‘Si tu signes, j’annule tout !’ Comment Frank Williams a précipité Alesi vers Ferrari
Un transfert qui s’est joué à peu
201 départs, 32 podiums, une victoire en F1 : Jean Alesi a marqué l’histoire de la F1 et s’est attiré la popularité des fans au-delà même de ses simples statistiques (déjà remarquables).
Jean Alesi fête cette année ses 60 ans – l’occasion de faire un retour sur sa carrière. En commençant par le début.
« L’Alesi junior » sillonna la France puis l’Europe avec une caravane derrière sa voiture - concourant en Renault 5 Turbo Series pour deux saisons, pour passer ensuite en Formule Renault. En 1987, ce fut la consécration, quand il domina la F3 française.
En 1988, la suite logique fut la Formule 3000… Mais avec l’équipe française Oreca, soutenue par une célèbre marque de cigarette, tout se passa fort mal (10e place seulement au classement).
La carrière d’Alesi en sport auto aurait donc pu s’arrêter tout net… s’il n’y avait eu Eddie Jordan, comme l’Avignonnais l’a raconté à la FOM.
« Fin 1988, mon sponsor m’a dit : "Nous sommes désolés, mais vous n’êtes peut-être pas le pilote que nous recherchons". Alors Eddie Jordan m’a engagé dans son équipe F3000 à l’époque. Il m’a dit : ’Tu m’intéresses, j’aimerais que tu conduises la voiture’, alors j’ai dit : ’D’accord, pas de problème.’ J’y suis allé et j’ai gagné le championnat F3000 ! »
Des débuts inoubliables avec Tyrrell
La saison 1989 fut donc la dernière en F3000 d’Alesi mais aussi sa première en F1 – quand il fut appelé pour faire l’intérim chez Tyrrell, pour une course au Paul Ricard.
« Au milieu de la saison 1989, Eddie m’a trouvé une place chez Tyrrell pour une course de F1 au Paul Ricard. J’ai remplacé Michele Alboreto et j’ai terminé quatrième. C’était le début de ma vie, car j’ai signé un contrat pour une course et j’en ai fait 201 ! »
Les débuts d’Alesi en F1 furent donc éminemment marquants. La suite le fut tout autant. En 1990 toujours avec Tyrrell, pour sa première saison complète, il démarra très fort à Phoenix. 4e en qualifications, il finit 2e en course après une bataille mémorable contre la McLaren F1 de de Senna... Cette course changea surement sa carrière.
Mais modeste, Alesi rappelle que les caractéristiques de la Tyrrell avaient favorisé une telle performance de sa part ce jour-là.
« Les caractéristiques de ma voiture, avec les pneus Pirelli, étaient assez bonnes sur des niveaux d’adhérence faibles. Phoenix avait très peu d’adhérence, mais avec Pirelli, nous avions une bonne adhérence, et nous avions aussi des pneus de qualification à ce moment-là. Je me suis qualifié en quatrième position, mais au premier virage, j’étais 1er ! Ensuite, j’ai poussé comme un diable pour conserver ma position autant que possible. »
Williams ou Ferrari ? Le choix cornélien d’Alesi
En 1991, après un autre podium à Monaco, Alesi était donc un homme courtisé dans le paddock.
Il semblait se diriger vers Williams F1, mais l’équipe de Grove tarda trop. Alors Alesi, né de parents siciliens à Avignon, se tourna vers ses origines : l’Italie.
Et pourtant, Alesi avait déjà signé un pré-contrat avec Williams F1 : la situation le plongea dans l’embarras. Il raconte.
« C’est une situation qui a embarrassé tout le monde à la fin. Ma famille est sicilienne et, quand tout cela s’est produit, tout le monde a pensé que j’avais un contrat avec Williams et que, quand Ferrari est arrivé après, j’avais dit à Williams : "Ciao, je vais chez Ferrari, parce que j’ai du sang italien". Ce n’était pas la vérité. »
« La vérité, c’est que j’ai signé un contrat au cours de l’hiver 1989-1990 avec Williams, pour trois ans - 1991, 1992, 1993. Mais dans le contrat, il y avait une clause selon laquelle l’annonce devait avoir lieu en juillet, lors du Grand Prix de France. Si l’annonce n’était pas faite avant le Grand Prix de France, Williams avait une option jusqu’en septembre. »
« Mon avocat m’a dit : "Nous ne pouvons pas garder cette clause". J’ai demandé pourquoi et ils m’ont répondu : "S’ils ne le font pas, tu ne peux pas changer d’équipe jusqu’en septembre". Je suis allé voir Frank Williams et je lui ai dit : "Désolé, nous devons l’enlever", et il m’a répondu : "Je ne peux pas le faire parce que le contrat du pilote est conclu par Renault, et ils ne savent pas que j’ai conclu cet accord avec vous. Donnez-moi du temps, je vous expliquerai pourquoi j’ai signé avec vous. " »
« J’avais 24 ans et je n’avais pas de manager. C’était difficile parce que Frank était un type emblématique, vous savez ? Nous avons signé, mais l’annonce n’a pas été faite lors du Grand Prix de France, et le Grand Prix suivant était celui de Silverstone. Entre-temps, Ferrari m’a demandé de signer avec eux. »
« Le jeudi soir précédant le Grand Prix, j’ai rencontré le président de Ferrari, qui m’a demandé : ‘’Quelle est votre situation ?’’ J’ai répondu : "Ecoutez, ma situation est très claire, j’ai une option avec Williams, mais si elle ne se présente pas, je peux bouger’’. Il m’a répondu : "D’accord, je vais tout écrire, mais nous ne voulons pas attendre jusqu’en septembre, vous devez prendre une décision". »
« Le président de Ferrari a tout écrit et le vendredi il m’a donné le papier, alors je suis allé voir Frank Williams et je lui ai dit : "Frank, je vais détruire le papier de Ferrari... Si tu fais juste l’annonce, c’est fini". Frank a refusé. »
C’est donc l’entêtement de Frank Williams qui conduisit Alesi à piloter pour Ferrari...
Qui sait ce qu’il serait advenu si Alesi avait rejoint Williams F1 (une équipe qui domina les championnats et l’écrasa même en 1992 !)
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