"Et l’autre chose, c’est que nous avons réalisé qu’il était un peu tard pour tout changer. Nous aurions dû le comprendre plus tôt."

Alors comment l’équipe peut mieux faire fonctionner ses investissements ?

"Nous devons juste nous améliorer en soufflerie, sinon l’équipe n’est pas trop mauvaise. Elle pourrait toujours être meilleure, mais c’est juste que nous n’avons rien trouvé."

"Pour le moment, la meilleure solution pour nous est de conserver le même modèle économique, car si vous le modifiez, vous devez le faire lentement."

"La difficulté que nous avons est que si nous essayons de faire plus avec la même chose, cela ne se passera pas bien car vous reculez normalement avant d’avancer si vous changez complètement."

"À court terme, nous restons avec le même modèle économique. Il y a des avantages et des inconvénients à ce modèle. Par exemple, nous n’avons pas de soufflerie à 60 % et investir 50 millions de dollars pour construire une soufflerie en 2023 est une idée difficile à soutenir car les souffleries existent encore, mais pas pour toujours."

"Et Gene Haas a déjà une soufflerie, Windshear, mais celle-ci est à 100% et lui demander d’acheter une autre soufflerie pour nous serait une très grosse demande. La soufflerie Ferrari est bonne, nous avons une quantité connue et pourquoi changer cela ?"

"Il est plus important pour nous d’examiner les pièces que nous fabriquons, l’aéro. Le problème n’est pas le modèle économique. Nous devons exploiter le potentiel du modèle économique que nous avons actuellement, ce que nous ne faisons pas parce que nous sommes derniers du championnat."

"Pouvez-vous gagner un championnat du monde avec notre modèle économique ? Je ne pense pas, mais nous pouvons être cinquième. Nous l’avons déjà fait. Il faut donc revenir à ce type de résultats avant de faire évoluer tout le modèle."